- AstraZeneca Gears Up to Vaccinate the World Against Covid-19
Covid: la recette d'AstraZeneca pour vacciner le monde entier
Joseph Walker et Jenny Strasburg,
The Wall Street Journal
NEW YORK/LONDRES (Agefi-Dow Jones)--De tous les favoris dans la
course pour distribuer des vaccins contre le Covid-19, AstraZeneca
est celui qui possède le moins d'expérience en la matière. Mais
cela n'a pas empêché le groupe pharmaceutique britannique d'être
celui à promettre le plus grand nombre de doses à la planète
entière - plus de trois milliards.
Pour y parvenir, Astrazeneca a mis en place un réseau sans
précédent de partenaires dans le monde entier pour sa fabrication
et sa distribution. L'entreprise a complété ce dispositif en
signant une série d'accords avec des gouvernements qui cherchaient
à verrouiller l'approvisionnement en vaccins pour leurs pays.
Le laboratoire britannique a annoncé cette semaine que les
résultats de ses essais cliniques, qui sont en phase finale au
Royaume-Uni et au Brésil, montraient que son vaccin était efficace
à 90% pour prévenir l'infection au Covid. Selon le schéma
posologique utilisé, l'efficacité du vaccin varie entre 62% et 90%
-- le chiffre le plus élevé ayant été atteint sur un sous-ensemble
restreint de participants à l'essai.
Pourtant, même avec une efficacité moyenne de 70%, les chercheurs
voient ces résultats comme un signe prometteur. Selon eux, ce
vaccin, inoculé en deux doses, peut contribuer à endiguer la
pandémie. Les dirigeants d'AstraZeneca affirment avoir prévu
d'approvisionner toutes les régions du monde d'ici à 2022, et cela
sans tirer de bénéfices du vaccin au cours de la pandémie. En
collaboration avec l'université d'Oxford, la société a fixé son
prix entre 3 et 5 dollars la dose.
Un tarif bien moindre que celui des deux vaccins les plus avancés -
conçu par l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech pour l'un et
par Moderna pour l'autre - qui ont affiché une efficacité de plus
de 90% lors de leurs essais en phase finale. Les accords
d'approvisionnement initiaux pour ces deux vaccins ont été conclus
avec des pays riches.
Probable fournisseur principal des pays en voie de
développement
Les dirigeants d'AstraZeneca ont déclaré lundi être prêts à
distribuer, sous réserve du feu vert des régulateurs, des centaines
de millions de doses au cours du premier trimestre 2021, en
augmentant leur production chaque mois afin de répondre à la
demande. Selon les analystes, cela positionne le fabricant de
médicaments comme le probable fournisseur principal des pays en
voie de développement, où les services de santé sont rares, pour
vacciner les populations pauvres et difficiles à atteindre.
Oxford, utilisant sa propre petite usine de fabrication, a produit
suffisamment de doses de vaccins pour permettre les premiers essais
cliniques. Cette démarche a toutefois dû être modifiée pour
produire à l'échelle mondiale avec une vingtaine de sous-traitants
et de partenaires, situés du Brésil au Japon en passant par
l'Australie.
En juin, le Serum Institute of India, le plus grand fabricant de
vaccins au monde en termes de volumes, a accepté de fournir un
milliard de doses aux pays à faible et moyen revenu. Le géant
indien du médicament - une entreprise familiale dont le siège est
situé à quelques heures de Mumbai - s'était par le passé associé à
Oxford pour un médicament contre la malaria. Il a déjà produit 40
millions de doses du vaccin Oxford-AstraZeneca, a annoncé lundi le
PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot.
AstraZeneca a également conclu un accord avec la fondation
mexicaine Carlos Slim pour fournir le vaccin en Amérique latine, en
commençant par distribuer 150 millions de doses au cours du premier
semestre 2021. Ce contrat s'ajoute à un autre, passé entre
AstraZeneca et le gouvernement brésilien.
Le groupe pharmaceutique a également trouvé des accords pour
s'associer ou vendre son vaccin à d'autres pays, riches et pauvres,
dont le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Russie, la Corée du Sud et
la Chine. Le docteur Soriot a déclaré que le partenaire russe
d'AstraZeneca dans la production avait la capacité de fabriquer un
milliard de doses. Cette production pourrait être prolongée sur
l'année 2022. Elle viendrait s'ajouter aux trois milliards de doses
déjà annoncées pour l'année prochaine.
Un vaccin bon marché, pierre angulaire de l'accord avec Oxford
L'engagement, de grande ampleur, pris par AstraZeneca pour proposer
un vaccin bon marché et pour le distribuer dans le monde entier a
été la pierre angulaire de son accord, conclu en avril, avec Oxford
: les scientifiques de l'université avaient insisté pour fournir le
monde entier à bas prix.
AstraZeneca entreprend aujourd'hui de développer et de déployer
rapidement son vaccin contre la pandémie après s'être réinventé ces
dernières années en devenant un géant des médicaments contre le
cancer. Auparavant, le laboratoire britannique avait essuyé des
années de baisse de son chiffre d'affaires, car les produits phares
de son portefeuille avaient été touchés par la concurrence des
génériques avec l'expiration de brevets.
Si le vaccin a permis d'exposer davantage AstraZeneca auprès des
dirigeants et des organisations de santé du monde entier, son
développement comportait également des risques importants. Une
longue interruption de ses essais cliniques aux Etats-Unis avait
déclenché retard et scepticisme à un moment où les vaccins de ses
concurrents progressaient. Les données d'efficacité mitigées
annoncées lundi ont fait émerger le point de vue suivant chez
certains investisseurs et scientifiques : le vaccin d'AstraZeneca
pourrait être moins efficace, mais néanmoins constituer une arme
cruciale de dimension mondiale dans la lutte contre la
pandémie.
Au printemps, alors que l'équipe médicale d'AstraZeneca recrutait
des dizaines de milliers de volontaires pour mener ses études
cliniques dans le monde entier, son activité production
s'empressait de sécuriser l'approvisionnement en matériels devenus
rares du fait de la pandémie. "Comment obtenir des millions de
fioles dans l'urgence ? Comment obtenir des résines pour votre
production ?" Telles étaient en substance les questions qui se
posaient, comme l'a récemment confié dans une interview Pam Cheng,
la responsable des opérations mondiales et des technologies de
l'information chez AstraZeneca.
Une tâche habituelle mais des délais exceptionnels
Au début mai, AztraZeneca a signé un contrat avec Jacobs
Engineering Group pour moderniser une ligne de production de
médicaments - jusqu'alors mise en sommeil - dans une de ses usines,
située au nord de Cincinnati, dans l'Ohio. Pour réaliser un vaccin,
il fallait introduire un virus actif dans l'usine, ce qui
nécessitait la mise en place d'un nouveau système d'aération. Cela
constitue un travail habituel pour les grandes entreprises
pharmaceutiques, explique Lindsay Gerding, la directrice des
opérations de Jacobs qui a géré le projet. En revanche, les délais
n'avaient, eux, "rien de normaux". Cette mission, qui d'ordinaire
aurait pris autour d'un an, a été terminée en douze semaines,
précise-t-elle.
AstraZeneca a transféré des scientifiques et des ingénieurs chez
ses partenaires pour résoudre les problèmes liés à la production,
comme, par exemple, chez Emergent BioSolutions, basé à
Gaithersburg, dans le Maryland. En mai, les Etats-Unis avaient
accepté d'acheter 300 millions de doses - un contrat désormais
évalué à 1,6 milliard de dollars - ce qui représente une énorme
commande. AstraZeneca a alors fait appel à Emergent et à un de ses
concurrents pour fabriquer des quantités massives de vaccin.
Emergent, qui produit également le vaccin contre la Covid-19 que
Johnson & Johnson est en train de développer, produit en masse
des séries de vaccins qui sont congelées et ensuite stockées dans
de grandes poches ou dans des containers isothermes. Par la suite,
ces lots seront décongelés et les doses mises en fioles dans
l'usine d'AstraZeneca de l'Ohio et dans une autre installation
similaire de "remplissage et de finition" située à Albuquerque
(Nouveau-Mexique), qui est, elle, gérée par Albany Molecular
Research. Pendant des semaines, Emergent a reçu des équipements
destinés à la production et des substances pour le vaccin qui lui
étaient livrés par semi-remorques à raison de plusieurs fois par
jour.
Les vaccins sont cultivés dans de grands bioréacteurs qui peuvent
produire des milliers de litres d'un liquide, qui est ensuite
filtré pour en retirer débris cellulaires et autres déchets. Reste
alors le produit fini. AstraZeneca et les scientifiques et
ingénieurs d'Emergent ont résolu des défis techniques en créant un
processus fiable et standardisé pour maximiser le rendement des
vaccins, explique Pam Cheng. "Chaque jour, nous devons relever des
challenges à cette échelle, avec ce genre de complexité", indique
la responsable.
En juillet, Pam Cheng, qui refuse de prendre l'avion, a conduit 19
heures pour faire l'aller-retour depuis son domicile situé près de
Washington, D.C. Le général de l'armée américaine, Gustave F.
Perna, et l'ancien dirigeant de GlaxoSmithKline, Moncef Slaoui,
étaient venus pour visiter le site. Il s'agit des responsables
supervisant l'Opération Warp Speed, un partenariat public-privé de
10 milliards de dollars initié par le gouvernement américain pour
accélérer le développement de vaccins et de médicaments contre le
Covid-19.
"Nous étions tous anxieux de savoir si nous allions réussir à
relever le défi en si peu de temps ", se souvient Pam Cheng.
De retour au siège britannique de l'entreprise à Cambridge, le
docteur Soriot a passé des coups de téléphone pour obtenir du
matériel que ses responsables des achats avaient du mal à se
procurer. Sa cible : des filtres qui transforment la "substance
médicamenteuse" non purifiée en doses prêtes à l'emploi. Les
fournisseurs avaient leurs propres contraintes, explique le docteur
Soriot.
Cela n'a pas été la seule opération séduction qu'a dû entreprendre
le dirigeant. Le vaccin Oxford-AstraZeneca contre le Covid-19 est
celui qui a été le plus largement précommandé par les gouvernements
de la planète puisqu'il représente 42% des doses concernées, selon
les recherches de la Berenberg Bank. Mais précommandé ne signifie
pas toujours prépayé. AstraZeneca n'était pas toujours en mesure de
payer les avances qui sont, en général, versées à un fabricant pour
lui réserver des capacités de production. Le laboratoire
britannique avait besoin que les gouvernements et d'autres
bailleurs de fonds partagent les risques, explique le docteur
Soriot.
-Joseph Walker et Jenny Strasburg, The Wall Street Journal. ed:
ECH
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November 26, 2020 05:20 ET (10:20 GMT)
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