François Berthon,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs ont fraîchement accueilli l'annonce par Ipsen lundi de l'acquisition de la société de biotechnologies canadienne Clementia Pharmaceuticals pour plus d'un milliard de dollars. Car à court terme, cette transaction pèsera sur les marges du groupe français, même si c'est de manière limitée. Après avoir cédé plus de 7% en deux séances, le titre a rattrapé l'essentiel du terrain perdu. A 120,6 euros vendredi matin, l'action est revenue non loin de son niveau d'avant l'annonce de l'opération.



Afin de racheter sa cible spécialisée dans les maladies rares, le laboratoire français déboursera 1,04 milliard de dollars (915 millions d'euros) à la clôture de la transaction prévue à la fin du deuxième trimestre 2019. La note finale pourrait atteindre 1,31 milliard de dollars en ajoutant les paiements différés prévus en cas de succès des futures étapes clés réglementaires sur le palovarotène, le produit phare de Clementia. "Nous aurions pu nous attendre à ce qu'Ipsen utilise son cash disponible en plusieurs fois et investisse dans deux ou trois transactions ciblées afin d'équilibrer les risques", commente Bryan Garnier, indiquant toutefois que Clementia est "l'acquisition que nous attendions de la part d'Ipsen".



"Le prix peut paraître élevé puisque ce deal n'apportera pas de chiffre d'affaires avant le second semestre 2020, date à laquelle le palovarotène devrait recevoir son autorisation de mise sur le marché", remarque Oddo BHF. Le dépôt de dossier auprès de la Food & Drug Administration (FED), l'autorité sanitaire américaine, est prévu au second semestre 2019 dans une première indication : la fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP). Le palovarotène est en phase avancée de développement pour les patients atteints de maladies osseuses extrêmement rares et invalidantes. Outre la FOP, le produit vise à traiter les ostéochondromes multiples (OM), ces deux maladies ne disposant aujourd'hui d'aucune option thérapeutique.



Financer les essais cliniques et le lancement commercial



En attendant la mise sur le marché du produit, Ipsen devra financer les coûts des essais cliniques en cours sur le palovarotène, ainsi que les frais de son futur lancement commercial. C'est pourquoi le laboratoire a abaissé sa prévision de marge opérationnelle autour de 30% des ventes en 2019, au lieu d'un taux de 31% des ventes précédemment prévu. Le groupe anticipe aussi "un effet de dilution" sur son résultat net consolidé.



Les analystes ont fait leurs calculs. Midcap Partners estime "à 27 millions d'euros l'impact pour 2019 constitué pour l'essentiel des frais de R&D liés au développement clinique". Le courtier anticipe un impact "légèrement supérieur" pour 2020. "Nous estimons entre -5% et -6% la dilution sur le bénéfice par action en 2019 et 2020", prévoit de son côté Jefferies.



Mais l'effet devrait ensuite s'inverser. "Nous pensons qu'à compter de 2021, nous commencerons à tirer parti de l'acquisition de Clementia [...] avec une contribution significative sur les ventes et une marge élevée qui devrait améliorer notre profitabilité", a souligné le directeur général d'Ipsen, David Meeke, lors d'une conférence téléphonique. L'effet dit "relutif" sur le bénéfice par action, attendu dès 2021, "deviendra important en 2023", prévoit même Bryan Garnier.



Le palovarotène pourrait atteindre le milliard de dollars de ventes



Ces attentes positives reposent sur l'important potentiel du palovarotène. Pour ce produit qui bénéficie d'une procédure accélérée ("fast track") et du statut d'avancée thérapeutique majeure de la part de la FDA aux Etats-Unis, Ipsen attend une progression rapide des ventes dans l'indication FOP avec un pic estimé à environ 400 millions de dollars. "Sur l'ensemble de ses indications, le produit pourrait atteindre entre 500 millions de dollars et 1 milliard de dollars de ventes selon les différentes estimations", note Portzamparc.



Alors que les maladies rares représentent actuellement à peine plus de 3% des revenus du groupe, Ipsen met ainsi la main sur un actif "lui permettant d'avoir une vraie franchise dans les maladies rares et de doper sa croissance après 2020/2021", souligne le courtier.



Depuis plusieurs années, la croissance d'Ipsen est particulièrement tirée par la Somatuline, fer de lance de la division Oncologie du laboratoire qui s'est enrichie des anti-cancéreux Cabometyx et Onyvide en 2016 et 2017.



Avec le palovarotène de Clementia Pharmaceuticals, Ipsen rééquilibre et renforce son portefeuille, répondant du même coup aux interrogations qui entourent l'expiration à la fin 2021 du brevet de la Somatuline dans les tumeurs neuroendocrines aux Etats-Unis. Un argument convaincant pour les investisseurs qui ne sont pas focalisés sur les prévisions de bénéfices à court terme.



-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH - VLV



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March 01, 2019 05:05 ET (10:05 GMT)




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