Avec Clementia, Ipsen signe une acquisition onéreuse mais prometteuse - DJ Plus
01 Mars 2019 - 11:25AM
Dow Jones News
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs ont fraîchement
accueilli l'annonce par Ipsen lundi de l'acquisition de la société
de biotechnologies canadienne Clementia Pharmaceuticals pour plus
d'un milliard de dollars. Car à court terme, cette transaction
pèsera sur les marges du groupe français, même si c'est de manière
limitée. Après avoir cédé plus de 7% en deux séances, le titre a
rattrapé l'essentiel du terrain perdu. A 120,6 euros vendredi
matin, l'action est revenue non loin de son niveau d'avant
l'annonce de l'opération.
Afin de racheter sa cible spécialisée dans les maladies rares, le
laboratoire français déboursera 1,04 milliard de dollars (915
millions d'euros) à la clôture de la transaction prévue à la fin du
deuxième trimestre 2019. La note finale pourrait atteindre 1,31
milliard de dollars en ajoutant les paiements différés prévus en
cas de succès des futures étapes clés réglementaires sur le
palovarotène, le produit phare de Clementia. "Nous aurions pu nous
attendre à ce qu'Ipsen utilise son cash disponible en plusieurs
fois et investisse dans deux ou trois transactions ciblées afin
d'équilibrer les risques", commente Bryan Garnier, indiquant
toutefois que Clementia est "l'acquisition que nous attendions de
la part d'Ipsen".
"Le prix peut paraître élevé puisque ce deal n'apportera pas de
chiffre d'affaires avant le second semestre 2020, date à laquelle
le palovarotène devrait recevoir son autorisation de mise sur le
marché", remarque Oddo BHF. Le dépôt de dossier auprès de la Food
& Drug Administration (FED), l'autorité sanitaire américaine,
est prévu au second semestre 2019 dans une première indication : la
fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP). Le palovarotène est en
phase avancée de développement pour les patients atteints de
maladies osseuses extrêmement rares et invalidantes. Outre la FOP,
le produit vise à traiter les ostéochondromes multiples (OM), ces
deux maladies ne disposant aujourd'hui d'aucune option
thérapeutique.
Financer les essais cliniques et le lancement commercial
En attendant la mise sur le marché du produit, Ipsen devra financer
les coûts des essais cliniques en cours sur le palovarotène, ainsi
que les frais de son futur lancement commercial. C'est pourquoi le
laboratoire a abaissé sa prévision de marge opérationnelle autour
de 30% des ventes en 2019, au lieu d'un taux de 31% des ventes
précédemment prévu. Le groupe anticipe aussi "un effet de dilution"
sur son résultat net consolidé.
Les analystes ont fait leurs calculs. Midcap Partners estime "à 27
millions d'euros l'impact pour 2019 constitué pour l'essentiel des
frais de R&D liés au développement clinique". Le courtier
anticipe un impact "légèrement supérieur" pour 2020. "Nous estimons
entre -5% et -6% la dilution sur le bénéfice par action en 2019 et
2020", prévoit de son côté Jefferies.
Mais l'effet devrait ensuite s'inverser. "Nous pensons qu'à compter
de 2021, nous commencerons à tirer parti de l'acquisition de
Clementia [...] avec une contribution significative sur les ventes
et une marge élevée qui devrait améliorer notre profitabilité", a
souligné le directeur général d'Ipsen, David Meeke, lors d'une
conférence téléphonique. L'effet dit "relutif" sur le bénéfice par
action, attendu dès 2021, "deviendra important en 2023", prévoit
même Bryan Garnier.
Le palovarotène pourrait atteindre le milliard de dollars de
ventes
Ces attentes positives reposent sur l'important potentiel du
palovarotène. Pour ce produit qui bénéficie d'une procédure
accélérée ("fast track") et du statut d'avancée thérapeutique
majeure de la part de la FDA aux Etats-Unis, Ipsen attend une
progression rapide des ventes dans l'indication FOP avec un pic
estimé à environ 400 millions de dollars. "Sur l'ensemble de ses
indications, le produit pourrait atteindre entre 500 millions de
dollars et 1 milliard de dollars de ventes selon les différentes
estimations", note Portzamparc.
Alors que les maladies rares représentent actuellement à peine plus
de 3% des revenus du groupe, Ipsen met ainsi la main sur un actif
"lui permettant d'avoir une vraie franchise dans les maladies rares
et de doper sa croissance après 2020/2021", souligne le
courtier.
Depuis plusieurs années, la croissance d'Ipsen est particulièrement
tirée par la Somatuline, fer de lance de la division Oncologie du
laboratoire qui s'est enrichie des anti-cancéreux Cabometyx et
Onyvide en 2016 et 2017.
Avec le palovarotène de Clementia Pharmaceuticals, Ipsen
rééquilibre et renforce son portefeuille, répondant du même coup
aux interrogations qui entourent l'expiration à la fin 2021 du
brevet de la Somatuline dans les tumeurs neuroendocrines aux
Etats-Unis. Un argument convaincant pour les investisseurs qui ne
sont pas focalisés sur les prévisions de bénéfices à court
terme.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH - VLV
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