(Correction: Merci de noter que Gemalto a accepté l'offre de rachat de Thales à la fin 2017 et que l'opération, qui attend de nouvelles autorisations réglementaires, doit encore être finalisée).



Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ingenico a terminé 2018 sur une nouvelle déception. Mardi après Bourse, le spécialiste des terminaux et des solutions de paiement a abaissé pour la troisième fois depuis juillet son objectif d'excédent brut d'exploitation (EBITDA) pour 2018, à 485 millions d'euros, contre 510 millions auparavant.



Sans surprise, le marché a sanctionné ce nouveau pas de travers, Ingenico ayant plongé de 13,6% mercredi à la Bourse de Paris. Le groupe a imputé ce nouveau dérapage à une contre-performance de la division Banques et Acquéreurs, qui loge l'activité historique des terminaux de paiement. Ce segment a notamment pâti de reports d'appels d'offres, d'effets de change négatifs et d'un "mix" géographique défavorable.



L'histoire d'Ingenico rappelle à de nombreux égards celle du fabricant de cartes à puce Gemalto: une activité historique en décroissance, des avertissements sur résultats à répétition, et des opérations de fusion-acquisition qui ne compensent pas le déclin du périmètre traditionnel. Or, Gemalto avait fini par accepter une offre de rachat de Thales à la fin 2017, avec une prime qu'Oddo BHF avait jugée à l'époque "relativement faible".



Pour éviter qu'un tel scénario se produise, Ingenico, qui a fait le choix de rester indépendant en décembre dernier en ne s'alliant pas à Natixis, devra restaurer sa crédibilité et remettre d'aplomb son activité historique. Un pari titanesque pour le nouveau directeur général Nicolas Huss, arrivé à la tête du groupe en novembre après l'éviction de Philippe Lazare.



Un plan d'économies en février



Lors d'une conférence dédiée aux analystes, Nicolas Huss s'est dit confiant dans sa capacité à remettre sur le chemin de la croissance l'activité Banque & Acquéreurs. Mais il n'a donné aucun horizon.



Citigroup considère néanmoins que le groupe devrait communiquer lors la publication de ses résultats annuels, le 12 février, un objectif de croissance faible ou même nul pour le segment Banques et Acquéreurs, en se concentrant davantage sur les réductions de coûts. Ingenico compte redresser cette activité via un plan d'économies qui doit être également annoncé le 12 février.



Ces annonces devront se montrer convaincantes. Barclays juge que la faible performance du quatrième trimestre dans l'activité Banques et Acquéreurs "soulève des questions sur les perspectives de ce segment et les capacités du groupe à faire des prévisions" sur cette division. "Nous pensons que la direction est confrontée à des décisions difficiles sur le devenir de l'activité de paiement et sur les moyens de générer davantage de croissance sur l'activité services de paiement", abonde Citigroup. "Le tumulte de la dernière année -- et même des deux dernières années - laisse penser que ces problèmes ne seront pas faciles à résoudre", ajoute la banque américaine.



La vache à lait ou les vautours



Ingenico n'a pas vraiment le choix: "soit ils redressent l'activité terminaux de paiement et la vendent, le plus vite sera le mieux, soit ils échouent et dans ce cas des vautours viendront frapper à la porte", juge Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan Garnier. Cette idée d'une vente de l'activité terminaux de paiement n'a pas été écartée par le directeur général Nicolas Huss. En novembre, le responsable a affirmé aux Echos ne pas "avoir arrêté ses options" sur ce segment et se donner "jusqu'à l'été" pour le remettre à plat.



Dans le cas où cette activité serait conservée, Nicolas Huss devra de toute façon la redresser. "Retransformer dès cette année la division Banque et Acquéreurs en une vache à lait, avec une marge élevée grâce à des coûts réduits et une croissance limitée fait sens", estime Maxime Dubreil d'Invest Securities.



Le dirigeant n'est pas encore dos au mur. "Le conseil d'administration semble soutenir la direction dans la voie de l'indépendance", relève Maxime Dubreil. "La spéculation est bien retombée sur la valeur, au moins à court terme", poursuit l'analyste.



En outre, la présence de Bpifrance, qui détient 5,4% du capital, sert de paravent. "Bpifrance est là pour défendre les intérêts stratégiques de la France. Elle ne s'opposerait pas à une vente des terminaux de paiement, qui n'est plus vue comme une activité stratégique. Mais en revanche elle bloquerait celle du groupe entier ou de l'activité services de paiement", analyse Richard-Maxime Beaudoux de Bryan Garnier. Contactée par l'agence Agefi-Dow Jones, une porte-parole de Bpifrance n'était pas disponible dans l'immédiat pour apporter un commentaire.



Ingenico offre aujourd'hui une valorisation à bon prix, avec un cours à son plus bas niveau depuis près de cinq ans. Mais les investisseurs ne céderont pas à cet argument et voudront du concret sur la trajectoire, avertit Citigroup. Nicolas Huss n'aura pas le droit à l'erreur, le 12 février prochain.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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January 23, 2019 13:09 ET (18:09 GMT)




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