Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les fiançailles de Capgemini et Altran ravissent le marché. Au lendemain de l'annonce du rachat de l'entreprise de R&D externalisée par le groupe de services informatiques, l'action Capgemini signe la plus forte hausse du CAC 40, en prenant 8%, tandis qu'Altran bondit de 22% pour s'aligner avec le prix proposé par la transaction, soit 14 euros.



L'enthousiasme des investisseurs est légitime. Si cette opération à 5 milliards d'euros, dette comprise, comporte d'importants risques d'intégration, elle n'en demeure pas moins pertinente. Les deux groupes possèdent des métiers et des solutions complémentaires qui permettront de proposer des services enrichis à leurs clients et d'opérer des ventes croisées. Deutsche Bank loue une transaction "ambitieuse", qui "fait sens".



Sur le plan financier, Morgan Stanley considère que pour Capgemini, la forte relution attendue du résultat normalisé par action - de 15% hors synergies la première année, puis de 25% en 2023 une fois l'ensemble des synergies réalisées - a de quoi réjouir ses actionnaires et reléguer l'alourdissement de la dette au second plan.



L'action Altran revient de loin



Pour les actionnaires d'Altran, les termes de l'offre soulèvent plusieurs interrogations. Le prix proposé par Capgemini représente une prime de 33% par rapport à la moyenne des cours pondérés par les volumes sur les trois derniers mois et corrigée du dividende. Ce qui peut paraître généreux, l'action s'étant appréciée de 68% depuis janvier avant que l'offre ne soit dévoilée.



Mais ce tableau mérite d'être nuancé. Boursièrement, Altran partait de très bas en début d'année, après avoir perdu plus de 40% en 2018. De plus, le prix offert par Capgemini correspond à un multiple de résultat opérationnel pour 2019 inférieur d'environ 10% à celui d'Alten, le grand concurrent d'Altran, relève Bryan Garnier. Berenberg estime que "certains actionnaires d'Altran pourraient se demander pourquoi un prix aussi bas a été offert, compte tenu des synergies importantes et de l'augmentation du bénéfice par action pour Capgemini".



L'offre de Capgemini n'est donc pas aussi satisfaisante que de prime abord. Les actionnaires d'Altran devraient toutefois s'en réjouir. Le PDG d'Altran, Dominique Cerutti a rappelé que le titre s'est en moyenne échangé 9,3 fois son résultat opérationnel lors des cinq dernières années, alors que l'offre de Capgemini implique un multiple d'un peu plus de 12. Le dirigeant a surtout indiqué que le prix offert par Capgemini se situait quasiment au niveau du cours théorique d'Altran calculé à partir des objectifs 2022 de son plan stratégique "The High Road". Autrement dit, les actionnaires d'Altran se voient proposer le prix théorique de la société en anticipant une exécution parfaite du plan stratégique d'ici à trois ans.



Ce dernier point doit retenir l'attention des porteurs d'Altran, le marché émettant actuellement des doutes sur la capacité d'exécution du groupe. "A 11 euros [le prix d'Altran avant l'annonce de l'OPA de Capgemini, NDLR], le marché n'intégrait pas complètement la réalisation de nos objectifs" du plan stratégique, a reconnu mardi Dominique Cerutti dans un entretien accordé à l'agence Agefi Dow-Jones.



Le choix de l'indépendance était risqué



L'histoire récente d'Altran et les difficultés de l'intégration de l'américain Aricent invitent à la prudence. En juillet 2018, Altran avait découvert l'existence de bons de commandes fictifs de 10 millions de dollars au sein de cette société. Ce qui avait fait plonger l'action de 28% en une seule séance. Le groupe a également mis plus du temps que prévu pour redresser la rentabilité de sa filiale allemande.



En acceptant de laisser Altran convoler en juste noce avec Capgemini, ses actionnaires s'offriraient une forte visibilité que la valeur n'était pas en mesure de leur apporter.



"Au regard des risques pesant sur Altran en 'stand-alone', en particulier les difficultés liées à l'intégration d'Aricent et le lourd endettement qui limite les marges de manoeuvre du groupe, nous estimons qu'il s'agit d'une aubaine pour les actionnaires sur un titre qui aura parcouru des montagnes russes ces derniers mois", écrivent les analystes d'Invest Securities."Nous considérons cet accord comme la meilleure fin possible à l'histoire boursière d'Altran, après les dix-huit mois douloureux qui ont suivi l'annonce de l'acquisition d'Aricent", abonde Bryan Garnier.



Il semble peu probable qu'un autre prétendant se manifeste, dans la mesure où les conseils d'administration des deux sociétés ont déjà approuvé ces fiançailles. Bryan Garnier ne voit qu'Accenture comme candidat potentiel. Or la politique d'acquisition de la société de conseil est tournée vers des opérations stratégiques, fait valoir la banque franco-américaine.



Les mariages parfaits n'existent pas. Mais le rapprochement des deux groupes laisse présager un "happy ending" pour les actionnaires d'Altran et une union prometteuse pour ceux de Capgemini.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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June 25, 2019 11:01 ET (15:01 GMT)




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