François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Arrivé chez Carrefour pour moderniser le distributeur, Alexandre Bompard n'a pas oublié ses réflexes de "cost-killer". La cure d'austérité imposée par l'ancien PDG de la Fnac au numéro deux français de la grande distribution a débouché sur 1,05 milliard d'euros d'économies en 2018, un chiffre sur lequel peu d'analystes tablaient voilà un an.



Sur sa lancée, le groupe a relevé son objectif d'économies à 2020, à 2,8 milliards d'euros au lieu de 2 milliards visés précédemment. Il compte notamment sur les gains aux achats issus de ses nouvelles alliances avec Système U en France et Tesco au Royaume-Uni, et sur la poursuite de la chasse aux coûts en interne.



"Nous pensons que les économies peuvent se poursuivre au même rythme en 2019 grâce à la restructuration du siège français du groupe et aux alliances aux achats avec Tesco et Système U", soulignent les analystes de Bryan Garnier.



La réaction mesurée du titre depuis ces annonces jeudi dernier montre cependant que le marché attend davantage d'Alexandre Bompard qu'un simple plan d'économies, fût-il relevé de 40%.



Le plan d'économies de Carrefour progresse bien mais il se ne traduit pas encore par une amélioration des bénéfices en France, notent les analystes de Bernstein. Le résultat opérationnel courant du groupe sur son marché domestique a chuté de 33%, et sa marge opérationnelle a atteint un plus bas historique, à 1,3%, reflétant certains facteurs exceptionnels comme l'impact du mouvement des Gilets jaunes en fin d'année mais aussi de piètres performances commerciales.



Redresser les ventes en France, "la mère des batailles"



Conscient qu'il sera jugé sur sa capacité à redresser les ventes du groupe en France, - "la mère des batailles" selon lui -, Alexandre Bompard s'apprête à lancer une vaste restructuration du réseau d'hypermarchés, qui pèsent pour la moitié des ventes dans l'Hexagone et sont depuis plusieurs années boudés par les consommateurs. Outre une réduction des surfaces non-alimentaires de plus de 100.000 mètres carrés, Carrefour compte étendre l'ouverture le dimanche matin à 160 hypermarchés d'ici à la fin de l'année contre une quarantaine à fin 2018, tout en ouvrant de nouveaux "drive" et en développant la livraison à domicile à partir des hypermarchés. Le groupe testera également cette année en France de nouveaux concepts de magasins à bas coûts inspirés de ses formats Maxi discount en Argentine et Hypereconomico au Brésil.



Ces mesures mettront certainement du temps à produire leurs effets, même si le groupe devrait bénéficier d'un environnement plus porteur en 2019, selon Bryan Garnier. "La plupart des initiatives concernant la proposition commerciale ne devraient porter leurs fruits que plus tard mais le groupe pourrait, en attendant, réinvestir une partie de ses économies dans les prix de ses hypermarchés français [...] ce qui pourrait se matérialiser en 2019", précise l'intermédiaire financier.



Carrefour n'a pas fourni d'objectif quant à l'amélioration de son résultat opérationnel en France cette année. Son directeur financier, Matthieu Malige, a estimé que l'environnement était trop incertain pour se risquer à toute prévision à ce stade. De son côté, Alexandre Bompard a simplement noté que le résultat opérationnel en France "n'est pas celui que nous souhaitons avoir dans le futur".



"Un long chemin à parcourir"



Cette prudence pourrait inciter les investisseurs à se détourner du titre du distributeur, après une hausse de 18% depuis le début de l'année. "Nous voyons de bonnes raisons de prendre des bénéfices sur l'action Carrefour, la principale étant que l'écart entre le distributeur français et ses principaux concurrents s'est creusé l'an passé en Europe en matière de part de marché", estime JPMorgan, qui a abaissé vendredi sa recommandation à "sous-pondérer".



La banque américaine considère qu'il est plus avantageux d'acheter aujourd'hui l'action Carrefour Brésil, compte tenu des perspectives bien meilleures de la filiale brésilienne.



Pour HSBC, Carrefour a encore "un long chemin à parcourir" mais le relèvement de l'objectif d'économies est un signe positif qui pourrait se traduire par un redémarrage des ventes et, à moyen terme, par une amélioration des marges. L'intermédiaire financier reste à l'achat sur le titre, comme une majorité d'analystes, mais reconnaît que les investisseurs devront faire preuve de patience.



En dépit de son récent rebond, le titre évolue aujourd'hui au même niveau que début 2018, avant la présentation du plan d'Alexandre Bompard. Si Carrefour est bel et bien en train de se transformer, cela ne se reflète pas encore dans son cours de Bourse. La prudence actuelle du marché peut constituer une opportunité si l'on considère que la poursuite des économies et les initiatives commerciales finiront par porter leurs fruits.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



March 04, 2019 04:50 ET (09:50 GMT)




Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Carrefour (EU:CA)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Carrefour
Carrefour (EU:CA)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Carrefour