Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le positif est de retour chez Carrefour. Vendredi, l'action du géant de la grande distribution signe la plus forte hausse de l'indice CAC 40 en s'adjugeant 5,6%, à 15,44 euros, au lendemain de la présentation de chiffres d'activité et de prévisions particulièrement séduisants concernant l'exercice 2019. A la faveur de ce rebond, le titre n'abandonne plus que 11,6% sur un an.



L'an passé, Carrefour a réalisé un chiffre d'affaires de 80,74 milliards d'euros, représentant une progression comparable, c'est-à-dire hors variations du calendrier, des prix de l'essence et à taux de change constants, de 3,1%, bien supérieure à celle de 1,8% enregistrée en 2018.



Le distributeur a surtout ravi les investisseurs en indiquant viser un résultat opérationnel courant (ROC) d'environ 2,09 milliards d'euros au titre de l'exercice 2019, dont les comptes finaux seront publiés le 27 février. Les analystes attendaient jusque-là cet indicateur autour de 2,03 milliards d'euros. Cette prévision fournie par les dirigeants constitue "une bonne surprise", a commenté Bryan Garnier.



L'e-commerce alimentaire et le Bio en forte croissance



Cette surprise peut s'expliquer par la bonne exécution du plan de transformation lancé au début 2018 et devant faire de Carrefour "le leader mondial de la transition alimentaire", grâce au déploiement d'une organisation simplifiée, à l'amélioration de la productivité, à la création d'un univers omnicanal de référence et au recentrage de l'offre alimentaire.



"Notre plan de transformation porte ses fruits", a commenté Alexandre Bompard, PDG du distributeur, deux ans après sa présentation. Les ventes d'e-commerce alimentaire ont accéléré de plus de 30% l'an passé pour atteindre 1,3 milliard d'euros et celles de produits Bio ont bondi de plus de 25%, à 2,3 milliards d'euros.



Carrefour a également gagné en compétitivité, estimant avoir établi un positionnement tarifaire "satisfaisant" dans plusieurs de ses marchés clés, tout en travaillant à l'amélioration du taux de satisfaction de ses clients, à la lisibilité de son offre et au contrôle de ses coûts.



Les analystes applaudissent d'une seule main



Dans le sillage de cette publication et de ces annonces, plusieurs analystes ont rehaussé leurs anticipations de résultats pour Carrefour. Barclays a notamment relevé son estimation de bénéfice net par action de 4% pour 2019, le portant à 1,13 euro. Bryan Garnier a, pour sa part, augmenté de 2,1% sa prévision de ROC attendu pour le dernier exercice, pour quasiment l'aligner sur l'objectif fixé par les dirigeants, à 2,08 milliards d'euros.



Mais aucun changement significatif de recommandation ni d'objectif de cours n'est à signaler vendredi sur la valeur. La plupart des analystes observent plusieurs "signaux positifs" dans la dernière communication de Carrefour et retouchent légèrement leur modèle de valorisation, mais ils désespèrent de voir les performances des magasins français du groupe se redresser. Et ce, au-delà du manque à gagner causé par le mouvement social qui a débuté dans le pays en décembre.



"La question essentielle demeure de savoir dans quelle mesure les activités du distributeur peuvent s'améliorer en France", s'interroge Goldman Sachs dans une note envoyée vendredi à ses clients. L'an passé, le chiffre d'affaires de Carrefour a accusé un repli de 0,1% dans l'Hexagone, plombé par le recul de 2,4% des ventes dans les hypermarchés, qui représentent encore 25% de l'activité totale du groupe.



Des choix pénalisants qui paieront à long terme



Pour HSBC, ces performances décevantes des hypermarchés français ne sont pas alarmantes car elles résultent des initiatives prises par Carrefour pour s'assurer de rester durablement parmi les leaders du secteur (investissement dans les prix, nouvel assortiment de l'offre, etc.). "Ces vents contraires que le groupe s'auto-inflige font se dégonfler les ventes à court terme mais sont essentiels pour lui garantir une place stratégique à long terme", assure le courtier. "Carrefour réalise des progrès qui nous rendent confiants quant à sa capacité à retrouver une marge de ROC de 3,5% à l'issue du plan de transformation", ajoute HSBC.



Selon les données de Kantar, les hypermarchés de Carrefour ont vu leur part de marché reculer de 30 points de base l'an passé en France. "Une large partie de ces pertes nous semble induite par les orientations du plan stratégique", indique Oddo BHF, saluant au passage la décision du groupe de réduire la surface commerciale de certains de ses hypermarchés.



Au cours actuel, l'action s'échange avec une décote de près de 10% sur un ensemble de valeurs comparables en matière de ratio cours de Bourse sur bénéfice net par action calculé pour 2019. C'est en parvenant à prouver par les chiffres qu'il a eu raison de "reculer pour mieux sauter" en France que Carrefour obtiendra le soutien d'une part plus importante des analystes et aura actionné le vrai levier de sa revalorisation.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



January 24, 2020 09:46 ET (14:46 GMT)




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