Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Choc de simplification chez Casino. Le
distributeur stéphanois a fait part jeudi de ses plans pour
assouplir sa structure en Amérique latine. Le projet à l'étude
prévoit le regroupement sous une seule entité de l'ensemble des
activités du groupe dans la région. Ces actifs étant considérés
comme "séduisants", selon la plupart des analystes, surtout depuis
la finalisation voilà quelques semaines de la vente de l'enseigne
brésilienne d'électronique et d'électroménager Via Varejo.
Selon toute vraisemblance, Grupo Pão de Açùcar (GPA), la filiale
brésilienne de Casino, lancera une offre publique d'achat en
numéraire sur l'intégralité du capital de la filiale colombienne
Exito, opération à laquelle le groupe dirigé par Jean-Charles
Naouri apportera la totalité de sa participation de 55,3%.
Casino rachèterait également les titres détenus par Exito dans la
société de droit français Segisor, qui détient elle-même
indirectement 99,9% des droits de vote et 37,3% des droits
économiques de GPA. Si ces transactions devaient se concrétiser,
Casino détiendrait seul 41,4% de GPA, qui contrôlerait Exito ainsi
que ses filiales en Uruguay et en Argentine.
Le prix auquel seront réalisées ces opérations importe peu, sachant
que l'effet sera "neutre" sur la dette de Casino en France, a
indiqué à l'agence Agefi-Dow Jones David Lubek, le directeur
financier du groupe. Il faut avant tout retenir que cette étape
majeure vers une simplification de la structure vise à augmenter la
valeur en Bourse des actifs sud-américains et, par extension, la
capitalisation de Casino.
Basée sur un ensemble de participations croisées, la structure
actuelle des activités du groupe dans cette région a toujours été
décriée par les investisseurs en raison de sa complexité, voire de
son opacité. Le regroupement des activités sud-américaines de
Casino au sein de GPA devrait apporter de la transparence et ainsi
"réduire la décote de valorisation de GPA et d'Exito", affirment
les analystes de JP Morgan Cazenove.
Casino au chevet de Rallye
L'espoir d'une revalorisation de GPA et de Casino suite à ces
manœuvres est d'autant plus envisageable que le projet de
simplification à l'étude prévoit une migration des actions de GPA
au Novo Mercado segment B3 de la Bourse de São Paulo.
Ce transfert s'accompagnera d'une conversion des actions
préférentielles en actions ordinaires selon une parité d'une pour
une, permettant de mettre fin à l'existence de deux classes
d'actions. "Ce qui facilitera grandement l'entrée au capital de
nouveaux investisseurs internationaux, auparavant peu enclin à
acheter des actions sans droit de vote, et promet une hausse des
cours de GPA et de Casino", confie un gérant basé à Paris.
Une remontée de l'action Casino est primordiale pour l'avenir de la
galaxie Naouri. Le distributeur est le principal actif de Rallye,
qui a obtenu son placement en procédure de sauvegarde en mai
dernier afin de redresser sa situation financière plombée par une
dette de 2,9 milliards d'euros.
"Si Jean-Charles Naouri veut éviter une conversion de la dette de
Rallye en actions, et donc s'assurer de conserver le contrôle de
Casino, le distributeur devra contribuer au refinancement de
Rallye. Soit en augmentant sa valeur en Bourse, soit en faisant
remonter des liquidités issues de cessions", explique un analyste
basé à Londres.
PDG de Casino, Jean-Charles Naouri est également l'actionnaire de
contrôle du distributeur par l'intermédiaire d'une cascade de
holdings chapeautée par la société non cotée Euris, puis constituée
des entreprises cotées en Bourse Finatis, Foncière Euris et Rallye,
qui regroupe au final 51,7% des actions du distributeur.
Une hausse de 70% impossible dans les douze mois
Considérant les cours de Bourse actuels, il faudrait que l'action
Casino tutoie les 53 euros pour que la valeur de la part de Rallye
dans le distributeur couvre l'intégralité du montant de sa dette.
Bien qu'il ait rebondi de 3,8% jeudi, le titre Casino atteint tout
juste 31,12 euros.
"Malgré la perspective d'une accélération du titre Casino après la
finalisation de ces opérations de simplification, je n'imagine pas
la valeur gagner 70% dans les douze mois, quand bien même ce rebond
serait entretenu par des rachats de positions courtes nettes
vendeuses", remarque un analyste. Mercredi soir, 18,3% du capital
de Casino (ou 40,2% du capital flottant) étaient vendus à
découvert, selon les données du cabinet IHS Markit. "Casino devra
probablement céder GPA pour désendetter ses sociétés mères",
anticipe un analyste parisien.
Lorsqu'il aura achevé la simplification de sa structure, GPA
disposera d'atouts inédits à son niveau : un positionnement sur le
seul marché de la distribution alimentaire dans une zone en
croissance, une seule classe d'actions en vigueur, une cotation sur
un marché boursier à plus forte liquidité, davantage
d'administrateurs indépendants et un organigramme simplifié.
De quoi séduire des fonds de capital-investissement ou des acteurs
de la grande distribution. "Je suis persuadé que Carrefour Brésil,
qui a déjà tenté un assaut sur GPA en 2011, reviendra à la charge
pour tenter de s'offrir 100% du capital de son concurrent", estime
un analyste, pour qui les obstacles réglementaires que pourrait
rencontrer une telle opération ne paraissent pas insurmontables.
Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, Carrefour n'a pas souhaité
apporter de commentaire sur l'éventualité d'une telle
opération.
Avec la vente de 80% de sa filiale chinoise au groupe Suning.com,
pour un montant de 4,8 milliards de yuan, soit 620 millions
d'euros, "Carrefour s'est donné les moyens de réaliser une
opération d'envergure sur un marché qu'il connaît parfaitement",
constate un autre courtier.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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June 27, 2019 09:45 ET (13:45 GMT)
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