Casino ne parvient pas à rassurer sur sa dette après des semestriels décevants
30 Juillet 2020 - 2:10PM
Dow Jones News
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de grande distribution Casino a
dévoilé jeudi des résultats semestriels jugés décevants par les
analystes, tout en ne parvenant pas à rassurer les investisseurs
sur sa capacité à se désendetter et à respecter les engagements
pris avec ses créanciers.
A la Bourse de Paris, le titre Casino accuse l'une des plus fortes
baisses de l'indice SBF 120, s'effondrant de 11,7%, à 23,01
euros.
Au premier semestre de cette année, Casino a enregistré des
résultats fortement dégradés, inférieurs aux prévisions des
opérateurs de marché et qualifiés de "décevants" par la plupart des
analystes. Entre janvier et juin, le distributeur a accusé une
perte nette de 87 millions d'euros, contre un profit net de 12
millions d'euros au cours de la période correspondante de 2019.
Hors crédits fiscaux, le résultat opérationnel courant (ROC) du
groupe stéphanois a reculé de 15,3% sur les six premiers mois de
l'année, à 386 millions d'euros, et reflète une contraction de 3,6%
à taux de change constants. Le ROC semestriel de Casino est
inférieur de 7% aux prévisions du consensus des analystes, souligne
JPMorgan Cazenove.
Le non alimentaire est sous pression
Pour la France seule, le ROC des activités de distribution a
atteint 148 millions d'euros sur la période, en baisse de 28,7% en
données publiées mais en hausse de 2% hors prime exceptionnelle
versée aux salariés. "Les ventes additionnelles liées au Covid-19
ont été plus que contrebalancées par les coûts supplémentaires
qu'elles ont engendrés", remarque Barclays. Par ailleurs, Bryan
Garnier note que les performances de l'enseigne Monoprix, et
notamment de ses rayons dédiés à la mode, sont "sous pression"
depuis le confinement et que la reprise est "plutôt lente".
En Amérique latine, le ROC des activités de distribution a diminué
de 12,5% en données publiées au premier semestre, mais augmenté de
6,3% à taux de change constants, à 232 millions d'euros, profitant
notamment du redressement de la rentabilité de l'enseigne Assai,
spécialiste du libre-service de gros (cash and carry).
En outre, le caractère imprévisible de l'évolution de la pandémie
de coronavirus empêche toujours le groupe de dresser des
projections financières pour la période courant jusqu'à 2021. En
mars, la crise économique associée à la pandémie de Covid-19 avait
contraint Casino à suspendre les objectifs initialement fixés pour
la période s'étalant de 2019 à 2021. "Il est plus prudent de s'en
tenir à cette position", a déclaré jeudi David Lubek, le directeur
financier de Casino, lors d'une conférence téléphonique avec des
journalistes.
Risque de rupture des engagements pris avec les créanciers
Autre déception : Casino peine à se désendetter. La dette
financière nette consolidée du distributeur a augmenté de 2,8% en
un an, pour s'établir à 4,83 milliards d'euros au 30 juin 2020,
dont une dette nette de 2,8 milliards d'euros en France (-3,4%).
"Casino ne s'est pas désendetté au premier semestre car les
montages financiers du passé continuent de masquer la génération de
trésorerie organique ou pas", commente JPMorgan Cazenove.
Casino est parvenu à respecter ses engagements rattachés à la
facilité de crédit renouvelable obtenue en novembre 2019 en faisant
notamment état d'un ratio dette brute sur excédent brut
d'exploitation (Ebitda) ajusté de 6,62 à fin juin 2020, n'excédant
pas la limite fixée à 7,50. Mais la hauteur de la dette approche du
seuil critique. "Si Casino ne réalise pas d'autres cessions
significatives à partir de la rentrée de septembre, il sera
impossible pour le groupe de respecter cet engagement pris avec ses
créanciers à fin 2020", prévient Clément Genelot, analyste chez
Bryan Garnier.
En raison d'une structure actionnariale fortement endettée, les
sociétés mères de Casino, dont Rallye, ont été placées en procédure
de sauvegarde le 23 mai 2019. Depuis le début de l'année, Casino a
notamment vendu trois entrepôts et 567 magasins Leader Price dans
l'Hexagone à Aldi, pour une valeur d'entreprise de 735 millions
d'euros, et cédé sa filiale de distribution dans l'océan Indien,
Vindémia, pour une valeur d'entreprise de 219 millions d'euros. Ces
ventes s'inscrivent dans le cadre du plan établi par le groupe,
visant à réaliser pour 4,5 milliards d'euros de cessions entre
mi-2018 et le premier trimestre de l'année prochaine.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV
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