Jacky Wong,



The Wall Street Journal



HONG KONG (Agefi-Dow Jones)--Renault vient tout juste de se faire éconduire par son dernier prétendant tape-à-l'oeil. Il gagnerait à se montrer plus conciliant avec son partenaire de long terme.



Samedi, le constructeur automobile français a averti Nissan, son partenaire de 20 ans au sein de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qu'il ne soutiendrait pas la réforme de gouvernance que le groupe nippon soumettra au vote de ses actionnaires lors de l'assemblée générale programmée dans deux semaines. Si cette menace venait à être mise à exécution, Renault ferait obstacle à l'application des mesures décidées à la suite de l'arrestation en novembre dernier de Carlos Ghosn, l'ancien président des deux sociétés, pour dissimulation présumée de revenus au Japon. Nissan a qualifié lundi de "regrettable" la nouvelle position de Renault.



Renault semble craindre que cette réforme de la gouvernance de Nissan ne réduise son influence au sein de l'entreprise japonaise. Un argument difficilement recevable tellement l'emprise du constructeur français sur l'Alliance a longtemps fragilisé son homologue japonais. Renault détient 43% des actions de Nissan, assorties de droits de vote, tandis que le constructeur nippon ne possède aucun droit de vote chez le groupe au losange, malgré une participation de 15% au capital. Et ce, alors même que Nissan est supérieur à Renault tant sur le plan des ventes que de la capitalisation boursière.



Ce mouvement pourrait être un moyen pour le constructeur français de préserver sa réputation après l'échec de son projet de fusion avec Fiat Chrysler Automobiles (FCA). L'Etat français, actionnaire de Renault à hauteur de 15% de son capital et disposant de droits de vote double, a réclamé plus de temps pour obtenir le soutien de Nissan avant d'envisager une finalisation de la fusion. En réponse, FCA a claqué la portière. Le gouvernement français tente désormais de justifier ses atermoiements : le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé à un renforcement de l'Alliance avant d'envisager toute opération de fusion.



En menaçant de bloquer la réforme de la gouvernance de Nissan, Renault ne fera pourtant qu'entamer un peu un plus la relation de confiance entre les deux constructeurs automobiles. Les ajustements souhaités par le groupe nippon, dont la création de trois comités (nominations, audit et rémunérations), sont attendus par les investisseurs de longue date. Ils ne contribueront pas à directement consolider l'Alliance mais Renault n'a pas intérêt à maintenir la gouvernance de Nissan dans le flou.



Les deux parties ont désespérément besoin d'une Alliance en bon état de marche. Nombre de conflits ou de mésententes liées notamment à la différence de culture entre les deux entreprises ont été dissipés par Carlos Ghosn par le passé. Les actions Renault et Nissan ont toutes deux chuté de plus de 15% depuis l'arrestation de l'ancien homme fort de l'Alliance. Le moyen le plus simple pour Renault de renforcer l'Alliance serait de réduire sa participation au capital de Nissan, ce qui pourrait donner au groupe nippon des droits de vote chez le français et placer les deux parties sur un pied d'égalité.



A la place, Renault semble vouloir utiliser ses droits de vote pour étaler sa puissance. Etant donné la forte implication des gouvernements français et japonais dans les deux groupes, les investisseurs doivent s'attendre à de nouvelles démonstrations théâtrales, plutôt qu'à des avancées concrètes.



-Jacky Wong, The Wall Street Journal



(Version française Dimitri Delmond) ed: ECH



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June 11, 2019 06:14 ET (10:14 GMT)




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