Convalescent, Air France n'est pas en mesure de porter secours à ses rivaux - DJ Plus
08 Octobre 2019 - 11:07AM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Sale temps pour le secteur aérien
français. Deux compagnies tricolores, Aigle Azur et XL Airways, ont
déposé le bilan au cours des quinze derniers jours, laissant des
milliers de voyageurs en rade et mettant au chômage environ 1.700
salariés. Aucune offre de reprise n'a été retenue par les
administrateurs judiciaires.
Ce double coup de tonnerre fait écho à la série de faillites déjà
observée ailleurs en Europe. En 18 mois, une dizaine de compagnies
ont mis la clé sous porte en Europe, selon l'Association
internationale du transport aérien (Iata). Parmi elles, les
allemandes Germania et Air Berlin (reprise en partie par
Lufthansa), l'islandaise WOW Air, la danoise Primera Air ou encore
la chypriote Cobalt Air. Parmi les plus gros acteurs, Alitalia est
toujours sous la tutelle de l'Etat italien malgré le plan de
sauvetage mis sur pied par ce dernier avec l'aide de la famille
Benetton et de l'américain Delta Airlines. D'autres traversent des
zones de turbulences, à l'image de l'allemand Lufthansa, qui a
lancé cet été un avertissement sur résultats en raison de la
concurrence accrue sur les marchés du court et moyen courrier.
"Les compagnies européennes sont confrontées depuis 2018 à une
hausse de leurs coûts liée notamment au prix du pétrole et à une
baisse des prix des billets, qui compriment les marges. Le secteur
souffre en outre de surcapacités notamment dans le segment du
court-moyen courrier, malgré un trafic en hausse continue", indique
Jie Zhang, analyste en charge du secteur du transport aérien chez
Alphavalue.
"Il y a deux fois plus de compagnies en Europe qu'aux Etats-Unis
pour un marché à peu près équivalent. Nous ne sommes qu'au début du
mouvement de consolidation en Europe", ajoute Yan Derocles, chez
Oddo BHF.
Cette consolidation devrait bénéficier aux grandes compagnies comme
Air France-KLM, IAG ou encore Lufthansa, estiment les analystes.
Mais les grandes manœuvres ne semblent pas être d'actualité du côté
du groupe franco-néerlandais.
Bien qu'elle ait exprimé son intérêt pour Aigle Azur, spécialiste
des liaisons France-Algérie, Air France a renoncé face aux
contraintes juridiques et financières imposées par le tribunal de
commerce, en particulier les conditions de reprise de certains
salariés. Le patron d'Air France-KLM Benjamin Smith craignait que
celles-ci ne remettent en cause les équilibres sociaux au sein
d'Air France.
"Ben Smith veut améliorer la santé d'Air France avant de faire de
la croissance externe. Outre la question du coût d'intégration
d'Aigle Azur, dans un contexte où tous les coûts augmentent, le
groupe doit également régler la question de sa gouvernance", ajoute
Jie Zhang.
Tensions franco-néerlandaises
La montée de l'Etat néerlandais au capital d'Air France-KLM en
début d'année a ravivé les tensions entre ses deux actionnaires
publics, et celles-ci ne semblent pas encore apaisées. Le
gouvernement français "poursuit ses discussions avec l'Etat
néerlandais avec la volonté de notre part que la gouvernance d'Air
France-KLM" soit autant que possible "normalisée", a déclaré
vendredi le commissaire aux participations de l'Etat, Martin
Vial.
Dans ce contexte, la volonté de Ben Smith de s'en tenir à son plan
de vol est jugée sage par les analystes. "La reprise d'une
compagnie est toujours très compliquée. Tout le monde a en tête les
difficultés d'intégration d'Air Berlin par Lufthansa. Ben Smith n'a
pas craqué sous le lobbying du gouvernement français pour reprendre
Aigle Azur. C'est plutôt une très bonne nouvelle", commente Yan
Derocles chez Oddo BHF.
Le groupe pourra néanmoins embaucher une partie des pilotes et du
personnel opérationnel d'Aigle Azur et de XL Airways dans le cadre
de ses campagnes de recrutement pour 2019 et 2020. Il devrait
également récupérer une partie des créneaux de vol d'Aigle Azur à
l'aéroport d'Orly, ce qui soutiendra le plan de développement de
Transavia, la filiale low cost d'Air France-KLM.
En Bourse, le titre a plutôt bien résisté à la baisse du secteur
depuis le début de l'année. A 9,86 euros ce mardi, il affiche une
hausse de 4% tandis que l'indice Stoxx Europe Total Market Airlines
a perdu 10% depuis le 1er janvier. Les investisseurs saluent la
hausse du trafic passager d'Air France-KLM, en augmentation de 3,7%
sur les neuf premiers mois de l'année, et la baisse des coûts
unitaires.
Cette amélioration opérationnelle doit se poursuivre afin de
permettre au groupe de renouer avec les bénéfices, qui apparaissent
comme une condition préalable à d'éventuelles opérations de
croissance externe.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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