François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Sale temps pour le secteur aérien français. Deux compagnies tricolores, Aigle Azur et XL Airways, ont déposé le bilan au cours des quinze derniers jours, laissant des milliers de voyageurs en rade et mettant au chômage environ 1.700 salariés. Aucune offre de reprise n'a été retenue par les administrateurs judiciaires.



Ce double coup de tonnerre fait écho à la série de faillites déjà observée ailleurs en Europe. En 18 mois, une dizaine de compagnies ont mis la clé sous porte en Europe, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata). Parmi elles, les allemandes Germania et Air Berlin (reprise en partie par Lufthansa), l'islandaise WOW Air, la danoise Primera Air ou encore la chypriote Cobalt Air. Parmi les plus gros acteurs, Alitalia est toujours sous la tutelle de l'Etat italien malgré le plan de sauvetage mis sur pied par ce dernier avec l'aide de la famille Benetton et de l'américain Delta Airlines. D'autres traversent des zones de turbulences, à l'image de l'allemand Lufthansa, qui a lancé cet été un avertissement sur résultats en raison de la concurrence accrue sur les marchés du court et moyen courrier.



"Les compagnies européennes sont confrontées depuis 2018 à une hausse de leurs coûts liée notamment au prix du pétrole et à une baisse des prix des billets, qui compriment les marges. Le secteur souffre en outre de surcapacités notamment dans le segment du court-moyen courrier, malgré un trafic en hausse continue", indique Jie Zhang, analyste en charge du secteur du transport aérien chez Alphavalue.



"Il y a deux fois plus de compagnies en Europe qu'aux Etats-Unis pour un marché à peu près équivalent. Nous ne sommes qu'au début du mouvement de consolidation en Europe", ajoute Yan Derocles, chez Oddo BHF.



Cette consolidation devrait bénéficier aux grandes compagnies comme Air France-KLM, IAG ou encore Lufthansa, estiment les analystes. Mais les grandes manœuvres ne semblent pas être d'actualité du côté du groupe franco-néerlandais.



Bien qu'elle ait exprimé son intérêt pour Aigle Azur, spécialiste des liaisons France-Algérie, Air France a renoncé face aux contraintes juridiques et financières imposées par le tribunal de commerce, en particulier les conditions de reprise de certains salariés. Le patron d'Air France-KLM Benjamin Smith craignait que celles-ci ne remettent en cause les équilibres sociaux au sein d'Air France.



"Ben Smith veut améliorer la santé d'Air France avant de faire de la croissance externe. Outre la question du coût d'intégration d'Aigle Azur, dans un contexte où tous les coûts augmentent, le groupe doit également régler la question de sa gouvernance", ajoute Jie Zhang.



Tensions franco-néerlandaises



La montée de l'Etat néerlandais au capital d'Air France-KLM en début d'année a ravivé les tensions entre ses deux actionnaires publics, et celles-ci ne semblent pas encore apaisées. Le gouvernement français "poursuit ses discussions avec l'Etat néerlandais avec la volonté de notre part que la gouvernance d'Air France-KLM" soit autant que possible "normalisée", a déclaré vendredi le commissaire aux participations de l'Etat, Martin Vial.



Dans ce contexte, la volonté de Ben Smith de s'en tenir à son plan de vol est jugée sage par les analystes. "La reprise d'une compagnie est toujours très compliquée. Tout le monde a en tête les difficultés d'intégration d'Air Berlin par Lufthansa. Ben Smith n'a pas craqué sous le lobbying du gouvernement français pour reprendre Aigle Azur. C'est plutôt une très bonne nouvelle", commente Yan Derocles chez Oddo BHF.



Le groupe pourra néanmoins embaucher une partie des pilotes et du personnel opérationnel d'Aigle Azur et de XL Airways dans le cadre de ses campagnes de recrutement pour 2019 et 2020. Il devrait également récupérer une partie des créneaux de vol d'Aigle Azur à l'aéroport d'Orly, ce qui soutiendra le plan de développement de Transavia, la filiale low cost d'Air France-KLM.



En Bourse, le titre a plutôt bien résisté à la baisse du secteur depuis le début de l'année. A 9,86 euros ce mardi, il affiche une hausse de 4% tandis que l'indice Stoxx Europe Total Market Airlines a perdu 10% depuis le 1er janvier. Les investisseurs saluent la hausse du trafic passager d'Air France-KLM, en augmentation de 3,7% sur les neuf premiers mois de l'année, et la baisse des coûts unitaires.



Cette amélioration opérationnelle doit se poursuivre afin de permettre au groupe de renouer avec les bénéfices, qui apparaissent comme une condition préalable à d'éventuelles opérations de croissance externe.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



October 08, 2019 04:47 ET (08:47 GMT)




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