Dans l'automobile, les investisseurs devront accrocher leur ceinture en 2020 - DJ Plus
17 Décembre 2019 - 4:09PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'automobile européenne a traversé une
année 2019 cahoteuse. Dans un contexte de ventes en berne,
plusieurs grands noms, tels Daimler, Renault ou Plastic Omnium, ont
lancé des avertissements sur résultats. Aucune accalmie ne pointe à
l'horizon pour 2020. L'assureur-crédit Euler Hermes anticipe un
nouveau repli de 1% des ventes de véhicules neufs dans l'Union
européenne. Moody's prévoit une chute de 3% pour les véhicules
légers en Europe de l'Ouest et de 0,9% au niveau mondial.
A cette conjoncture morose se superposera le durcissement de la
réglementation européenne en matière d'émissions. A compter du 1er
janvier, les constructeurs devront, en moyenne, respecter une
limite d'émission de 95 grammes de Co2 par kilomètre sur 95% de
leur flotte de véhicules nouvellement immatriculés. Pour éviter les
sanctions, les constructeurs devraient sensiblement électrifier
leur flotte. "L'année prochaine, l'offre de véhicules électriques
se développera considérablement. Reste à savoir à quel rythme les
consommateurs accepteront d'acheter ces véhicules", expliquait,
voilà deux semaines, Jacques Aschenbroich, le PDG de Valeo, pour
qui 2020 sera "l'année de tous les dangers" en Europe.
"On entre dans une phase où les constructeurs devraient dégager des
marges opérationnelles plus faibles. Les résultats sont appelés à
se dégrader dans les trois à quatre prochaines années en raison de
lourds investissements qui ne porteront leurs fruits qu'à terme",
prévient Bernard Jullien, professeur d'économie industrielle à
l'université de Bordeaux.
Pour les équipementiers européens, Moody's prévoit une année
difficile où le déclin des volumes de ventes, la consolidation
entre constructeurs - celle entre PSA et Fiat Chrysler (FCA) étant
attendue au tournant - et les tensions commerciales devraient peser
sur les marges et la génération de trésorerie.
Des catalyseurs pour Renault
Dans un tel environnement, les groupe tricolores devront démontrer
leurs facultés d'adaptation tout en préservant leur
rentabilité.
PSA y est parvenu de manière convaincante en 2019. Le groupe dirigé
par Carlos Tavares a enchaîné les publications solides, affichant
des marges record au premier semestre. Les analystes saluent le
travail accompli par l'industriel pour anticiper la nouvelle
législation européenne sur le Co2 en 2020. "PSA semble en bonne
marche ", souligne Bernard Jullien. L'entreprise sochalienne
devrait surtout consacrer 2020 à préparer le mariage annoncé avec
FCA, la signature d'un protocole d'accord étant imminente selon
plusieurs médias. Deutsche Bank n'attend pas d'évolution notable du
titre Peugeot d'ici à la finalisation de l'opération - qui prendra
plusieurs trimestres - le temps pour le marché de gagner en
visibilité.
En 2019, Renault a vécu un annus horribilis, marqué par l'échec du
rapprochement avec FCA, du remerciement de son directeur général en
octobre et par un retentissant avertissement sur résultats quelques
jours plus tard. Néanmoins, le groupe a certainement mangé son pain
noir en Bourse. Sa valorisation, proche de plus bas depuis six ans,
plaide pour un positionnement des opérateurs. Morgan Stanley se
montre ainsi positif sur le titre. La nomination prochaine d'un
directeur général pourrait constituer "un catalyseur sensible",
juge JPMorgan Cazenove. Le réchauffement des relations avec le
partenaire japonais Nissan a aussi vocation à soutenir l'action
l'an prochain.
Du côté des équipementiers, Faurecia a réussi son année 2019, avec
une hausse de 50% depuis janvier. Sa journée consacrée aux
investisseurs en novembre s'est déroulée sans fausse note. La
question du potentiel de l'action fait néanmoins débat. Si JPMorgan
Cazenove se montre optimiste, Morgan Stanley s'avère plus réservé,
pointant une croissance organique "limitée" à 1% en 2020.
Rendez-vous en janvier avec Plastic Omnium
Après deux avertissements sur résultats en 2018, Valeo s'est
reconcilié avec le marché en 2019, le titre ayant pris près de 30%
depuis le début janvier. Les investisseurs restent toutefois sur
leurs gardes : mardi dernier, le titre a chuté de 7,4% après la
présentation d'objectifs à l'horizon 2022 qui ont manifestement
déçu les opérateurs. L'année 2020 s'annonce donc délicate: près de
50% des analystes recommandent de "vendre" ou de "sous-pondérer" le
titre, selon FactSet. "Une année 2020 encore incertaine se profile"
et "la valorisation n'offre plus aucune marge d'erreur après le
'rerating' [réappréciation des multiples du titre, NDLR] des
derniers mois", pointe Oddo BHF.
Le 7 janvier, Plastic Omnium tiendra aussi une journée consacrée
aux investisseurs. Le groupe contrôlé par la famille Burelle y
dévoilera sa feuille de route pour la période 2019-2022. Les
investisseurs guetteront les objectifs de croissance de
l'équipementier, dont la faculté à surperformer la production
automobile constitue l'une des clefs d'appréciation du titre. Après
l'avertissement sur résultats d'octobre lié à des difficultés de
production sur le site de Greer aux Etats-Unis, "les multiples de
valorisation actuels ne laissent guère de place pour une nouvelle
mauvaise surprise", prévient Midcap Partners.
Si les défis s'avèrent nombreux pour le secteur, les investisseurs
ne doivent pas s'en détourner pour autant. Morgan Stanley considère
que les valorisations pourraient s'améliorer en 2020, notamment si
les résultats s'avèrent plus résistants que le marché ne
l'anticipe. Les groupes français devront donc carburer pour que les
investisseurs ne les abandonnent pas en route.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
December 17, 2019 09:49 ET (14:49 GMT)
Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024