Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'automobile européenne a traversé une année 2019 cahoteuse. Dans un contexte de ventes en berne, plusieurs grands noms, tels Daimler, Renault ou Plastic Omnium, ont lancé des avertissements sur résultats. Aucune accalmie ne pointe à l'horizon pour 2020. L'assureur-crédit Euler Hermes anticipe un nouveau repli de 1% des ventes de véhicules neufs dans l'Union européenne. Moody's prévoit une chute de 3% pour les véhicules légers en Europe de l'Ouest et de 0,9% au niveau mondial.



A cette conjoncture morose se superposera le durcissement de la réglementation européenne en matière d'émissions. A compter du 1er janvier, les constructeurs devront, en moyenne, respecter une limite d'émission de 95 grammes de Co2 par kilomètre sur 95% de leur flotte de véhicules nouvellement immatriculés. Pour éviter les sanctions, les constructeurs devraient sensiblement électrifier leur flotte. "L'année prochaine, l'offre de véhicules électriques se développera considérablement. Reste à savoir à quel rythme les consommateurs accepteront d'acheter ces véhicules", expliquait, voilà deux semaines, Jacques Aschenbroich, le PDG de Valeo, pour qui 2020 sera "l'année de tous les dangers" en Europe.



"On entre dans une phase où les constructeurs devraient dégager des marges opérationnelles plus faibles. Les résultats sont appelés à se dégrader dans les trois à quatre prochaines années en raison de lourds investissements qui ne porteront leurs fruits qu'à terme", prévient Bernard Jullien, professeur d'économie industrielle à l'université de Bordeaux.



Pour les équipementiers européens, Moody's prévoit une année difficile où le déclin des volumes de ventes, la consolidation entre constructeurs - celle entre PSA et Fiat Chrysler (FCA) étant attendue au tournant - et les tensions commerciales devraient peser sur les marges et la génération de trésorerie.



Des catalyseurs pour Renault



Dans un tel environnement, les groupe tricolores devront démontrer leurs facultés d'adaptation tout en préservant leur rentabilité.



PSA y est parvenu de manière convaincante en 2019. Le groupe dirigé par Carlos Tavares a enchaîné les publications solides, affichant des marges record au premier semestre. Les analystes saluent le travail accompli par l'industriel pour anticiper la nouvelle législation européenne sur le Co2 en 2020. "PSA semble en bonne marche ", souligne Bernard Jullien. L'entreprise sochalienne devrait surtout consacrer 2020 à préparer le mariage annoncé avec FCA, la signature d'un protocole d'accord étant imminente selon plusieurs médias. Deutsche Bank n'attend pas d'évolution notable du titre Peugeot d'ici à la finalisation de l'opération - qui prendra plusieurs trimestres - le temps pour le marché de gagner en visibilité.



En 2019, Renault a vécu un annus horribilis, marqué par l'échec du rapprochement avec FCA, du remerciement de son directeur général en octobre et par un retentissant avertissement sur résultats quelques jours plus tard. Néanmoins, le groupe a certainement mangé son pain noir en Bourse. Sa valorisation, proche de plus bas depuis six ans, plaide pour un positionnement des opérateurs. Morgan Stanley se montre ainsi positif sur le titre. La nomination prochaine d'un directeur général pourrait constituer "un catalyseur sensible", juge JPMorgan Cazenove. Le réchauffement des relations avec le partenaire japonais Nissan a aussi vocation à soutenir l'action l'an prochain.



Du côté des équipementiers, Faurecia a réussi son année 2019, avec une hausse de 50% depuis janvier. Sa journée consacrée aux investisseurs en novembre s'est déroulée sans fausse note. La question du potentiel de l'action fait néanmoins débat. Si JPMorgan Cazenove se montre optimiste, Morgan Stanley s'avère plus réservé, pointant une croissance organique "limitée" à 1% en 2020.



Rendez-vous en janvier avec Plastic Omnium



Après deux avertissements sur résultats en 2018, Valeo s'est reconcilié avec le marché en 2019, le titre ayant pris près de 30% depuis le début janvier. Les investisseurs restent toutefois sur leurs gardes : mardi dernier, le titre a chuté de 7,4% après la présentation d'objectifs à l'horizon 2022 qui ont manifestement déçu les opérateurs. L'année 2020 s'annonce donc délicate: près de 50% des analystes recommandent de "vendre" ou de "sous-pondérer" le titre, selon FactSet. "Une année 2020 encore incertaine se profile" et "la valorisation n'offre plus aucune marge d'erreur après le 'rerating' [réappréciation des multiples du titre, NDLR] des derniers mois", pointe Oddo BHF.



Le 7 janvier, Plastic Omnium tiendra aussi une journée consacrée aux investisseurs. Le groupe contrôlé par la famille Burelle y dévoilera sa feuille de route pour la période 2019-2022. Les investisseurs guetteront les objectifs de croissance de l'équipementier, dont la faculté à surperformer la production automobile constitue l'une des clefs d'appréciation du titre. Après l'avertissement sur résultats d'octobre lié à des difficultés de production sur le site de Greer aux Etats-Unis, "les multiples de valorisation actuels ne laissent guère de place pour une nouvelle mauvaise surprise", prévient Midcap Partners.



Si les défis s'avèrent nombreux pour le secteur, les investisseurs ne doivent pas s'en détourner pour autant. Morgan Stanley considère que les valorisations pourraient s'améliorer en 2020, notamment si les résultats s'avèrent plus résistants que le marché ne l'anticipe. Les groupes français devront donc carburer pour que les investisseurs ne les abandonnent pas en route.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



December 17, 2019 09:49 ET (14:49 GMT)




Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Valeo
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Valeo