Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Alstom remonte en première classe à la Bourse de Paris. L'équipementier ferroviaire retrouve lundi le CAC 40, quatre ans après l'avoir quitté.



L'industriel rejoint l'élite boursière alors qu'il s'apprête à doubler de taille en acquérant Bombardier Transport, la branche ferroviaire du groupe québécois. La semaine dernière, Alstom a signé le contrat d'achat de cette division, en revoyant sensiblement le prix d'acquisition. Le groupe s'attend désormais à payer "jusqu'à" 5,3 milliards d'euros, en tenant compte de certains mécanismes d'ajustement, contre une fourchette précédente de 5,8 milliards à 6,2 milliards d'euros.



Avec cet accord définitif et le feu vert de la Commission européenne reçu à la fin juillet, la voie pour finaliser l'acquisition au premier trimestre 2021 est désormais dégagée. Appréciant cette visibilité, JPMorgan Cazenove a rehaussé vendredi son conseil sur le titre à "surperformer".



Difficultés sur certains projets



Alstom devra néanmoins relever un défi considérable en restaurant au plus vite les marges de la société canadienne. "La création de valeur finale dépend de la capacité d'Alstom à résoudre les problèmes de performance des projets de Bombardier Transport et à rétablir la rentabilité", prévient Credit Suisse.



L'an passé, la marge d'exploitation ajustée de Bombardier est tombée à 0,8%, contre une marge de 7,7% pour Alstom sur son exercice 2019-2020. La rentabilité de Bombardier Transport a récemment souffert de retards et de dépassements de coûts dans un certain nombre de projets, explique UBS.



A titre d'exemple, Deutsche Bahn a refusé la livraison de 25 trains IC2 à deux niveaux, invoquant des défauts techniques. Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, Bombardier Transport explique avoir depuis travaillé "intensément" avec Deutsche Bahn pour améliorer "la fiabilité" de ces trains IC2.



"Certains contrats bien identifiés ont pesé sur nos marges depuis quelques mois, mais nous continuons de progresser et d'améliorer notre performance opérationnelle", fait valoir un porte-parole de la société canadienne, ajoutant que le bilan global de Bombardier Transport "sur ses centaines de projets à travers le monde" était "fort positif".



Un travail "herculéen"



Alstom a bien cerné les difficultés de Bombardier Transport et a réitéré mercredi sa confiance dans sa capacité à rétablir "le potentiel opérationnel, commercial et la rentabilité" de l'entreprise canadienne.



Deutsche Bank doute toutefois que le groupe parvienne à tenir son objectif d'une relution à deux chiffres du bénéfice net par action à partir de la deuxième année suivant la réalisation de la transaction. "Pour que l'opération soit relutive, il faudrait que les marges de Bombardier dépassent 6%, ce qui semble optimiste à moyen terme compte tenu de ses performances actuelles", estime la banque allemande. Oddo BHF juge pour sa part l'objectif d'Alstom "réalisable", soulignant la "nature passagère" des problèmes de Bombardier Transport.



Alstom devra mener trois fronts simultanément : intégrer Bombardier Transport, redresser les marges de la société canadienne et poursuivre son propre plan de croissance. Une mission qui constituerait "une tâche herculéenne pour n'importe quelle direction", convient Mohit Rathi, analyste du bureau d'études indépendant AlphaValue. "Toutefois, nous restons confiants dans les capacités du PDG, Henri Poupart-Lafarge", à relever ces défis, poursuit l'analyste. Mohit Rathi loue dans cette optique "la solide expérience" du dirigeant "en matière de redressement d'entreprises", démontrée par "l'amélioration des fondamentaux d'Alstom au cours des dernières années et les efforts continus pour accroître les marges".



Des moteurs de croissance intacts



En redressant promptement les marges de Bombardier Transport, Alstom justifierait d'autant plus cette opération. Les perspectives du secteur étant prometteuses, ses vertus de long terme font déjà l'unanimité parmi les investisseurs. "Bien que la pandémie Covid-19 ait posé des problèmes à court terme à l'industrie ferroviaire, nous pensons que ses moteurs de croissance à moyen et long terme restent intacts, portée par la tendance à l'urbanisation et la promotion d'une mobilité plus verte et plus intelligente, le train étant l'un des modes de transport les moins polluants", résume AlphaValue.



A 45,42 euros, l'action Alstom reste proche de son plus haut historique de 50,30 euros atteint en février. Ce qui n'empêche pas 60% analystes sondés par FactSet de recommander le titre à l'achat.



Alstom est en bonne voie en Bourse. Redresser au plus vite les marges de Bombardier Transport lui permettrait de passer à la vitesse supérieure.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV



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(END) Dow Jones Newswires



September 21, 2020 03:04 ET (07:04 GMT)




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