EDF: La Cour des comptes émet des doutes sur les avantages de l'EPR2
09 Juillet 2020 - 12:18PM
Dow Jones News
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La Cour des Comptes a appelé à la
vigilance jeudi sur le nouveau modèle de réacteur nucléaire EPR,
appelé EPR2, et proposé par le groupe énergétique EDF.
L'EPR2 est présenté comme un modèle de réacteur nucléaire plus
simple et moins coûteux à construire. Or la Cour des comptes
estime, dans son rapport publié jeudi sur la filière EPR, qu'il ne
peut être établi "avec un degré raisonnable de certitude que les
économies de construction de futurs EPR2 par rapport au coût de
construction d'EPR de type Flamanville se matérialiseront".
"Pourtant, la seule hypothèse actuellement mise à l'étude par les
pouvoirs publics en matière de nouveau nucléaire est celle de la
construction de six réacteurs de type EPR2, par paires", rappellent
les Sages de la rue Cambon. "En faisant ce choix, EDF s'éloigne de
la démarche d'optimisation de la technologie de l'EPR appuyée sur
le retour d'expérience et permettant de profiter de l'effet
d'apprentissage", ajoutent-ils.
La Cour souligne que l'enjeu financier lié à ces nouveaux réacteurs
nucléaires EPR2 est "majeur", évaluant à 46 milliards d'euros le
coût de construction de trois paires d'EPR2.
L'institution juge également qu'EDF ne peut financer seul la
construction de nouveaux réacteurs et ne pourra "plus s'engager
sans garanties sur le revenu que lui procurera l'exploitation de
ces réacteurs". "Aucun nouveau projet ne saurait être lancé sans
une forme de garantie publique, quel que soit le dispositif
retenu", prévient-elle.
Dans le même rapport, la Cour critique une nouvelle fois la
construction de l'EPR de Flamanville, qualifié d'"échec
opérationnel aux causes multiples". Le coût de construction a été
multiplié par au moins 3,3, EDF l'estimant aujourd'hui à 12,4
milliards d'euros. A ce montant "s'ajouteront des coûts
complémentaires qui pourraient atteindre près de 6,7 milliards
d'euros à la mise en service du réacteur", prévue mi-2023, souligne
l'institution.
Dans sa réponse apportée au rapport de la Cour des comptes, le PDG
d'EDF, Jean-Bernard Lévy, écrit que "chacun ne peut qu'adhérer aux
observations de l'institution de la Cour sur les difficultés qui
ont entaché la construction des premiers EPR". "Pour autant, ces
observations ne doivent pas laisser à penser que la technologie de
l'EPR serait une solution sans lendemain", poursuit-Il.
Le PDG d'EDF estime qu'il serait inadéquat "de tirer des
conclusions définitives sur l'intérêt de ce réacteur et de
disqualifier par avance les progrès attendus des performances de
l'EPR2, qui ont été engagés en liaison étroite avec l'ingénierie de
Framatome pour en améliorer le design".
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
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