PARIS (Agefi-Dow Jones)--Europcar Mobility Group a connu une difficile année 2019, marquée par un retentissant avertissement sur résultats en octobre. Le groupe de location automobile, qui a publié ses résultats annuels mardi, a vu son "corporate Ebitda ajusté" - soit son résultat opérationnel courant après certains ajustements - chuter de 15% à 278 millions d'euros tandis que son résultat net a été pratiquement divisé par deux, hors éléments exceptionnels, à 38 millions d'euros.



Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, la présidente du directoire, Caroline Parot, prévoit que les programmes de réductions du coût et l'ajustement de la flotte à la conjoncture permettront d'améliorer les résultats en 2020. La dirigeante indique également que le groupe suit avec vigilance l'évolution du coronavirus et se prépare à ses potentielles répercussions sur son activité.



Agefi-Dow Jones: L'année 2019 a été marquée par des résultats en baisse et un avertissement majeur en octobre. Comment comptez-vous corriger le tir en 2020 ?



Caroline Parot: "Nous avons été pénalisés en 2019 par une croissance plus faible en Europe que lors des précédentes années. Le groupe visualise désormais mieux cet environnement macroéconomique moins favorable. Nous avons pris des mesures prudentes pour adapter notre flotte à cette conjoncture dégradée et être ainsi sélectifs sur la qualité de nos revenus. Depuis le quatrième trimestre, nous déployons nos plans de réductions de coûts. Le premier plan consiste à rationaliser nos fonction supports en les regroupant. Le deuxième plan a trait à la gestion du réseau et se traduira cette année par son adaptation à l'évolution du marché. Nous comptons par ailleurs réduire de façon significative les pertes de la division Mobilité Urbaine [autopartage, services VTC, NDLR] grâce à la croissance du chiffre d'affaires et au développement de synergies avec l'ensemble du groupe".



Quel impact financier attendez-vous de ces initiatives ?



C.P : "Nous tablons sur des économies brutes comprises entre 50 millions et 60 millions d'euros cette année. Une partie de ces économies sera néanmoins absorbée par des effets d'inflation sur les salaires, les prix des véhicules, qui sont plus coûteux car plus électriques, ou encore la fiscalité. Ces hausses de coûts devraient représenter une trentaine de millions d'euros. Les économies nettes attendues se situent donc entre 20 et 30 millions d'euros. Ces réductions de coûts permettront d'améliorer notre excédent brut d'exploitation (Ebitda) et notre résultat net alors que la croissance organique devrait être limitée en 2020, probablement proche de 1%.



Votre avertissement sur résultats d'octobre était en grande partie lié aux interrogations sur le Brexit. Craignez-vous que 2020 soit aussi pénalisé par ces incertitudes ?



C.P : "La moitié de la baisse de l'excédent brut d'exploitation entre le troisième trimestre 2019 et la période correspondante de 2018 était effectivement due au Brexit sur notre périmètre britannique, car les clientèles entreprises et loisirs faisaient preuve d'attentisme. Après la sortie de l'Union européenne en janvier, des interrogations demeurent sur les futurs accords commerciaux entre le Royaume-Uni et l'Europe. Ces incertitudes sont toutefois moins élevées que l'an passé. Nous constatons que l'Angleterre reprend son souffle, repartant sur une meilleure dynamique. Reste à savoir quelle sera la croissance du Royaume-Uni par rapport à l'Europe continentale".



La propagation du coronavirus s'accélère. Redoutez-vous ses conséquences sur votre activité ?



C.P: "Jusqu'à la semaine dernière, nous ne voyions aucun impact car nous n'opérons pas en Asie. Mais les développements en Italie ont fait monter la tension d'un cran. Nous surveillons attentivement la situation bien qu'à l'heure actuelle, il soit encore impossible d'évaluer l'impact sur notre activité. Notre priorité reste d'informer et d'aider nos collaborateurs ainsi que nos clients. Comme les autres acteurs du tourisme, nous ne serions pas épargnés par les conséquences économiques d'une pandémie. Nous nous y préparons malgré tout d'arrache-pied. Cette crise sanitaire survient en début d'année, ce qui nous laisse des marges de manoeuvre pour adapter notre flotte et anticiper ses conséquences potentielles".



Eurazeo mène une revue pour céder tout ou partie de sa participation de 30% dans Europcar. A quel stade se situe cette opération ?



C.P: "Le processus suit son cours et reste sous la houlette d'Eurazeo. Dans l'intérêt de notre groupe et de celui de ses parties prenantes, je souhaite bien sûr qu'à l'issue de ce processus, nous ayons à nos côtés un nouvel actionnaire pour accompagner notre transformation. Nous n'avons pas de visibilité sur le calendrier mais j'espère que l'opération pourra être achevée d'ici à la fin du premier semestre".



Regrettez-vous que cette revue ait été lancée peu après votre alerte sur résultats ?



C.P: "Je n'ai pas à me prononcer sur ce choix de l'actionnaire. Le lancement de cette revue stratégique a surpris le marché et renforcé des incertitudes qu'il a fallu lever auprès des investisseurs. Tout cela est désormais derrière nous".



-Propos recueillis par Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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February 25, 2020 12:16 ET (17:16 GMT)




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