ENTRETIEN: En 2020, Europcar redressera ses résultats en réduisant ses coûts - Parot
25 Février 2020 - 6:36PM
Dow Jones News
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Europcar Mobility Group a connu une
difficile année 2019, marquée par un retentissant avertissement sur
résultats en octobre. Le groupe de location automobile, qui a
publié ses résultats annuels mardi, a vu son "corporate Ebitda
ajusté" - soit son résultat opérationnel courant après certains
ajustements - chuter de 15% à 278 millions d'euros tandis que son
résultat net a été pratiquement divisé par deux, hors éléments
exceptionnels, à 38 millions d'euros.
Dans un entretien accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, la présidente
du directoire, Caroline Parot, prévoit que les programmes de
réductions du coût et l'ajustement de la flotte à la conjoncture
permettront d'améliorer les résultats en 2020. La dirigeante
indique également que le groupe suit avec vigilance l'évolution du
coronavirus et se prépare à ses potentielles répercussions sur son
activité.
Agefi-Dow Jones: L'année 2019 a été marquée par des résultats en
baisse et un avertissement majeur en octobre. Comment comptez-vous
corriger le tir en 2020 ?
Caroline Parot: "Nous avons été pénalisés en 2019 par une
croissance plus faible en Europe que lors des précédentes années.
Le groupe visualise désormais mieux cet environnement
macroéconomique moins favorable. Nous avons pris des mesures
prudentes pour adapter notre flotte à cette conjoncture dégradée et
être ainsi sélectifs sur la qualité de nos revenus. Depuis le
quatrième trimestre, nous déployons nos plans de réductions de
coûts. Le premier plan consiste à rationaliser nos fonction
supports en les regroupant. Le deuxième plan a trait à la gestion
du réseau et se traduira cette année par son adaptation à
l'évolution du marché. Nous comptons par ailleurs réduire de façon
significative les pertes de la division Mobilité Urbaine
[autopartage, services VTC, NDLR] grâce à la croissance du chiffre
d'affaires et au développement de synergies avec l'ensemble du
groupe".
Quel impact financier attendez-vous de ces initiatives ?
C.P : "Nous tablons sur des économies brutes comprises entre 50
millions et 60 millions d'euros cette année. Une partie de ces
économies sera néanmoins absorbée par des effets d'inflation sur
les salaires, les prix des véhicules, qui sont plus coûteux car
plus électriques, ou encore la fiscalité. Ces hausses de coûts
devraient représenter une trentaine de millions d'euros. Les
économies nettes attendues se situent donc entre 20 et 30 millions
d'euros. Ces réductions de coûts permettront d'améliorer notre
excédent brut d'exploitation (Ebitda) et notre résultat net alors
que la croissance organique devrait être limitée en 2020,
probablement proche de 1%.
Votre avertissement sur résultats d'octobre était en grande partie
lié aux interrogations sur le Brexit. Craignez-vous que 2020 soit
aussi pénalisé par ces incertitudes ?
C.P : "La moitié de la baisse de l'excédent brut d'exploitation
entre le troisième trimestre 2019 et la période correspondante de
2018 était effectivement due au Brexit sur notre périmètre
britannique, car les clientèles entreprises et loisirs faisaient
preuve d'attentisme. Après la sortie de l'Union européenne en
janvier, des interrogations demeurent sur les futurs accords
commerciaux entre le Royaume-Uni et l'Europe. Ces incertitudes sont
toutefois moins élevées que l'an passé. Nous constatons que
l'Angleterre reprend son souffle, repartant sur une meilleure
dynamique. Reste à savoir quelle sera la croissance du Royaume-Uni
par rapport à l'Europe continentale".
La propagation du coronavirus s'accélère. Redoutez-vous ses
conséquences sur votre activité ?
C.P: "Jusqu'à la semaine dernière, nous ne voyions aucun impact car
nous n'opérons pas en Asie. Mais les développements en Italie ont
fait monter la tension d'un cran. Nous surveillons attentivement la
situation bien qu'à l'heure actuelle, il soit encore impossible
d'évaluer l'impact sur notre activité. Notre priorité reste
d'informer et d'aider nos collaborateurs ainsi que nos clients.
Comme les autres acteurs du tourisme, nous ne serions pas épargnés
par les conséquences économiques d'une pandémie. Nous nous y
préparons malgré tout d'arrache-pied. Cette crise sanitaire
survient en début d'année, ce qui nous laisse des marges de
manoeuvre pour adapter notre flotte et anticiper ses conséquences
potentielles".
Eurazeo mène une revue pour céder tout ou partie de sa
participation de 30% dans Europcar. A quel stade se situe cette
opération ?
C.P: "Le processus suit son cours et reste sous la houlette
d'Eurazeo. Dans l'intérêt de notre groupe et de celui de ses
parties prenantes, je souhaite bien sûr qu'à l'issue de ce
processus, nous ayons à nos côtés un nouvel actionnaire pour
accompagner notre transformation. Nous n'avons pas de visibilité
sur le calendrier mais j'espère que l'opération pourra être achevée
d'ici à la fin du premier semestre".
Regrettez-vous que cette revue ait été lancée peu après votre
alerte sur résultats ?
C.P: "Je n'ai pas à me prononcer sur ce choix de l'actionnaire. Le
lancement de cette revue stratégique a surpris le marché et
renforcé des incertitudes qu'il a fallu lever auprès des
investisseurs. Tout cela est désormais derrière nous".
-Propos recueillis par Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41
27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH
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