TOKYO/PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le printemps était censé marquer un nouveau départ pour l'alliance entre les constructeurs automobiles Renault et Nissan. Les dirigeants des deux groupes espéraient gagner l'attention des investisseurs en livrant une vision pour les trois prochaines années, étayée par des projections détaillées sur les bénéfices et les ventes.



Mais avec des ventes qui s'évaporent et la plupart de leurs usines fermées en raison de la pandémie de Covid-19, les dirigeants des deux entreprises naviguent désormais à vue sans pouvoir anticiper le retour à la normal de leur activité. "Je ne suis pas sûr qu'en 2020, un seul constructeur automobile puisse établir un budget précis", a affirmé Makoto Uchida, le directeur général de Nissan, lors d'un entretien accordé au Wall Street Journal.



La pandémie vient heurter de plein fouet une alliance déjà chancelante. Et il n'existe pas de remède immédiat. "La situation est très claire : nous n'avons aucun revenu parce que nous ne vendons rien", a déclaré Jean-Dominique Senard, le président du conseil d'administration de Renault, dans un entretien au Wall Street Journal.



En mars, les ventes de Nissan ont chuté de 48% aux Etats-Unis, les acheteurs restant chez eux pour éviter le virus. Les nouvelles immatriculations de Renault en France, son plus important marché, ont chuté de 72% le mois dernier, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Le mois d'avril devrait être encore pire et personne ne sait à quoi mai pourrait ressembler.



Un valorisation boursière qui ne satisfait pas les deux groupes



Pour l'instant, aucune des deux entreprises ne voit l'intérêt de produire davantage de voitures, même dans les pays où les usines sont autorisées à fonctionner. Renault a fermé tous ses sites pour une durée indéterminée, sauf en Chine et en Corée du Sud, où les usines ont repris le travail. Nissan a fermé toutes ses sites sauf ceux de Chine et du Japon, où certains fonctionnent avec une capacité réduite.



Pourtant, les dirigeants de Renault et Nissan ont jugé que même en temps de crise, il était judicieux d'établir des plans à plus long terme, pour assurer aux salariés et aux investisseurs que l'Alliance aurait un avenir, une fois que la pandémie se sera calmée. Les membres de l'Alliance ont toujours l'intention d'annoncer leur programme pour les trois prochaines années à la mi-mai.



"Si le plan n'est pas bien démontré et digéré, alors le cours de l'action ne redécollera pas et le monde ne croira pas au redressement de Nissan", a déclaré Makoto Uchida.



Les dirigeants de Nissan et de Renault prévoient de mettre fin aux produits et aux activités qui n'ont que peu d'espoir de devenir rentables. Cela devrait se traduire par la fermeture des usines de Nissan en Espagne tandis que Renault devrait retirer sa marque éponyme du marché chinois, selon des sources proches du dossier. Les travaux de recherche et d'ingénierie seront divisés pour éviter les doublons.



Des milliards d'euros d'économies sont prévus, en partie grâce à un doublement de la proportion de pièces que les deux entreprises se partagent, à 75% voire 80%. "Nous ne sommes pas du tout satisfaits de la valorisation en Bourse de nos deux entreprises", a déclaré Jean-Dominique Senard. "Nous sommes déterminés à sortir de cette situation", a-t-il ajouté.



Des réserves de liquidités



Jean-Dominique Senard a affirmé qu'il pensait que Renault pouvait surmonter une récession, et que les analystes s'accordaient à dire qu'aucune des deux sociétés ne risquait de manquer de liquidités dans l'immédiat.



Renault bénéficie des aides du gouvernement français en ayant recours au chômage partiel pour certains salariés de la région parisienne. Le constructeur français a également accès à des prêts garantis par l'État en France et à une ligne de crédit de 3,5 milliards d'euros qu'il n'a pas encore mobilisée. Nissan dispose de lignes de crédit non tirées d'environ 11 milliards d'euros.



Jean-Dominique Senard a prédit qu'à un moment donné, les ventes de voitures redémarreraient. Mais en cas de récession prolongée, a-t-il dit, "nous testerions les limites d'un monde nouveau".



-Sean McLain et Nick Kostov, The Wall Street Journal



(Version française Julien Marion) ed: VLV



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April 06, 2020 02:22 ET (06:22 GMT)




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