ELIOR Elior Group

Julien Marion,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--La livraison d'Elior n'a pas laissé les investisseurs sur leur faim. Le groupe de restauration collective a publié mercredi les résultats de son exercice 2018-2019, qualifiés "d'encourageants" par JPMorgan Cazenove. Recentré sur son coeur de métier après avoir cédé au fonds PAI Partners ses activités de restauration de concessions en juillet, Elior a déjoué les pronostics les plus pessimistes en atteignant ses objectifs. Le marché, qui avait manifesté des craintes en amont de cette publication, savoure : vers 15h30, l'action Elior gagne 8,5%.

Le groupe de restauration collective a donné plusieurs motifs de satisfactions au marché. Les revenus ont reculé de 0,8% en données organiques sur l'ensemble de l'exercice 2018-2019, soit vingt points de base de mieux que l'objectif du groupe et que le consensus des analystes, note Goldman Sachs.

Le redressement des marges enclenché

Surtout, Elior a tenu la trajectoire promise au marché sur ses marges. Le groupe a réussi à maintenir sur un an sa marge d'Ebita ajusté - le résultat opérationnel courant retraité de certains éléments comptables - à 3,6%. Bryan Garnier jugeait "légèrement ambitieux" l'objectif de stabilisation de la marge, au vu notamment de la contraction de 40 points de base accusée au premier semestre. Elior a réussi à compenser ce repli en deuxième partie d'exercice, la France, qui représente 45% des revenus, ayant largement contribué à cette amélioration.

La société a confirmé qu'au total, elle comptait distribuer jusqu'à 350 millions d'euros à ses actionnaires d'ici à 2021, sous forme de rachats d'actions ou de dividendes, en fonction des opportunités de croissance externe et de l'évolution de son cours de Bourse. A fin septembre, Elior avait déjà procédé à 50 millions d'euros de rachats d'actions. Ce qui laisse donc une enveloppe maximale de 300 millions d'euros pour les deux prochains exercices. Bernstein souligne qu'Elior est le seul groupe de restauration collective à promettre un retour aux actionnaires cette année.

Ces résultats 2018-2019, jugés "rassurants" par Barclays, posent de bonnes bases pour ce nouvel Elior, recentré sur la restauration collective. Le groupe "est clairement en meilleure situation aujourd'hui qu'il y a douze ou même six mois", juge un analyste. Bernstein approuve de son côté la stratégie, qui consiste à croître sans négliger l'amélioration des marges et le retour aux actionnaires. Compass, le rival britannique d'Elior, "a été puni [par le marché, NDLR]" pour avoir privilégier la croissance organique "au détriment des marges et du cash lors de la publication de ses résultats annuels", la semaine dernière, rappelle à ce titre le bureau d'études.

L'inconnue des grèves

Le marché, qui n'a pas oublié les avertissements sur résultats des deux précédents exercices, surveillera la bonne exécution de ses objectifs. Pour 2019-2020, Elior table sur une croissance organique de 2% et une amélioration de la marge d'Ebita ajusté de 10 points de base.

"L'objectif de croissance organique de 2% pour 2019-2020 peut paraître ambitieux et comporte des risques, d'autant que les sorties de contrat en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pèseront encore au premier trimestre", estime Florent Thy-Tine, analyste chez Midcap Partners. Oddo BHF considère de son côté que l'amélioration des marges enregistrée au deuxième semestre a marqué un "tournant opérationnel" qui "offre un bon degré de confiance dans les perspectives" pour l'exercice 2019-2020.

Elior fera face à une inconnue : les grèves en France, dont le coup d'envoi a lieu jeudi et dont il est impossible d'anticiper la durée. De fait, le directeur général, Philippe Guillemot, a indiqué aux analystes ne pas "avoir la moindre idée" de l'impact de ces débrayages. "Les grèves contre la réforme des retraites créeront forcément des coûts pour Elior qui ne seront pas totalement compensés. Si les débrayages durent quelques jours, cela ne devrait pas avoir de conséquences significatives. Sur plusieurs semaines en revanche, cela risque de peser sur l'activité en France", prévient Florent Thy-Thine de Midcap Partners.

Elior a rassuré le marché mercredi. Mais à 12,1 euros, l'action du groupe de restauration collective se rapproche de l'objectif de cours moyen des analystes, s'inscrivant à 12,6 euros selon FactSet.

En poursuivant sa bonne exécution malgré les incertitudes, Elior donnerait des arguments pour prolonger le rebond de ce jeudi et convaincre les investisseurs qu'il a effectivement "retrouvé la recette du succès", comme le clame Philippe Guillemot.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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December 04, 2019 09:52 ET (14:52 GMT)

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