Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les marges d'Elis se retrouvent dans de beaux draps. Le spécialiste de la blanchisserie industrielle a livré au début mars un objectif de marge d'Ebitda (excédent brut d'exploitation) inférieur aux attentes du marché pour 2019. Elis compte atteindre un taux compris entre 31,2% et 31,6%, contre 31,5% l'an passé.



Cette perspective décevante s'explique par l'inflation exceptionnelle à laquelle l'entreprise est confrontée sur sa base de coûts. Notamment au niveau de la main d'oeuvre : le salaire minimum a été revalorisé de 22% cette année en Espagne et respectivement de 4,9% et 4% au Royaume-Uni et en Allemagne. Or, environ les deux tiers des ouvriers des usines d'Elis sont payés au salaire minimum.



Cette inflation exceptionnelle devrait grever cette année la marge d'Ebitda d'environ 90 points de pourcentage, anticipe Elis. Le groupe entend compenser une partie de cet impact par l'amélioration de la productivité et la poursuite des synergies tirées de ses acquisitions. Le véritable défi consistera à répercuter cette l'inflation auprès des clients via des augmentations de tarifs. Elis estime pouvoir dégager un effet positif sur sa marge d'Ebitda de 20 à 60 points de base en actionnant ce levier. "L'atterrissage de la marge d'Ebitda en 2019 dépendra donc de la capacité du groupe à passer plus ou moins rapidement les hausses de prix", déduit Midcap Partners.



Un subtil jeu d'équilibriste



La tâche ne s'annonce guère aisée et le pouvoir de négociation du groupe sera mis à rude épreuve. Elis a engagé depuis le quatrième trimestre 2018 d'important efforts pour négocier ces hausses de prix avec ses clients. Le groupe traite des dizaines de milliers de contrats. Certains, notamment ceux pour les plus petits clients, comportent des clauses d'indexation. "Même lorsque vous avez une clause d'indexation des prix, vous n'allez pas forcément passer des hausses de 7% ou 8% à vos clients", explique Nicolas Buron, directeur des relations investisseurs à l'agence Agefi-Dow Jones. Le groupe doit trouver un subtil équilibre pour préserver ses marges en relevant ses tarifs, sans pour autant perdre des clients précieux sur le plan commercial.



Si la direction pense parvenir à moyen terme à repasser l'intégralité de l'inflation de sa base de coûts, un décalage temporel se matérialisera, selon l'issue des négociations. Lors d'une conférence avec les analystes, le président du directoire, Xavier Martiré, a donné l'exemple d'un important client au Royaume-Uni avec lequel l'augmentation des tarifs a été négociée en deux temps : 3,5% pour 2019 et 7,5% en 2020.



Féroce compétition en Espagne



"Ces négociations arrivent à un moment délicat du cycle", pointe Deutsche Bank. "Le ralentissement de la croissance devant avoir un impact sur la demande, Elis n'est pas nécessairement en position de force à la table des négociations selon la région", relève la banque. L'intermédiaire financier cite l'Allemagne, un marché très fragmenté et centré sur les prix où Elis ne détient que 8% de part de marché, selon l'intermédiaire. Le ralentissement prononcé de l'économie allemande complique de surcroît la situation.



Autre pays délicat : l'Espagne. Malgré une part de marché élevée d'environ 30%, Elis lutte contre de nombreux acteurs locaux qui poussent les prix vers le bas, dont certains ont recours au marché noir pour des prestations. Ce qui rend les augmentations de tarifs difficiles.



Les analystes prévoient une dilution des marges d'Elis au premier semestre 2019 avant un redressement pour les six mois suivants. "2019 devrait être une année de transition alors que 2020 pourrait afficher une nette amélioration des résultats", anticipe Midcap Partners.



Elis serait néanmoins inspiré de repousser les limites de son "pricing power" et de préserver par là même ses marges. En un an, le titre a perdu 27% et est quasi stable depuis le 1er janvier, sous-performant largement les indices CAC 40 et SBF 120, chacun en hausse de plus de 13,5%.



En se rapprochant le plus possible du haut de sa fourchette de marge d'Ebitda, le groupe se doterait d'un catalyseur. "Une réappréciation du titre pourrait alors être déclenchée car cela montrerait qu'ils auraient de l'avance pour 2020", juge un analyste. Elis s'éviterait alors une nouvelle année blanche en Bourse.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV



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April 01, 2019 04:17 ET (08:17 GMT)




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