Elis devra finement manier son "pricing power" pour repartir en Bourse - DJ Plus
01 Avril 2019 - 10:37AM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les marges d'Elis se retrouvent dans de
beaux draps. Le spécialiste de la blanchisserie industrielle a
livré au début mars un objectif de marge d'Ebitda (excédent brut
d'exploitation) inférieur aux attentes du marché pour 2019. Elis
compte atteindre un taux compris entre 31,2% et 31,6%, contre 31,5%
l'an passé.
Cette perspective décevante s'explique par l'inflation
exceptionnelle à laquelle l'entreprise est confrontée sur sa base
de coûts. Notamment au niveau de la main d'oeuvre : le salaire
minimum a été revalorisé de 22% cette année en Espagne et
respectivement de 4,9% et 4% au Royaume-Uni et en Allemagne. Or,
environ les deux tiers des ouvriers des usines d'Elis sont payés au
salaire minimum.
Cette inflation exceptionnelle devrait grever cette année la marge
d'Ebitda d'environ 90 points de pourcentage, anticipe Elis. Le
groupe entend compenser une partie de cet impact par l'amélioration
de la productivité et la poursuite des synergies tirées de ses
acquisitions. Le véritable défi consistera à répercuter cette
l'inflation auprès des clients via des augmentations de tarifs.
Elis estime pouvoir dégager un effet positif sur sa marge d'Ebitda
de 20 à 60 points de base en actionnant ce levier. "L'atterrissage
de la marge d'Ebitda en 2019 dépendra donc de la capacité du groupe
à passer plus ou moins rapidement les hausses de prix", déduit
Midcap Partners.
Un subtil jeu d'équilibriste
La tâche ne s'annonce guère aisée et le pouvoir de négociation du
groupe sera mis à rude épreuve. Elis a engagé depuis le quatrième
trimestre 2018 d'important efforts pour négocier ces hausses de
prix avec ses clients. Le groupe traite des dizaines de milliers de
contrats. Certains, notamment ceux pour les plus petits clients,
comportent des clauses d'indexation. "Même lorsque vous avez une
clause d'indexation des prix, vous n'allez pas forcément passer des
hausses de 7% ou 8% à vos clients", explique Nicolas Buron,
directeur des relations investisseurs à l'agence Agefi-Dow Jones.
Le groupe doit trouver un subtil équilibre pour préserver ses
marges en relevant ses tarifs, sans pour autant perdre des clients
précieux sur le plan commercial.
Si la direction pense parvenir à moyen terme à repasser
l'intégralité de l'inflation de sa base de coûts, un décalage
temporel se matérialisera, selon l'issue des négociations. Lors
d'une conférence avec les analystes, le président du directoire,
Xavier Martiré, a donné l'exemple d'un important client au
Royaume-Uni avec lequel l'augmentation des tarifs a été négociée en
deux temps : 3,5% pour 2019 et 7,5% en 2020.
Féroce compétition en Espagne
"Ces négociations arrivent à un moment délicat du cycle", pointe
Deutsche Bank. "Le ralentissement de la croissance devant avoir un
impact sur la demande, Elis n'est pas nécessairement en position de
force à la table des négociations selon la région", relève la
banque. L'intermédiaire financier cite l'Allemagne, un marché très
fragmenté et centré sur les prix où Elis ne détient que 8% de part
de marché, selon l'intermédiaire. Le ralentissement prononcé de
l'économie allemande complique de surcroît la situation.
Autre pays délicat : l'Espagne. Malgré une part de marché élevée
d'environ 30%, Elis lutte contre de nombreux acteurs locaux qui
poussent les prix vers le bas, dont certains ont recours au marché
noir pour des prestations. Ce qui rend les augmentations de tarifs
difficiles.
Les analystes prévoient une dilution des marges d'Elis au premier
semestre 2019 avant un redressement pour les six mois suivants.
"2019 devrait être une année de transition alors que 2020 pourrait
afficher une nette amélioration des résultats", anticipe Midcap
Partners.
Elis serait néanmoins inspiré de repousser les limites de son
"pricing power" et de préserver par là même ses marges. En un an,
le titre a perdu 27% et est quasi stable depuis le 1er janvier,
sous-performant largement les indices CAC 40 et SBF 120, chacun en
hausse de plus de 13,5%.
En se rapprochant le plus possible du haut de sa fourchette de
marge d'Ebitda, le groupe se doterait d'un catalyseur. "Une
réappréciation du titre pourrait alors être déclenchée car cela
montrerait qu'ils auraient de l'avance pour 2020", juge un
analyste. Elis s'éviterait alors une nouvelle année blanche en
Bourse.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV
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April 01, 2019 04:17 ET (08:17 GMT)
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