Carol Ryan,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les groupes de luxe ont été plus enclins en 2020 à renoncer à leurs projets qu'à viser de nouvelles acquisitions. Compte tenu de la trésorerie qui s'accumule au bilan des plus grands groupes du secteur et des pressions qui s'exercent sur les marques indépendantes pour augmenter leurs investissements, la tendance pourrait toutefois bientôt s'inverser.



Les opérations de fusion-acquisition dans le secteur ont évidemment ralenti durant la pandémie. Le mois de décembre a ménagé une exception, puisque le fabricant italien de doudounes haut de gamme Moncler a annoncé l'acquisition de Stone Island dans le cadre d'une transaction valorisant ce dernier à 1,2 milliard d'euros.



Mais dans l'ensemble, l'année 2020 a été placée sous le signe de la procédure judiciaire engagée par LVMH pour retirer son offre d'acquisition de 16 milliards de dollars sur le joaillier américain Tiffany, présentée avant la crise sanitaire. Les deux groupes ont finalement sauvé leur union, malgré une baisse de prix minime concédée à LVMH.



Les équipes de direction ont été bien trop occupées en 2020 à opérer toutes les réductions de coûts possibles et à stimuler leurs ventes en ligne pendant les périodes de confinement pour envisager de relever les défis inhérents au rachat d'une nouvelle marque.



Des entreprises comme Burberry, que les investisseurs considèrent habituellement comme des cibles potentielles, n'ont attiré aucun prétendant malgré un net repli de leur valorisation. Vu les variations de son Bourse, la maison de luxe britannique aurait pu, au mois de mars, être rachetée deux fois moins cher qu'en janvier.



Une montagne de cash et des opportunités



Reste que les poids lourds du luxe vont bientôt se trouver confrontés à leur grand dilemme habituel : trouver où placer les montagnes de cash qu'ils génèrent. D'ici à la fin 2021, les cinq premiers groupes cotés européens du secteur en termes de valorisation boursière afficheront une trésorerie nette cumulée d'environ 3 milliards d'euros, selon les estimations de FactSet.



Si Hermès ne cherche pas spécialement à investir les milliards inscrits à son bilan, des groupes comme LVMH ou Kering pourraient en revanche envisager quelques acquisitions.



Même après avoir avalé Tiffany, LVMH ne supportera qu'une dette nette d'environ une fois son excédent brut d'exploitation. Le groupe a su lors de précédentes crises économiques se montrer opportuniste. LVMH avait pris une participation dans Hermès en 2010, sans réussir pour autant à mettre la main sur la maison de luxe, et s'est offert le joaillier italien Bulgari en 2011, en rachetant le capital de la famille Bulgari.



De nouvelles opportunités pourraient se présenter en 2021 avec d'autres enseignes de luxe. Après la forte accélération du shopping numérique cette année, des marques cotées peu performantes, comme Tod's, ou bien des marques appartenant toujours à leur fondateur, comme Christian Louboutin, pourraient être amenées à s'interroger sur leur avenir en tant que sociétés indépendantes.



D'ici à cinq ans, le commerce électronique devrait générer près d'un tiers de la totalité des ventes mondiales de luxe, selon des estimations du cabinet de conseil Bain & Company. Même avant la pandémie, un écart important s'était creusé entre la solide performance commerciale de grandes marques comme Louis Vuitton et Gucci et la croissance bien moins impressionnante de bon nombre de plus petites maisons de luxe.



Sans investissement dans le numérique, les enseignes indépendantes continueront à perdre du terrain. Certaines préféreront peut-être rejoindre le giron de concurrents disposant d'une meilleure trésorerie. D'autres pourraient s'allier pour former de nouveaux conglomérats, suivant l'exemple de Moncler et Stone Island.



Pour l'heure, les acteurs du luxe s'efforcent de comprendre les changements qu'imprimera la crise sur le secteur. La pandémie a en tout cas amplifié l'urgence des besoins en termes d'échelle et de savoir-faire numérique. Moncler est peut-être un précurseur.



-Carol Ryan, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH - FXS



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



January 06, 2021 05:55 ET (10:55 GMT)




Copyright (c) 2021 L'AGEFI SA
Hermes (EU:RMS)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Hermes
Hermes (EU:RMS)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Hermes