En 2021, les géants du luxe seront à nouveau tentés par les acquisitions - DJ Plus
06 Janvier 2021 - 12:15PM
Dow Jones News
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les groupes de luxe ont été plus enclins
en 2020 à renoncer à leurs projets qu'à viser de nouvelles
acquisitions. Compte tenu de la trésorerie qui s'accumule au bilan
des plus grands groupes du secteur et des pressions qui s'exercent
sur les marques indépendantes pour augmenter leurs investissements,
la tendance pourrait toutefois bientôt s'inverser.
Les opérations de fusion-acquisition dans le secteur ont évidemment
ralenti durant la pandémie. Le mois de décembre a ménagé une
exception, puisque le fabricant italien de doudounes haut de gamme
Moncler a annoncé l'acquisition de Stone Island dans le cadre d'une
transaction valorisant ce dernier à 1,2 milliard d'euros.
Mais dans l'ensemble, l'année 2020 a été placée sous le signe de la
procédure judiciaire engagée par LVMH pour retirer son offre
d'acquisition de 16 milliards de dollars sur le joaillier américain
Tiffany, présentée avant la crise sanitaire. Les deux groupes ont
finalement sauvé leur union, malgré une baisse de prix minime
concédée à LVMH.
Les équipes de direction ont été bien trop occupées en 2020 à
opérer toutes les réductions de coûts possibles et à stimuler leurs
ventes en ligne pendant les périodes de confinement pour envisager
de relever les défis inhérents au rachat d'une nouvelle marque.
Des entreprises comme Burberry, que les investisseurs considèrent
habituellement comme des cibles potentielles, n'ont attiré aucun
prétendant malgré un net repli de leur valorisation. Vu les
variations de son Bourse, la maison de luxe britannique aurait pu,
au mois de mars, être rachetée deux fois moins cher qu'en
janvier.
Une montagne de cash et des opportunités
Reste que les poids lourds du luxe vont bientôt se trouver
confrontés à leur grand dilemme habituel : trouver où placer les
montagnes de cash qu'ils génèrent. D'ici à la fin 2021, les cinq
premiers groupes cotés européens du secteur en termes de
valorisation boursière afficheront une trésorerie nette cumulée
d'environ 3 milliards d'euros, selon les estimations de
FactSet.
Si Hermès ne cherche pas spécialement à investir les milliards
inscrits à son bilan, des groupes comme LVMH ou Kering pourraient
en revanche envisager quelques acquisitions.
Même après avoir avalé Tiffany, LVMH ne supportera qu'une dette
nette d'environ une fois son excédent brut d'exploitation. Le
groupe a su lors de précédentes crises économiques se montrer
opportuniste. LVMH avait pris une participation dans Hermès en
2010, sans réussir pour autant à mettre la main sur la maison de
luxe, et s'est offert le joaillier italien Bulgari en 2011, en
rachetant le capital de la famille Bulgari.
De nouvelles opportunités pourraient se présenter en 2021 avec
d'autres enseignes de luxe. Après la forte accélération du shopping
numérique cette année, des marques cotées peu performantes, comme
Tod's, ou bien des marques appartenant toujours à leur fondateur,
comme Christian Louboutin, pourraient être amenées à s'interroger
sur leur avenir en tant que sociétés indépendantes.
D'ici à cinq ans, le commerce électronique devrait générer près
d'un tiers de la totalité des ventes mondiales de luxe, selon des
estimations du cabinet de conseil Bain & Company. Même avant la
pandémie, un écart important s'était creusé entre la solide
performance commerciale de grandes marques comme Louis Vuitton et
Gucci et la croissance bien moins impressionnante de bon nombre de
plus petites maisons de luxe.
Sans investissement dans le numérique, les enseignes indépendantes
continueront à perdre du terrain. Certaines préféreront peut-être
rejoindre le giron de concurrents disposant d'une meilleure
trésorerie. D'autres pourraient s'allier pour former de nouveaux
conglomérats, suivant l'exemple de Moncler et Stone Island.
Pour l'heure, les acteurs du luxe s'efforcent de comprendre les
changements qu'imprimera la crise sur le secteur. La pandémie a en
tout cas amplifié l'urgence des besoins en termes d'échelle et de
savoir-faire numérique. Moncler est peut-être un précurseur.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH - FXS
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January 06, 2021 05:55 ET (10:55 GMT)
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