François Berthon,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Johnson & Johnson (J&J) est toujours aux prises avec l'affaire du talc pour bébé aux Etats-Unis. Le groupe pharmaceutique américain, qui produit également des produits d'hygiène et des cosmétiques, a révélé jeudi avoir reçu des demandes d'informations de la part du département américain de la Justice et de l'autorité américaine des marchés financiers (la Securities and Exchange Commission), concernant la sécurité de ses talcs.



Son fournisseur Imerys en revanche, a récemment pris des mesures visant à le mettre à l'abri de toute poursuite. A l'occasion de la publication le 13 février de ses comptes annuels, le leader mondial des spécialités minérales pour l'industrie a annoncé le placement des filiales regroupant ses activités talcs en Amérique du Nord sous la protection de la procédure judiciaire du "chapter 11" .



Le géant américain de la santé et son fournisseur Imerys font face depuis plusieurs années à une vague de plusieurs milliers de procès accusant le talc commercialisé par J&J de contenir de l'amiante et d'être à l'origine de cancers. Les deux groupes ont toujours affirmé, en s'appuyant sur des expertises indépendantes, y compris les contrôles effectués régulièrement par la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité fédérale sanitaire, que ces accusations étaient sans fondement. Pour autant, les plaintes ont continué de s'accumuler, dans un contexte de médiatisation croissante des contentieux liés au talc à usage cosmétique.



Cette recrudescence inquiétait de plus en plus les investisseurs, les filiales concernées éprouvant des difficultés croissantes à sécuriser la couverture des frais de défense au titre des assurances historiques. Compte tenu de la spécificité du système judiciaire américain, où les cabinets d'avocats font des actions de groupe un véritable business, la situation n'était plus tenable pour les filiales d'Imerys qui risquaient de consacrer tous leurs moyens à financer leur défense dans cette affaire de l'amiante, fondée ou non. Neutraliser tous les risques qui y étaient associés était devenu nécessaire.



Vers un règlement "dérisqué" des litiges liés au talc



La procédure du Chapter 11 suspend immédiatement les contentieux en cours liés au talc aux Etats-Unis. "Les filiales en question se trouvent en quelque sorte 'délestées' du poids et des coûts de la défense de ces contentieux devant des tribunaux. Ils vont tous être concentrés et gérés au sein d'une structure ad hoc dont les contours seront dessinés au cours des prochains mois", explique Vincent Gouley, responsable des relations investisseurs d'Imerys. Ce sera l'objet de la négociation qui aura lieu autour d'un plan de poursuite d'activité, avec les représentants des plaignants actuels et futurs, sous l'égide d'un tribunal fédéral unique.



Désormais, tout nouveau plaignant "ne pourra plus lancer de contentieux séparé, mais verra sa requête traitée suivant les conditions de la solution globale", poursuit Vincent Gouley.



Le processus à un coût pour Imerys estimé de 250 millions d'euros, provisionné dans les comptes 2018 du groupe, en complément de 17 millions de charges encourues sur le même exercice. La somme est importante mais "le marché devrait peu à peu se consoler avec un potentiel règlement des litiges américains sur le talc", estime Oddo BHF. "Cela met un terme un l'incertitude, sur ce dossier, c'est extrêmement positif", se réjouit pour sa part Félix Brunotte, analyste en charge des valeurs de construction chez AlphaValue.



Pour ce dernier, la solution apportée à l'affaire du talc est la nouvelle que le marché attendait, et l'analyste "ne voit pas ce qui pourrait empêcher désormais le cours de poursuivre sa revalorisation". D'autant que le groupe a aussi résolu deux autres dossiers. Il s'est d'une part retiré du marché des proppants céramiques, utilisés pour maintenir la roche ouverte dans les puits non conventionnels. La division était déficitaire, la demande des producteurs s'étant concentrée sur l'usage de sables moins onéreux. D'autre part, Imerys a mis un terme aux pertes opérationnelles liées à sa mine de graphite en Namibie avec la "mise sous cocon" de cette activité, se traduisant par des dépréciations et coûts de restructuration de 78 millions d'euros.



"Arrivé en mai 2018, Conrad Keijer, le nouveau directeur général, n'a pas perdu de temps pour apporter des solutions aux problèmes des proppants céramique, de la mine de graphite en Namibie, et du talc", souligne ainsi Oddo BHF.



Une nouvelle situation dont le marché n'a apparemment pas pris toute la mesure. Bien orientée depuis le début de l'année, l'action Imerys a amplifié sa hausse après la publication des résultats 2018 du leader mondial des spécialités minérales pour l'industrie. Avec un cours autour de 50 euros, les sommets de février 2018 à plus de 87 euros sont encore loin. Mais les comptes annuels ont potentiellement apporté des réponses à des questions clés qui empoisonnent le titre depuis un an.



-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



February 25, 2019 04:38 ET (09:38 GMT)




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