Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--"Une amitié née des affaires vaut mieux qu'une affaire née de l'amitié". Marc Ladreit de Lacharrière et Jean-Charles Naouri, deux amis de plus de trente ans, se rappellent les préceptes de la famille Rockefeller. Lundi, la société d'investissement Fimalac, contrôlée par le premier, a accordé une ligne de crédit à Rallye, la maison mère du distributeur Casino, fondé et dirigé par le second.



Cette opération intervient alors que l'action Casino perd 16% depuis le début de l'année dans un contexte économique et boursier chahuté par la crise sanitaire du Covid-19.



La ligne de crédit, dont le montant ne dépassera pas 215 millions d'euros, pourra être utilisée par Rallye ou par ses sociétés de tête Foncie re Euris, Finatis et Euris, pour racheter à tout moment des dérivés qui sont garantis par 8,73% du capital de Casino, soit 9,5 millions d'actions. La maturité de ce financement sera de quatre années, prorogeable d'un an sous réserve de l'accord de Fimalac.



Conformément à l'accord conclu entre Fimalac et Rallye, les établissements financiers parties aux opérations de dérivés peuvent, le cas échéant, prononcer l'exigibilité anticipée des opérations de dérivés ou exiger le paiement de leurs créances au titre des opérations de dérivés et réaliser les sûretés y afférentes.



En jeu: 8,7% du capital de Casino



Cet accord a été scellé alors que Rallye craint que le ratio de couverture lié à ces opérations de dérivés ne soit plus respecté, ce qui pourrait entraîner la perte de 8,73% du capital de Casino.



Le 2 mars, Rallye avait noué un accord quasiment identique avec la société EP Investment, contrôlée par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, qui possède par ailleurs 6,88% du capital de Casino par l'intermédiaire de son fonds Vesa Equity. Mais selon une source proche du dossier, le financement accordé par EP Investment n'apportait pas assez de garanties "sur le plan de la réactivité". "L'accord obtenu par Rallye avec Fimalac annoncé lundi se substitue donc à celui entériné au début du mois de mars avec EP Investment", ajoute cette même source. Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole de EP Investment n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations.



Fimalac dans le rôle du "chevalier blanc"



Les analystes de Kepler Cheuvreux qualifient Fimalac de "chevalier blanc". "Nous pensons que Jean-Charles Naouri craignait de perdre le contrôle de Casino si EP Investment récupérerait 8,73% du capital du distributeur en cas de rupture du ratio de couverture et qu'il a demandé le soutien de Marc Ladreit de Lacharrière", explique Kepler Cheuvreux. Fimalac détient à ce jour 2,8 millions d'actions Casino, représentant 2,6% de son capital. Jean-Charles Naouri espère aussi probablement empêcher toute prise de contrôle "rampante" de Casino par Daniel Kretinski ou par un tiers.



Un analyste basé à Londres estime pour sa part que "Fimalac permet surtout à Jean-Charles Naouri de sécuriser le maintien dans son empire des actions Casino nanties dans le cadre des accords de dérivés, en respect de la procédure de sauvegarde de Rallye". L'accord présenté lundi précise en effet, que si la ligne de crédit accordée par Fimalac était utilisée pour racheter des dérivés, les actions attenantes aux dérivés seraient logées dans une fiducie.



"Dans l'hypothèse où les établissements financiers concernés réaliseraient leurs sûretés et appréhenderaient les actions Casino nanties à leur profit, Fimalac s'est engagé à financer la société Par-Bel 2 afin que celle-ci puisse offrir une liquidité aux établissements financiers concernés qui auraient appréhendé des actions Casino", ont indiqué Fimalac et Rallye dans leur communiqué. Par-Bel 2 est la société qui portera le financement.



"Dans une telle hypothèse, les actions ainsi acquises seraient directement transférées dans une fiducie-sûreté au bénéfice de Fimalac en garantie du financement consenti à Par-Bel 2", poursuite le communiqué.



Fimalac pourra aussi investir dans Euris



Fimalac dispose également de la faculté pendant une durée de sept années d'investir à hauteur de 49,99% dans Euris par l'intermédiaire d'une nouvelle société holding qui serait détenue par Jean-Charles Naouri et sa famille et contrôlera Euris, selon les deux entreprises.



Jean-Charles Naouri proposera la nomination d'un représentant de Fimalac au conseil d'administration du distributeur lors de sa prochaine assemblée générale. Marc Ladreit de Lacharrière, déjà administrateur de Casino entre 2003 et 2016, fait figure de favori pour occuper ce siège. Depuis 2001, Jean-Charles Naouri siège au conseil d'administration de Fimalac. Le deux amis auraient donc une nouvelle occasion de se retrouver à la même table.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH



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March 30, 2020 11:16 ET (15:16 GMT)




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