Eurofins doit maîtriser sa dette et contredire les craintes sur sa croissance -DJ Plus
08 Février 2019 - 10:01AM
Dow Jones News
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Eurofins peine à retrouver la
faveur des investisseurs. Le titre, qui cède près de 3% ce
vendredi, a perdu plus de 40% par rapport au plus haut historique
de 559,8 euros du 30 octobre 2017.
Le marché n'attend pas de mauvaise surprise pour les résultats
annuels du prestataire de services bio-analytiques qui seront
publiés le 5 mars. Le consensus Factset des analystes table sur un
chiffre d'affaires de 3,79 milliards d'euros et un EBITDA (excédent
brut d'exploitation) de 699 millions d'euros, en ligne avec les
prévisions du groupe.
Un important effet de levier
En revanche, le titre fait les frais depuis l'an dernier d'une
défiance généralisée à l'égard des entreprises présentant un effet
de levier important. "Tout ce qui affiche un endettement de plus de
3 fois l'EBITDA est massivement vendu par les gestions depuis l'an
dernier, sans distinctions sur les raisons de cet endettement",
note Nicolas Tabor, analyste chez Mainfirst. Au point qu'Eurofins
apparaît même parmi les valeurs les plus "shortées" de la place
parisienne, avec des positions vendeuses représentant 6% de son
capital, selon des données disponibles auprès de l'Autorité des
marchés financiers.
De plus, si l'on ajoute le milliard de dette hybride qui n'est pas
inclus dans la dette nette, l'endettement du groupe monte trois
milliards d'euros, au lieu de deux milliards d'euros.
"Mécaniquement, le ratio d'endettement passe de moins de 3 fois à
plus de 4 fois, ce qui a pu faire peur à certains intervenants de
marché", ajoute Nicolas Tabor.
L'effet de levier est dans l'ADN d'Eurofins, dont le taux de
croissance moyen du chiffre d'affaires de 30% sur 20 ans, découle
d'une politique de croissance externe dynamique. Le groupe a
construit à coups d'acquisitions ses positions de leader mondial,
d'abord dans le contrôle alimentaire et environnemental, puis dans
les services précliniques et le contrôle des produits
pharmaceutiques.
Habitué aux opérations ciblées dites "bolt on" sur de petits
laboratoires, Eurofins a changé de braquet avec les rachats de
l'américain EAG pour 780 millions de dollars fin 2017, suivi par
celui début 2018 d'un autre américain, Covance Food Solutions, pour
670 millions de dollars. Il a ensuite repris TestAmerica, société
américaine spécialisée dans les analyses environnementales, pour
175 millions de dollars.
Avec ces acquisitions parmi les plus grosses de son histoire,
Eurofins a atteint une taille critique sur ses métiers, le groupe
disposant de positions de leader ou co-leader sur ses principaux
marchés en Europe et en Amérique du Nord.
Débat sur le ralentissement de la croissance
Depuis plusieurs mois, Eurofins affirme que sa boulimie
d'acquisitions va ralentir. Mais en tentant de rassurer sur son
endettement, le groupe a inquiété certains opérateurs sur sa
croissance future. Dans une note publiée en novembre, Morgan
Stanley a estimé que la croissance organique du groupe devrait
sous-performer celle de ses comparables du secteur TIC (Testing,
Inspection, Certification) en 2019. L'intermédiaire financier
craint que le groupe perde sa prime de valorisation par rapport aux
sociétés comparables telles que Bureau Veritas et Applus.
Mais l'opinion tranchée de la banque américaine est loin de faire
l'unanimité parmi les analystes. Le cabinet de recherche
indépendant AlphaValue voit au contraire d'un œil positif
l'intention de réduire considérablement la voilure en matière de
croissance externe à compter de cette année, "pour se concentrer
davantage sur les synergies avec les sociétés récemment
acquises".
De son côté, Berenberg considère que "les inquiétudes concernant la
croissance organique sont exagérées". Le courtier ne croit pas que
la croissance organique du groupe dépende de l'acquisition de
sociétés à croissance plus rapide. Au contraire, grâce à
l'augmentation des volumes d'échantillons traités par les
laboratoires nouvellement acquis, la société dispose d'un
"important levier opérationnel", sur ses résultats selon le
broker.
Optimisation des marges
"L'activité d'Eurofins repose sur le volume d'analyses réalisées.
Les revenus du groupe sont très résilients quel que soit
l'environnement économique", explique Nicolas Tabor, de Mainfirst.
Bien que la croissance organique de la société tende à ralentir
depuis deux ans, "les sous-jacents du marché sont très solides, et
les investissements en cours devraient se répercuter très
positivement sur les marges", souligne l'intermédiaire
financier.
Les dépenses d'investissement ("capex") du groupe représentent 9%
de son chiffre d'affaires, un niveau très au-dessus de celui de ses
concurrents. Cet effort doit permettre une plus grande
automatisation des tests dans ses laboratoires, avec un effet
d'échelle et la concentration sur de grandes plateformes régionales
pour les tests de spécialités.
Il sera trop tôt pour observer les pleins effets de cette
optimisation des marges sur les laboratoires dernièrement acquis
dans les résultats 2018. Leur publication sera en tout cas
l'occasion de rassurer sur les équilibres financiers, et de
vérifier notamment que le levier d'endettement (ratio dette nette
sur EBITDA) reste inférieur à la limite de 3,5 fois que le groupe
s'est fixée.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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