Europcar devra comprimer ses coûts pour voir le bout de son tunnel boursier - DJ Plus
24 Octobre 2019 - 12:50PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'été fut désastreux pour Europcar
Mobility Group. Mercredi soir, le loueur automobile a été contraint
de lancer un sévère avertissement sur résultats, après un troisième
trimestre où l'activité s'est avérée bien inférieure aux attentes
de la direction.
Le groupe dirigé par Caroline Parot a drastiquement réduit sa
prévision de rentabilité. Il table désormais sur un Corporate
Ebitda ajusté - le résultat opérationnel courant ajusté des
intérêts, amortissements et dépréciations non liées à la flotte --
compris entre 305 millions et 315 millions d'euros, hors Urban
Mobility (VTC, autopartage, services de chauffeurs personnels..).
Europcar comptait auparavant atteindre un chiffre supérieur à 375
millions d'euros. "L'ampleur de cet avertissement est important",
constate Société Générale.
En conséquence, le marché punit la valeur: en fin de matinée, le
titre Europcar Mobility Group s'effondre de 32,4% à 3,29 euros, son
plus bas historique, pratiquement quatre fois inférieur à son cours
d'introduction en 2015.
Victime collatérale du Brexit
Europcar Mobility Group a expliqué avoir subi au troisième
trimestre les incertitudes liées au Brexit, alors que le
Royaume-Uni pesait pour un peu plus de 13% du chiffre d'affaires
l'an passé. Le contexte anxiogène lié à la sortie de l'Union
européenne par le Royaume-Uni a eu des répercussions sur l'économie
locale qui se sont amplifiées sur la période, a expliqué Caroline
Parot, la présidente du directoire, lors d'une conférence avec des
analystes. De même, l'activité en Irlande a été bien plus faible
que prévu. Au total, Europcar estime que l'ensemble
Royaume-Uni-Irlande a pesé pour 45% de la baisse du Corporate
Ebitda ajusté hors Urban Mobility au troisième trimestre, soit 10
millions d'euros.
Europcar a également souffert dans le reste de l'Europe. Le groupe
a invoqué un ralentissement économique qui s'est soldé par des
volumes moins fort qu'anticipé. En conséquence, Europcar a subi des
pressions tarifaires intenses, notamment en Espagne et en Italie où
sa division low-cost a essuyé une baisse de 4,2% de son chiffre
d'affaires par jour de location. Europcar a particulièrement pâti
d'une détérioration des volumes sur la clientèle affaires, qui
représente traditionnellement 30% des revenus au troisième
trimestre. Le loueur a beau avoir mis en place des actions de
réductions de coûts, le Corporate Ebitda ajusté hors Urban Mobility
a reculé de 8% par rapport au troisième trimestre 2018.
Le quatrième trimestre s'annonce morose. Europcar Mobility Group a
indiqué que son Corporate Ebitda ajusté hors Urban Mobility se
replierait de 10 à 20 millions d'euros par rapport à la même
période de l'an passé.
Une faible visibilité à court terme
Europcar promet de rectifier le tir l'année prochaine. Caroline
Parot a assuré que la société de location adapterait sa flotte et
ses ambitions à l'environnement économique dégradé et qu'elle
réduirait ses coûts de sorte à démontrer sa flexibilité. Europcar a
déjà lancé plusieurs initiatives de réductions de coûts - dont un
élargissement du programme HQ 2020 visant les fonctions support -
qui doivent générer des économies brutes de 60 millions d'euros
d'ici à la fin 2020. A plus long terme, la dirigeante a affirmé que
l'exécution du plan stratégique SHIFT 2023 devait permettre à la
société de réduire une saisonnalité guère appréciée par les
investisseurs, le troisième trimestre comptant pour environ 80% des
résultats financiers.
Avec un tel avertissement, Europcar a perdu beaucoup de crédit
auprès d'un marché déjà méfiant. "La valeur est probablement 'dead
money' [avec un potentiel nul, NDLR] jusqu'à ce qu'ils annoncent
quelque chose de positif", lâche un analyste.
Oddo BHF pointe "l'absence d'une visibilité suffisante sur le
rebond des résultats en raison d'une conjoncture incertaine".
Malgré la faible valorisation du groupe en Bourse, l'opérateur a
ainsi abaissé jeudi sa recommandation d'"achat" à "neutre". Pour
les mêmes raisons, Société Générale est passé d'"acheter" à
"conserver". Morgan Stanley estime que le groupe a peu de chances
de regagner en crédibilité sur l'évolution de ses résultats d'ici à
un an.
De manière générale, les analystes sont préoccupés par le niveau
d'endettement d'Europcar, attendu à environ 1 milliard d'euros à la
fin 2019. Ce niveau correspond à moins de trois fois le Corporate
Ebitda ajusté, hors acquisition de l'américain Fox Rent A Car.
Pour tenter d'enrayer cette crise de confiance, Europcar Mobility
Group devra présenter en début d'année prochaine de sérieuses
avancées dans ses programmes de réductions de coûts, ainsi que des
perspectives crédibles pour 2020, exercice pour lequel Caroline
Parot promet une amélioration des marges. En attendant, Europcar
mènera une série de rencontre avec les investisseurs ('roadshows')
au cours des prochains jours.
Eurocpar Mobility Group risque de parcourir un long tunnel boursier
avant que la lumière n'apparaisse à nouveau pour ses
actionnaires.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
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