Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'été fut désastreux pour Europcar Mobility Group. Mercredi soir, le loueur automobile a été contraint de lancer un sévère avertissement sur résultats, après un troisième trimestre où l'activité s'est avérée bien inférieure aux attentes de la direction.



Le groupe dirigé par Caroline Parot a drastiquement réduit sa prévision de rentabilité. Il table désormais sur un Corporate Ebitda ajusté - le résultat opérationnel courant ajusté des intérêts, amortissements et dépréciations non liées à la flotte -- compris entre 305 millions et 315 millions d'euros, hors Urban Mobility (VTC, autopartage, services de chauffeurs personnels..). Europcar comptait auparavant atteindre un chiffre supérieur à 375 millions d'euros. "L'ampleur de cet avertissement est important", constate Société Générale.



En conséquence, le marché punit la valeur: en fin de matinée, le titre Europcar Mobility Group s'effondre de 32,4% à 3,29 euros, son plus bas historique, pratiquement quatre fois inférieur à son cours d'introduction en 2015.



Victime collatérale du Brexit



Europcar Mobility Group a expliqué avoir subi au troisième trimestre les incertitudes liées au Brexit, alors que le Royaume-Uni pesait pour un peu plus de 13% du chiffre d'affaires l'an passé. Le contexte anxiogène lié à la sortie de l'Union européenne par le Royaume-Uni a eu des répercussions sur l'économie locale qui se sont amplifiées sur la période, a expliqué Caroline Parot, la présidente du directoire, lors d'une conférence avec des analystes. De même, l'activité en Irlande a été bien plus faible que prévu. Au total, Europcar estime que l'ensemble Royaume-Uni-Irlande a pesé pour 45% de la baisse du Corporate Ebitda ajusté hors Urban Mobility au troisième trimestre, soit 10 millions d'euros.



Europcar a également souffert dans le reste de l'Europe. Le groupe a invoqué un ralentissement économique qui s'est soldé par des volumes moins fort qu'anticipé. En conséquence, Europcar a subi des pressions tarifaires intenses, notamment en Espagne et en Italie où sa division low-cost a essuyé une baisse de 4,2% de son chiffre d'affaires par jour de location. Europcar a particulièrement pâti d'une détérioration des volumes sur la clientèle affaires, qui représente traditionnellement 30% des revenus au troisième trimestre. Le loueur a beau avoir mis en place des actions de réductions de coûts, le Corporate Ebitda ajusté hors Urban Mobility a reculé de 8% par rapport au troisième trimestre 2018.



Le quatrième trimestre s'annonce morose. Europcar Mobility Group a indiqué que son Corporate Ebitda ajusté hors Urban Mobility se replierait de 10 à 20 millions d'euros par rapport à la même période de l'an passé.



Une faible visibilité à court terme



Europcar promet de rectifier le tir l'année prochaine. Caroline Parot a assuré que la société de location adapterait sa flotte et ses ambitions à l'environnement économique dégradé et qu'elle réduirait ses coûts de sorte à démontrer sa flexibilité. Europcar a déjà lancé plusieurs initiatives de réductions de coûts - dont un élargissement du programme HQ 2020 visant les fonctions support - qui doivent générer des économies brutes de 60 millions d'euros d'ici à la fin 2020. A plus long terme, la dirigeante a affirmé que l'exécution du plan stratégique SHIFT 2023 devait permettre à la société de réduire une saisonnalité guère appréciée par les investisseurs, le troisième trimestre comptant pour environ 80% des résultats financiers.



Avec un tel avertissement, Europcar a perdu beaucoup de crédit auprès d'un marché déjà méfiant. "La valeur est probablement 'dead money' [avec un potentiel nul, NDLR] jusqu'à ce qu'ils annoncent quelque chose de positif", lâche un analyste.



Oddo BHF pointe "l'absence d'une visibilité suffisante sur le rebond des résultats en raison d'une conjoncture incertaine". Malgré la faible valorisation du groupe en Bourse, l'opérateur a ainsi abaissé jeudi sa recommandation d'"achat" à "neutre". Pour les mêmes raisons, Société Générale est passé d'"acheter" à "conserver". Morgan Stanley estime que le groupe a peu de chances de regagner en crédibilité sur l'évolution de ses résultats d'ici à un an.



De manière générale, les analystes sont préoccupés par le niveau d'endettement d'Europcar, attendu à environ 1 milliard d'euros à la fin 2019. Ce niveau correspond à moins de trois fois le Corporate Ebitda ajusté, hors acquisition de l'américain Fox Rent A Car.



Pour tenter d'enrayer cette crise de confiance, Europcar Mobility Group devra présenter en début d'année prochaine de sérieuses avancées dans ses programmes de réductions de coûts, ainsi que des perspectives crédibles pour 2020, exercice pour lequel Caroline Parot promet une amélioration des marges. En attendant, Europcar mènera une série de rencontre avec les investisseurs ('roadshows') au cours des prochains jours.



Eurocpar Mobility Group risque de parcourir un long tunnel boursier avant que la lumière n'apparaisse à nouveau pour ses actionnaires.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



October 24, 2019 06:30 ET (10:30 GMT)




Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA