Excessivement attaqué, Publicis lie son destin boursier à Epsilon - DJ Plus
19 Juillet 2019 - 4:38PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Publicis porteur attitré de la lanterne
rouge. Déjà unique baisse du CAC 40 en 2017 comme en 2018, le titre
du groupe publicitaire accuse désormais le plus fort repli de
l'indice depuis le début 2019.
Vendredi, la valeur a perdu jusqu'à 9,8%, à 42,65 euros, revenant
sur son niveau de la fin de l'année 2012, après que les dirigeants
ont révisé en baisse leur objectif de croissance du revenu net pour
l'exercice 2019. Publicis table désormais sur un revenu net
"globalement stable, sur une base organique" pour l'ensemble de
cette année, alors qu'il visait auparavant une croissance organique
supérieure à celle enregistrée en 2018, soit 0,8%.
Le numéro trois mondial de la publicité reste pénalisé par la
baisse des dépenses des annonceurs dans le segment de la publicité
traditionnelle aux Etats-Unis, son premier débouché. Aussi,
l'incursion des cabinets de conseil et des sociétés technologiques
américaines telles Facebook ou Google dans les métiers du marketing
engage les annonceurs à se détourner des agences traditionnelles au
moment de confier leurs budgets publicitaires.
Très alarmistes, les analystes de Liberum résument la situation en
déclarant que les dirigeants de Publicis naviguent à vue.
Mais la baisse du titre Publicis vendredi est probablement
excessive. "Le marché surréagit à la révision de l'objectif de
croissance organique, alors que l'impact de cet indicateur est
minime sur le bénéfice net par action", constate Jean-Baptiste
Sergeant, analyste chez Mainfirst.
La croissance cale, pas les résultats
Malgré une contraction organique de 0,8% de son revenu net au
premier semestre 2019, Publicis a enregistré une progression de
2,5% de son bénéfice net courant par action, à 1,98 euro. Le taux
de marge opérationnelle a également progressé. Il a gagné 60 points
de base, à 15%, grâce notamment à la baisse des charges de
personnel.
Hors financement du besoin en fonds de roulement, le flux de
trésorerie disponible s'est maintenu à un haut niveau, ressortant à
491 millions d'euros à fin juin 2019, contre 500 millions un an
plus tôt.
Le discours tenu par les dirigeants de Publicis dans la foulée de
la publication de ces résultats semestriels comporte d'autres
éléments positifs. Lors d'une conférence téléphonique organisée
jeudi soir, ils ont précisé pour la première fois que le groupe
était exposé à hauteur de 35% de son revenu net au segment
déclinant de la publicité traditionnelle.
"Nous pensons que le marché surestimait le poids des activités en
perte de vitesse dans le portefeuille du groupe", estiment les
analystes de Citi. Un tiers de l'activité de Publicis est en manque
de croissance, mais ses autres marchés affichent une légère
expansion. "Ce serait une autre histoire si le groupe faisait face
à une absence de croissance sur l'intégralité de son portefeuille
d'activités", ajoute Citi.
Le courtier juge également "encourageante" la confirmation par les
dirigeants de Publicis de leurs objectifs de rentabilité pour
l'exercice 2019, alors que les résultats à venir pourraient encore
bénéficier du plan d'économie de coûts.
Un titre faiblement valorisé
La pression vendeuse est telle sur le titre Publicis que la
valorisation boursière du publicitaire est environ 15% inférieure à
celle de son concurrent britannique WPP si l'on s'attache aux
ratios cours de Bourse sur bénéfice net par action (PER) et valeur
d'entreprise sur marge opérationnelle calculés pour 2019 et
2020.
"Cette décote n'est pas justifiée étant donné que le chiffre
d'affaires de WPP devrait reculer de 1,5% à 2% cette année et que
sa marge opérationnelle sera inférieure à celle de Publicis",
remarque Jean-Baptiste Sergeant chez Mainfirst. Avant l'ouverture
des marchés vendredi, Credit Suisse pariait sur un repli "limité"
du cours du Bourse au regard de multiples de valorisation déjà très
bas, avec un PER estimé à 8,8 pour 2020, soit 10% à peine supérieur
à son niveau de 2009, correspondant à un creux.
L'absence de croissance organique sur le semestre écoulé pour
Publicis et la faiblesse de ses perspectives, lourdement
sanctionnées par les investisseurs, démontrent que l'acquisition de
la société spécialisée dans la gestion de la relation client
Epsilon, dont Publicis a bouclé le rachat pour près de 4 milliards
de dollars au début juillet, est primordiale.
Epsilon représente le principal relais de croissance du groupe. "Le
chiffre d'affaires d'Epsilon a reculé l'an passé à cause d'éléments
exceptionnels" et, à terme, "nous pensons pouvoir ramener sa
croissance entre 5% et 10%", affirmait Arthur Sadoun, président du
directoire de Publicis en avril dernier.
S'il parvient à faire de la plus grosse acquisition de son histoire
un succès, Publicis retrouvera les faveurs de la Bourse. Les
investisseurs seront rapidement fixés sur les ambitions du groupe
au périmètre élargi. "Nous actualiserons nos objectifs dans les
mois à venir", pour tenir compte de l'intégration d'Epsilon, a
promis Publicis. Si sa date n'est pas fixée, le rendez-vous avec le
marché est bien pris.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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