Face aux tensions commerciales, le luxe gagnerait à être moins sédentaire - DJ Plus
04 Octobre 2019 - 10:16AM
Dow Jones News
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les fabricants de sacs à main de luxe et
les producteurs de champagne l'ont échappé belle lorsque Washington
a lancé sa dernière salve de surtaxes douanières. Ils doivent
toutefois se préparer à ce que le monde devienne moins
globalisé.
Mercredi, le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) a
publié la liste des nouvelles taxes sur les avions ainsi que sur
une gamme de produits de consommation importés de l'Union
européenne (UE). Plus tôt dans la journée, l'Organisation mondiale
du commerce avait donné son feu vert aux Etats-Unis pour surtaxer
7,5 milliards de dollars d'importations en provenance de l'UE, dans
le cadre d'un différend de longue date entre Washington et
Bruxelles sur les subventions au secteur aéronautique.
Le whisky écossais "single malt" fait partie des produits frappés
d'un droit de 25%. Ce sera dur à encaisser pour ce secteur pour qui
le marché américain est non seulement le plus important mais le
plus rentable, selon la Scotch Whisky Association. Ce sera
également douloureux pour les amateurs de scotch aux Etats-Unis,
qui supporteront probablement l'essentiel de la facture.
Dans l'ensemble, cependant, les secteurs de l'alcool et du luxe
s'en sont tirés à bon compte. La maroquinerie, le champagne et le
cognac n'ont pas été visés. Le whisky produit en Irlande, tel le
Jameson de Pernod Ricard, ne l'a pas été non plus. Le whisky
d'Irlande du Nord est en revanche soumis à des droits de douane
supplémentaires.
Après avoir chuté mercredi dans le sillage de la décision de l'OMC,
les principales valeurs européennes des spiritueux et du luxe ont
rebondi jeudi. L'action de Rémy Cointreau, qui réalise environ les
trois quarts de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis avec le
cognac Rémy Martin, a grimpé de 6,4%. Les fabricants de sacs à
main, dont Hermès, ont également progressé, alors que les
spécialistes du luxe avaient collectivement vu leur valorisation
fondre d'environ 16 milliards d'euros la veille, en raison des
craintes liées aux tensions commerciales.
Ces variations mettent en lumière la vulnérabilité des entreprises
dont les chaînes d'approvisionnement sont les moins flexibles. La
production des marques de whisky écossais du géant des spiritueux
Diageo, telles que Glenkinchie et Cragganmore, susceptibles de se
voir imposer une surtaxe de 25%, ne peut être transférée aux
Etats-Unis. Le groupe italien Campari, pour sa part, peut déplacer
la production de son populaire apéritif Aperol, qui n'est pas
associé à une origine traditionnelle.
Le prix du "made in France"
Diageo devra peut-être se tourner vers des régions plus favorables
au commerce pour promouvoir son scotch. Les sociétés de spiritueux
peuvent également diversifier leur portefeuille en achetant des
marques américaines. Pernod Ricard a récemment acquis une
participation majoritaire dans Rabbit Hole Whiskey, une nouvelle
marque produite dans le Kentucky.
Même s'ils sont moins flexibles que de nombreuses multinationales
en matière de localisation, les groupes de luxe ne sont pas soumis
aux mêmes restrictions géographiques que les producteurs d'alcool.
Des marques comme Hermès justifient toutefois le prix de leurs
sacs, coûtant parfois plusieurs milliers d'euros, en mettant en
avant leur production "made in France".
Un sac à main Louis Vuitton acheté sur la Cinquième Avenue, à New
York, aura probablement été fabriqué dans l'une des usines
californiennes ou texanes de la marque, plutôt qu'en France. BMW et
Mercedes-Benz construisent des voitures aux Etats-Unis depuis plus
de deux décennies, sans que leur réputation bâtie sur la qualité
allemande soit pour autant compromise.
Les entreprises européennes qui s'appuient sur leurs racines
géographiques pour se développer à l'international ont senti le
vent du boulet. Dans la mesure où les gouvernements sont prêts à
déployer leurs arsenaux commerciaux pour bomber le torse, ces
groupes seraient avisés de plancher sur des stratégies
alternatives.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Eric Chalmet) ed: LBO
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October 04, 2019 03:56 ET (07:56 GMT)
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