Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ingenico a retrouvé du crédit auprès des marchés. Depuis le début 2019, le titre du spécialiste des terminaux et des solutions de paiement prend 47%, permettant à la valeur de revenir à des altitudes boursières proches d'il y a un an.



Après un exercice 2018 délicat où le cours de Bourse a été divisé par près de deux, Ingenico a débuté 2019 sur de meilleures bases. Pour consolider son rebond, le groupe devra toutefois tenir ses objectifs et dissiper les interrogations entourant sa division Banques et Acquéreurs, qui loge la grande partie de l'activité historique des terminaux de paiement.



L'an passé, cette division a connu un repli organique de ses revenus de 4%. Ses contre-performances ont contraint le groupe à abaisser à plusieurs reprises sa prévision d'EBITDA (excédent brut d'exploitation). Si bien que plusieurs intermédiaires financiers, comme Barclays, ont plaidé pour qu'Ingenico se sépare de son activité de terminaux de paiements et renonce ainsi à sa division Banques et Acquéreurs.



Lors de la présentation de son plan stratégique en avril dernier, le groupe a au contraire réaffirmé son attachement à cette activité pour laquelle il perçoit encore du potentiel. "Nous pouvons encore extraire beaucoup de valeur dans les terminaux de paiement", déclare à l'agence Agefi-Dow Jones le directeur général, Nicolas Huss. "De nouvelles technologies dans les terminaux avec davantage de logiciels créent des poches de croissance que nous voulons saisir", souligne-t-il.



Débat sur l'érosion des prix



Le spécialiste des paiements entend notamment saisir les opportunités permises par le développement des équipements Android et capitaliser sur la force de sa gamme de terminaux Tetra. Grâce à ces leviers, Ingenico compte maintenir la croissance de la division Banques et Acquéreurs en territoire positif sur un marché mature, où la demande est avant tout portée par les cycles de renouvellement des équipements.



Le groupe table sur une croissance organique de 0% à 2% par an en moyenne, entre 2018 et 2021. En parallèle, des économies de 60 millions d'euros devraient permettre de compenser les pressions sur les prix, pour arriver à un EBITDA de 300 millions d'euros à l'horizon 2021. HSBC calcule que la marge d'EBITDA s'inscrirait alors à 22%, contre 21,2% en 2018. Ce taux resterait supérieur à celui de la seconde division du groupe, le Retail (distributeurs et commerçants) où Ingenico anticipe un EBITDA de 400 millions d'euros, soit une marge de 17,5% selon les calculs de HSBC.



Le marché surveillera avec attention la bonne exécution de ces objectifs. Si le plan stratégique d'Ingenico a été globalement bien perçu par les investisseurs, plusieurs analystes se sont montrés circonspects sur les perspectives de la division Banques et Acquéreurs et plus particulièrement sur les hypothèses d'érosion des prix moyens des terminaux. Ingenico a retenu une baisse moyenne de 3% par an, traduisant l'évolution défavorable du "mix" géographique vers des régions en croissance mais avec des prix de ventes moyens plus faibles, comme l'Amérique du Sud.



Cette prévision paraît optimiste aux yeux de Deutsche Bank qui estime que la concurrence d'acteurs chinois ou la consolidation des clients d'Ingenico pourraient fragiliser cette hypothèse. "La faible visibilité sur le marché des terminaux de paiement combinée à des pressions sur les prix pourraient de nouveau conduire à de futures déceptions", prévient la banque allemande.



UBS a de son côté retenu une érosion des prix deux fois supérieure à celle d'Ingenico sur la période 2018-2021, de 6%. En conséquence, la banque suisse table sur des perspectives inférieures à celle de la société pour la division Banques et Acquéreurs, avec une stabilité de ses revenus en données organiques sur la période 2018-2021 et un EBITDA de 275 millions d'euros. "L'environnement dans les terminaux de paiement reste compliqué avec une visibilité faible. Il est ainsi difficile pour Ingenico de faire des prévisions sur plusieurs années", assène un analyste.



Un premier trimestre encourageant



"Nous avons été extrêmement prudents. Notre capacité à défendre nos prix est forte", assure pour sa part Nicolas Huss au sujet des hypothèses du groupe.



"Le mix produit soutiendra les prix. Nous vendons un nombre croissant de terminaux mobiles embarquant davantage de technologies. Cela nous permet de vendre des terminaux avec un prix moyen et des marges plus élevés", soutient Michel Léger, en charge de l'innovation du groupe. "L'arrivée de terminaux Android, généralement plus gourmands en mémoire, soutiendra également nos marges", avance-t-il.



Ingenico devra donc dissiper les doutes en démontrant sa capacité à maintenir en croissance sa division Banque et Acquéreurs tout en défendant ses marges. Le premier trimestre a montré des signaux encourageants, avec une croissance organique de 12% de sa division Banques et Acquéreurs et le relèvement des perspectives pour l'exercice 2019. HSBC considère que ce début d'année tonitruant "apporte de la crédibilité" aux objectifs de moyen terme du groupe.



Le spécialiste des paiements devra néanmoins confirmer cette dynamique lors des prochaines publications. Ce qui pourrait lui permettre de résorber le retard boursier accusé l'an passé. A 73,5 euros, le titre Ingenico se situe encore à plus de 20% de son cours de janvier 2018. En dépassant cette marque, Nicolas Huss démontrerait que conserver l'activité des terminaux de paiement s'avère payant.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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May 22, 2019 10:08 ET (14:08 GMT)




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