Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Alors que les marchés européens sont dans l'hésitation ce jeudi, Ingenico se distingue avec une hausse de 6%, la plus forte du SBF 120. Comme souvent, le titre du spécialiste des terminaux et de solutions de paiement est porté par son caractère spéculatif. Natixis a confirmé son intérêt d'un rapprochement industriel de ses activités de paiement avec celles d' Ingenico, qui de son côté a expliqué "avoir fait l'objet d'approches préliminaires en vu d'une opération stratégique". Si une alliance entre les deux groupes ferait sens, les actionnaires d'Ingenico ne doivent pas nourrir trop d'espoir. Car rien n'indique que leur association passe par un mariage en bonne et due forme.



Sur le papier, Ingenico paraît une cible idéale pour Natixis. La filiale du groupe Banque Populaire Caisse d'Epargne (BPCE) n'a jamais caché ses ambitions dans les paiements et compte multiplier par 1,5 ses revenus dans ce métier d'ici à 2020 via sa filiale Natixis Payment Solutions. "Dans le marché des paiements, qui est une industrie à coûts essentiellement fixes, il faut être gros pour dégager du levier opérationnel. Le rapprochement fait donc sens stratégiquement car Natixis Payments changerait clairement de taille et deviendrait un 'pure-player' avec une forte part de marché en Europe", explique Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan Garnier.



Natixis présente aussi l'avantage d'être français ce qui éviterait un blocage de l'Etat, qui possède indirectement un peu plus de 5% du capital via la Banque publique d'investissement et 9% des droits de vote.



Un rachat peu plausible



Sauf que, selon nos sources, Natixis ne souhaiterait pas acquérir le groupe de paiements mais regrouper ses activités avec celles d'Ingenico, via par exemple un apport d'actifs ou encore la création d'une coentreprise. Le spécialiste des paiements a récemment eu recours à cette solution pour rapprocher certains de ses métiers en Allemagne avec BS Payone, une filiale de la Sparkassen-Finanzgruppe. L'accord ne comprenait aucune composante numéraire.



Si le rapprochement avec Natixis prenait cette dernière forme, le marché aurait alors de quoi être déçu. "On risque de se retrouver avec un conglomérat de participations minoritaires ce qui n'est jamais très bien valorisé", explique Maxime Dubreil d'Invest Securities.



Dans tous les cas, Natixis manque actuellement d'assise financière pour racheter Ingenico. Selon Maxime Dubreil, il faudrait que la banque propose une prime qui valoriserait Ingenico à au moins 80 euros par action pour que celle-ci soit suffisamment intéressante. Natixis ne peut aller aussi loin. L'établissement compte boucler la cession de ses activités d'affacturage, de cautions & garanties, de crédit-bail, de crédit à la consommation et de titres à la fin du premier trimestre 2019. Cette opération lui apportera un levier financier supplémentaire de 1,5 milliard d'euros, portant ses moyens à 2,1 milliards. Or Ingenico vaut, au cours actuel et au bas mot 4 milliards d'euros hors dette et 5,5 milliards d'euros dette comprise.



La piste Edenred



Certes, Natixis n'est pas seul. Selon l'Agefi, parmi "les approches" dont Ingenico a fait l'objet figure l'émetteur de services prépayés Edenred qui, pour sa part, ne commente pas les rumeurs. Même si ce potentiel prédateur se révélait au grand jour, rien n'indique que ses avances porteraient sur un rachat pur et simple. "Ce dossier me paraît compliqué, au vu de la valorisation d'Ingenico il est difficile pour eux (Edenred, NDLR) de les racheter. Si ce deal se faisait, il donnerait probablement lieu à une fusion et non un rachat", juge Najet El Kassir, analyste chez Berenberg.



Cité comme autre candidat potentiel via sa filiale Worldline, Atos n'a pas non plus souhaité commenté les spéculations. Mais cette piste semble peu plausible car Atos vient d'opérer deux importantes acquisitions: le groupe a directement racheté Syntel pour 3,4 milliards de dollars tandis que Worldline a acquis SIX Payments Services pour 2,3 milliards d'euros. Quant à la piste d'un acheteur étranger - entreprise ou fonds - elle ne convainc pas les analystes qui jugent que l'Etat aurait de fortes chances d'opposer son veto, comme ce fut le cas en 2010 lorsque l'américain Danaher avait tenté de mettre la main sur Ingenico.



Le caractère spéculatif d'Ingenico ne doit donc pas être exagéré. Le marché semble d'ailleurs l'avoir compris puisque la valeur, après avoir ouvert en hausse de 12%, a perdu près de la moitié de ses gains ce jeudi après-midi. Les investisseurs devront se pencher davantage sur les fondamentaux du groupe de paiements pour trouver d'éventuels catalyseurs. HSBC, à l'achat sur le titre avec un objectif de cours de 81 euros, estime que plusieurs éléments devraient se matérialiser au second semestre pour enclencher une accélération de la croissance d'Ingenico.



Il faudra donc attendre les prochaines publications pour se forger une opinion - dénuée de toute considération spéculative - sur les perspectives du titre.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



October 11, 2018 11:06 ET (15:06 GMT)




Copyright (c) 2018 L'AGEFI SA
Worldline (EU:WLN)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Worldline
Worldline (EU:WLN)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Worldline