Kering peut courir encore plus vite sans Puma - DJ Plus
25 Mai 2018 - 05:01PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--Recentré sur le luxe après la scission de
Puma, Kering présente désormais un profil d'athlète en piste pour
de nouveaux records boursiers. Mais l'enjeu pour son patron
François-Henri Pinault, l'héritier de PPR, est d'en faire un
coureur de fond, à l'image de LVMH avec lequel il peut désormais
pleinement se comparer.
Après avoir signé la plus forte hausse du CAC 40 en 2017 (+83%),
Kering s'est encore apprécié de 36% depuis le début de l'année. Une
performance qui tient à des résultats eux aussi flamboyants,
notamment un chiffre d'affaires en croissance de 25% et un résultat
opérationnel en hausse de 50% sur l'exercice écoulé. "Les taux de
croissance organique affichés par Kering et Gucci sont
exceptionnels. Je ne connais pas d'autre exemple d'un groupe et
d'une marque de cette taille dégageant une croissance aussi forte",
souligne Gérard Moulin, responsable de gestion actions chez
Amplegest, qui a intégré la valeur dans son portefeuille fin
2017.
Normalisation attendue de la croissance de Gucci
Gucci a une nouvelle fois dépassé les attentes au premier
trimestre, avec des ventes en hausse de près de 50% en données
comparables par rapport au même trimestre de l'année précédente,
qui était déjà très bon. Pour autant, les prochains trimestres
devraient voir une normalisation de la croissance de Gucci et par
conséquent de Kering, la marque générant plus de la moitié de son
chiffre d'affaires et près des trois quarts du résultat. Faut-il
dès lors prévoir un essoufflement boursier ?
Le fait est que Kering a désormais rattrapé son retard sur LVMH en
termes de valorisation. Tous deux se traitent à environ 25 fois les
bénéfices attendus pour 2018, contre une moyenne historique de
17-18 fois. Mais, pour Gérard Moulin, ces plus hauts ne veulent
rien dire. "Le secteur du luxe offre une visibilité
particulièrement appréciable par rapport à d'autres secteurs comme
les télécoms ou l'énergie", indique-t-il. "Même avec un
ralentissement de Gucci à 20-25% en 2018-2019, Kering est bien
parti pour atteindre les 550 euros", ajoute-t-il.
"S'il est bien connu que les arbres ne montent pas au ciel, la
maturité (de Gucci) n'est pas atteinte. L'audience de la marque est
telle qu'elle peut justifier un élargissement de sa diffusion, tant
au niveau des réseaux de distribution que de la diversification des
produits qu'elle fédère. Une perte brutale de momentum n'est donc
pas pour demain", ajoutent les analystes d'Invest Securities.
La scission de Puma profitera aux autres marques
La sortie de Puma va en outre permettre à Kering d'accélérer ses
investissements dans le reste de son portefeuille, notamment chez
Yves Saint Laurent, Balenciaga et Bottega Veneta, qui bénéficient
d'une moindre exposition que Gucci et donc d'une marge de
progression plus importante. Le groupe pourrait également envisager
des acquisitions, dans un secteur où les marques indépendantes
peinent à exister face à la puissance marketing des groupes
intégrés.
Avec une génération de trésorerie de plus de 2 milliards d'euros en
2017, Kering pourrait augmenter de 50% son dividende et consacrer
plusieurs milliards d'euros à des acquisitions tout en conservant
un ratio dette nette/Ebitda inférieur à deux, calcule Flavio
Cereda, analyste chez Jefferies. Un scénario qui ne nuirait pas à
son cours de Bourse.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: VLV
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