La Pologne, un marché à double tranchant pour les banques occidentales - Plus Europe
10 Avril 2018 - 3:58PM
Dow Jones News
Christine Lejoux,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'annonce, ce mardi, du rachat de
l'essentiel des activités polonaises de la banque autrichienne
Raiffeisen Bank par BNP Paribas (BNP.FR) témoigne de la nécessité
de disposer d'une taille critique sur ce marché très
concurrentiel.
Ces dernières années, à l'image de l'acquisition de BGZ par BNP
Paribas, déjà, en 2014, pour 1,1 milliard d'euros, nombre de
banques occidentales ont cherché à se développer ou à renforcer
leurs positions en Pologne, afin de se doter de relais de
croissance. Ce pays présente plusieurs atouts. D'abord, l'économie
polonaise a connu une croissance ininterrompue depuis 1992,
échappant à la récession qui a suivi la crise financière de 2008.
L'an dernier encore, la Pologne a enregistré une confortable
croissance de 4,6% de son produit intérieur brut.
Ensuite, le marché polonais offre un potentiel de bancarisation
important. Sur les 38 millions d'habitants que compte la Pologne,
ce qui en fait au passage la première économie d'Europe centrale et
orientale, seulement 60% disposaient d'un compte en banque il y a
cinq ans, selon une étude publiée par Deloitte en 2013. Le cabinet
de conseil en stratégie tablait à l'époque sur une progression
rapide du taux de bancarisation, qu'il voyait à 78% en 2020.
Une nouvelle donne politique et réglementaire
Mais les changements politiques et réglementaires survenus ces
toutes dernières années en Pologne ont fait souffler des vents
défavorables sur le secteur bancaire. A la fin 2015, le sauvetage
de l'établissement mutualiste SK Bank avait coûté environ 500
millions d'euros à l'industrie bancaire polonaise, en grande partie
détenue par des groupes bancaires étrangers. Ce caractère
international de l'actionnariat de nombre de banques polonaises
avait conduit en février 2016 le parti eurosceptique Droit et
Justice, alors tout juste arrivé au pouvoir, à instaurer une
nouvelle taxe sur le secteur, afin de "repoloniser" l'économie du
pays.
La nouvelle donne réglementaire en Pologne a notamment amené Crédit
Agricole SA, l'entité cotée de la banque verte, à déprécier la
totalité du "goodwill" (écart d'acquisition) de ses activités en
Pologne, pour 222 millions d'euros, au quatrième trimestre de son
exercice 2017. "Les contraintes réglementaires ne cessant de se
renforcer en Pologne, avec notamment une multiplication des taxes
sur le secteur bancaire, nous avons préféré déprécier le goodwill",
avait expliqué Jérôme Grivet, directeur général adjoint de CASA en
charge des finances, lors de la présentation des résultats
trimestriels du groupe.
Pour autant, Crédit Agricole SA demeure décidé à accélérer sa
croissance dans le pays, avec pour priorité un développement
organique. A moins qu'une opportunité d'acquisition n'émerge à la
faveur de la recomposition en cours du secteur bancaire polonais,
le retrait de certains acteurs - à l'instar de UniCredit (UCG) et
de GE Capital (groupe GE) en 2016 - permettant à d'autres de se
renforcer. Comme BNP Paribas, qui, grâce au rachat des activités de
Raiffeisen en Pologne, assoit sa position de sixième acteur du
pays, avec une part de marché de l'ordre de 6% en termes de crédits
et de dépôts.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ;
clejoux@agefi.fr ed : ECH
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April 10, 2018 09:38 ET (13:38 GMT)
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