La baisse du yuan est un coup de semonce pour le secteur du luxe - Market Blog
06 Août 2019 - 12:54PM
Dow Jones News
Par Carol Ryan
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'affaiblissement du yuan menace
directement les perspectives de croissance des grandes marques
européennes de luxe. Il va forcer les investisseurs à prendre plus
au sérieux la dépendance du secteur envers la Chine.
Les valeurs européennes du secteur du luxe ont perdu 7,5% en Bourse
depuis vendredi matin, selon un indice de 10 grands noms compilé
par le Wall Street Journal. L'indice élargi Stoxx Europe a dans le
même temps reculé de seulement 4%. Ce repli du secteur du luxe fait
suite à une période de résistance remarquable: l'indice du Wall
Street Journal reste en hausse de 24% depuis le début de l'année,
malgré les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la
Chine.
La monnaie chinoise s'est affaiblie lundi en dessous de sept yuans
pour un dollar, la Banque populaire de Chine (PBOC) ayant permis à
la devise de tomber à ce niveau pour la première fois depuis 2008.
Cette décision de ne pas défendre le renminbi a suivi de quelques
jours seulement l'annonce par le président des Etats-Unis, Donald
Trump, de l'imposition de droits de douane de 10% sur 300 milliards
de dollars de produits chinois supplémentaires. Par ailleurs, Pékin
doit gérer le mouvement de contestation politique, émaillé de
manifestations violentes, à Hong Kong, l'une des villes les plus
importantes du monde pour le shopping de luxe.
Le pouvoir d'achat des Chinois rogné
Jusqu'à présent, les investisseurs avaient aisément fait
abstraction de la détérioration des relations entre les Etats-Unis
et la Chine. La plupart des marques européennes de luxe fabriquent
leurs produits dans leur propre zone, ce qui leur épargne les
tarifs douaniers qui ont notamment frappé les constructeurs
automobiles comme BMW. L'exportation de sacs à main vers la Chine
ne représente pas non plus de menace pour la sécurité nationale
comme ce qui a nui à l'industrie américaine des semi-conducteurs.
En outre, les entreprises du luxe elles-mêmes ont rassuré les
investisseurs en faisant état d'une forte demande de la part des
acheteurs chinois dans leurs publications trimestrielles le mois
dernier.
Mais l'affaiblissement du yuan est une tout autre affaire car il
rogne directement le pouvoir d'achat des consommateurs chinois, qui
représentent un tiers des dépenses mondiales en produits de luxe et
leur principal moteur de croissance. Les touristes chinois
disposent d'un pécule réduit pour leurs achats à l'étranger et les
grandes marques pourraient être amenées à décider de relever leurs
prix en Chine continentale. La chute du yuan en 2015 avait marqué
un coup d'arrêt pour la croissance de l'industrie du luxe.
Les troubles à Hong Kong sont aussi de nature à pénaliser les
marques, qui y paient des loyers exorbitants. Les valeurs de
l'horlogerie Richemont et Swatch sont les plus exposées, étant
donné que la ville était le plus grand marché mondial pour les
montres suisses au premier semestre 2019.
Des valorisations encore élevées
Les valeurs du luxe, considérées comme des valeurs refuges, ne
s'avèrent pas non plus aussi défensives que le pensaient les
investisseurs, peut-être parce qu'elles ont auparavant été très
performantes. Le groupe LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton, aussi
propriétaire de Christian Dior et Celine, a figuré lundi parmi les
plus fortes baisses de l'indice Euro Stoxx 50. Depuis le début de
la semaine, le cours d'Hermès, le fabricant du célèbre sac à main
Birkin, a plus reculé que celui de la marque italienne Salvatore
Ferragamo.
Même après les baisses de ces derniers jours, les titres européens
du luxe s'échangent sur un multiple moyen de 26 fois les prévisions
de bénéfices, soit bien au-dessus de leur moyenne sur cinq ans de
22 fois. Les investisseurs doivent surveiller le yuan d'autant plus
près, car avec des valorisations aussi élevées, le secteur du luxe
paraît vulnérable.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal (Version française Alice Doré)
ed: LBO
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August 06, 2019 06:34 ET (10:34 GMT)
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