EDEN Edenred SE

Julien Marion,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Edenred a réservé la surprise du chef à ses actionnaires ce jeudi. Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail a publié une activité robuste au troisième trimestre, avec un chiffre d'affaires opérationnel en hausse de 0,9% en données comparables. Edenred a ainsi pris de court les analystes qui n'avaient pas anticipé un retour aussi rapide de la croissance organique et tablaient, en moyenne, sur un repli de 6,3%, après la chute de 15,4% accusée au deuxième trimestre.

Les investisseurs apprécient ces bons chiffres sans toutefois s'emballer. L'action Edenred a ouvert en hausse de plus de 3,5% avant de limiter ses gains. En milieu d'après-midi, le titre progressait de 1,2% à 41,17 euros, alors que le SBF 120 était quasi inchangé.

Une dynamique commerciale retrouvée

En renouant avec la croissance dès le troisième trimestre, Edenred démontre sa capacité de rebond. La société a bénéficié d'un effet de rattrapage dans son activité historique d'Avantages aux salariés, c'est-à-dire l'émission des titres-restaurant ou de chèques cadeaux. Au deuxième trimestre, les employés avaient sous-utilisé temporairement ces avantages, notamment les cartes Ticket Restaurant, en raison de la fermeture des commerces et des restaurants. Avec la levée des mesures de confinement, leurs dépenses ont rebondi, les salariés consommant une partie des réserves qu'ils avaient accumulées au printemps.

"Au-delà de l'effet mécanique de la sortie de confinement, nous avons réussi au troisième trimestre à renouer avec notre forte dynamique commerciale pour recommencer à conquérir de nouveaux clients en profitant de notre leadership digital", a fait valoir Patrick Bataillard, le directeur financier du groupe, lors d'une conférence téléphonique. Un intermédiaire financier souligne également qu'Edenred a été soutenu "par certaines tendances liées au Covid-19, le développement du télétravail amenant des entreprises à fermer leurs cantines et à passer au Ticket Restaurant".

Des fondamentaux "puissants"

Après ce troisième trimestre tonitruant, l'évolution de la pandémie et les nouvelles mesures de restrictions mises en place en Europe incitent à la prudence pour la fin de l'année. Le groupe a lui-même prévenu que ce contexte, auquel il associe une situation économique et sanitaire dégradée en Amérique latine et du Nord, risquait de peser sur sa croissance au quatrième trimestre.

Edenred devrait néanmoins continuer à bénéficier de vents porteurs dans son propre pays. En France, "les fonds constitués par les salariés durant le confinement sur leurs tickets restaurant ont été dépensés à moitié seulement au troisième trimestre, selon nos estimations", a expliqué Patrick Bataillard. "L'effet de rattrapage devrait donc se prolonger au quatrième trimestre", a ajouté le responsable.

A plus long terme, la publication de ce jeudi conforte surtout le modèle économique d'Edenred. "Dans un environnement difficile, les fondamentaux [de l'entreprise] demeurent puissants", souligne Bryan Garnier. La banque américaine rappelle qu'Edenred évolue dans des marchés sous-pénétrés, ce qui offre encore un "moteur" de croissance solide pour la société.

"L'histoire racontée par Edenred est plus que jamais renforcée et son positionnement avancé sur le digital lui procure un avantage compétitif par rapport à ses concurrents", appuie un analyste parisien. JPMorgan Cazenove juge de son côté le modèle économique d'Edenred "de plus en plus pertinent" dans un monde post-Covid. La banque américaine ajoute que le groupe est bien positionné pour tirer parti, notamment, de son "leadership technologique" et "des opportunités structurelles" créées par le télétravail.

Au cours des dernières années, Edenred a bénéficié d'une solide cote d'amour auprès du marché, grâce à sa forte croissance et à sa faculté à dépasser régulièrement les attentes des investisseurs.

La capacité de rebond démontrée au trimestre dernier plaide pour que les actionnaires gardent confiance dans une valeur qui se situe à environ 20% de son plus haut historique de 50,3 euros, atteint en février.

En continuant à surpasser les prévisions lors de ses prochaines publications, Edenred pourrait s'approcher de ce record, voire le dépasser, estiment les analystes. Mainfirst et Bryan Garnier ont respectivement un objectif de cours de 50 et 54 euros pour la valeur.

Déjà présent dans le CAC Next 20, l'antichambre du CAC 40, le groupe taperait alors un peu plus fort à la porte de l'indice phare du marché parisien.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV

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October 22, 2020 10:08 ET (14:08 GMT)

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