Spencer Jakab,



The Wall Street Journal



NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Une baisse de 831 points pour l'indice Dow Jones ne revêt plus la même importance que par le passé. Le repli de 3,1% accusé par l'indice vedette de la Bourse de New York mercredi ne se classe qu'au 80e rang des déclins les plus marqués depuis les années 1950 et il n'est même pas le plus prononcé de l'année 2018. La réaction des autres classes d'actifs, en revanche, est remarquable.



Malgré la déroute des actions, les marchés financiers dans leur ensemble n'ont pas succombé au traditionnel mouvement de fuite vers la sécurité. Deux actifs jugés sûrs, l'or et les obligations, ont traversé une année misérable et peu évolué mercredi.



Ces dernières années, les emprunts du Trésor américain ont été considérés comme un investissement de dernier recours. Cependant, leur faiblesse et la hausse correspondante des rendements depuis le début de l'année ont fini par porter un coup aux actifs risqués. Depuis la fin 2017, le rendement des emprunts du Trésor à deux ans a augmenté de près d'un point de pourcentage et celui du titre à dix ans a progressé de 0,8 point de pourcentage, parallèlement à la hausse des actions. Bien souvent, les obligations souffrent quand les actions prospèrent.



Et les jours où les marchés d'actions chutent, le rendement du dix ans américain en profite. Le contraire constitue du jamais vu ou presque. Une des seules exceptions concerne une journée particulièrement terrible de 2008 où les actions ont plongé de peur que le système financier mondial s'effondre.



De telles craintes existentielles n'expliquent pas la quasi-stabilité des obligations mercredi alors même que les actions chutaient. Cette situation suggère plutôt que les forces qui ont permis aux rendements de se redresser sont au moins aussi puissantes que la classique fuite vers la sécurité. Le chômage aux Etats-Unis se situant au plus bas depuis les années 1960, le déficit de l'Etat fédéral se dirigeant vers un niveau - sans précédent en période d'expansion économique - de 1.000 milliards de dollars, l'inflation accélérant et la Réserve fédérale relevant ses taux d'intérêt tout en débouclant lentement des années d'assouplissement quantitatif, il pourrait désormais être difficile d'arrêter le train en marche.



Les investisseurs commencent à réaliser à quel point la plus longue phase de hausse boursière de l'histoire des Etats-Unis dépend de l'argent peu cher. Cela est particulièrement vrai pour les segments les plus risqués du marché. Si l'indice Dow Jones n'a pas essuyé mercredi son plus important revers de 2018, l'indice Nasdaq Composite, à forte pondération technologique, a connu sa baisse la plus prononcée depuis le référendum sur le Brexit en 2016. Les valeurs technologiques, généralement dépendantes de l'appétit des investisseurs pour le risque et de l'absence d'alternatives satisfaisantes en termes de génération de revenus, ont alimenté la dernière phase du marché haussier.



Pendant les dix dernières années, la Fed a cherché et est parvenue à maîtriser l'envolée des rendements, sauvant à de multiples reprises la mise pour les actions. La réaction des marchés mercredi laisse penser que la banque centrale n'est peut-être plus aussi bien disposée.



-Jakab Spencer, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck) ed: ECH



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October 11, 2018 05:33 ET (09:33 GMT)




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