La fusion Deutsche Bank-Commerzbank pourrait dépendre d'un gain lié au badwill - sources
15 Avril 2019 - 8:56AM
Dow Jones News
FRANCFORT/LONDRES (Agefi-Dow Jones)--La conclusion d'un
rapprochement entre la banque allemande Deutsche Bank et sa
compatriote Commerzbank pourrait dépendre d'un traitement comptable
peu connu mais qui pourrait s'avérer précieux.
Deutsche Bank a déclaré aux investisseurs et à d'autres personnes
proches de la banque espérer que la Banque centrale européenne
(BCE) lui laisserait une importante latitude pour utiliser ce
traitement comptable, connu sous le nom de goodwill négatif ou
"badwill", dans le cadre d'une acquisition, ont déclaré des
personnes informées des discussions.
Le badwill permet à un acquéreur de comptabiliser un bénéfice s'il
paie sa cible un montant inférieur à sa valeur comptable, soit la
différence entre l'actif et le passif d'une entreprise. Cette
situation est toutefois peu fréquente, les acheteurs payant
généralement un montant supérieur à la valeur comptable.
Les deux banques sont en pourparlers officiels depuis mars au sujet
d'une éventuelle fusion, sous l'impulsion du gouvernement allemand.
Il n'est pas certain qu'un accord soit conclu. Les deux banques
sont boudées par les investisseurs et font l'objet de fortes
décotes par rapport à leur valeur comptable, reflet des faibles
bénéfices et des doutes persistants concernant la qualité de
certains actifs.
La banque issue d'une fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank
pourrait comptabiliser un bénéfice exceptionnel de plus de 16
milliards d'euros en ayant recours au badwill, selon les
estimations des analystes. Ce bénéfice serait crucial pour
préserver les ratios de fonds de propre de l'entité fusionnée,
sachant que les régulateurs devraient exiger une hausse de ces
ratios avant d'autoriser la transaction.
Le montant du badwill pourrait varier considérablement en fonction
de la valorisation accordée à Commerzbank dans le cadre de la
transaction. Il pourrait également diminuer si Deutsche Bank, après
avoir finalisé l'opération, décidait que les actifs de Commerzbank
valent moins que leur valeur comptable actuelle. Plus le badwill
sera faible, plus Deutsche Bank pourrait avoir besoin de lever des
capitaux frais auprès de ses actionnaires.
Les actions Commerzbank se traitant à environ un tiers de la valeur
comptable, Deutsche Bank devrait payer moins que cette valeur même
si elle offre une prime conséquente aux actionnaires.
Ces derniers, qui ont déjà injecté plus de 30 milliards d'euros
dans la banque depuis 2008, ne souhaitent pas subir une nouvelle
augmentation de capital. Même en cas de gain important lié au
badwill, l'entité fusionnée aurait besoin de capitaux frais pour
financer les licenciements de salariés et la fermeture de certaines
activités. Les cessions d'actifs, comme DWS, la branche de gestion
d'actifs de Deutsche Bank, ou mBank, la filiale polonaise de
Commerzbank, pourraient également permettre de lever des fonds.
Les actions que devrait probablement émettre Deutsche Bank pour
financer l'acquisition de Commerzbank, plus le gain lié au badwill,
représenteraient environ le montant de fonds propres dont la banque
aurait besoin pour soutenir les actifs de Commerzbank intégrés à
son bilan, selon les estimations des analystes.
La BCE devrait augmenter les exigences minimales de fonds propres
de l'entité fusionnée afin de prévenir les risques liés à
l'intégration et à une restructuration et parce que la nouvelle
banque verrait croître son importance systémique. Elle deviendrait
la deuxième banque de la zone euro en termes d'actifs après BNP
Paribas.
Il existe cependant des obstacles à la comptabilisation d'un
bénéfice lié au badwill. Deutsche Bank devra passer en revue la
valorisation des actifs de Commerzbank et pourrait devoir en
déprécier certains, ce qui réduirait le gain final pour l'entité
fusionnée.
Les régulateurs sont par ailleurs attentifs aux calculs de badwill
et il incombera à la BCE de déterminer le montant du badwill à
inclure dans les ratios de fonds propres de la banque.
-Patricia Kowsmann et Paul J. Davies, The Wall Street Journal
(Jenny Strasburg a contribué à cet article)
(Version française Valérie Venck) ed: MYJ
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April 15, 2019 02:36 ET (06:36 GMT)
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