François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Opération déminage chez EssilorLuxottica. A trois jours d'une assemblée générale qui s'annonçait houleuse, les co-dirigeants français et italien du fabricant de lunettes et de verres correcteurs ont enterré la hache de guerre via un nouvel accord censé résoudre leurs conflits de gouvernance.



En déléguant une partie de leurs fonctions opérationnelles à leurs bras droits respectifs, et en abandonnant les poursuites judiciaires qui laissaient planer le doute sur la réussite de la fusion, Leonardo Del Vecchio et Hubert Sagnières se sont montrés raisonnables.



Mais les investisseurs peuvent légitimement se demander combien de temps durera cette trêve, et si le tandem formé par Francesco Milleri et Laurent Vacherot fonctionnera mieux que l'attelage situé à l'étage supérieur de la fusée



Pour l'heure, chacun des deux camps y trouve son compte. Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio principal actionnaire d'EssilorLuxottica, souligne que la solution d'une délégation de pouvoirs avait été envisagée par Leonardo Del Vecchio lui-même il y a plusieurs mois. A 84 ans, le patron italien souhaite logiquement confier une part de ses responsabilités opérationnelles à son numéro deux, Francesco Milleri.



Mais pour Essilor, cette délégation de pouvoirs constituait en réalité une tentative de Leonardo Del Vecchio d'asseoir son contrôle sur le groupe fusionné, en installant son poulain dans le siège de directeur général. L'accord annoncé ce lundi écarte cette possibilité : ni Francesco Milleri, ni Laurent Vacherot, ne sont candidats au poste.



"Compte tenu de leurs âges respectifs, s'ils ne sont pas candidats aujourd'hui, ils ne le seront plus par la suite", commente un analyste parisien.



La question de la transition à la tête du groupe reste donc posée. En vertu de l'accord de fusion, le conseil d'administration d'EssilorLuxottica a jusqu'à la fin 2020 pour trouver un dirigeant afin de prendre le relais du tandem Sagnières-Del Vecchio, dont le fonctionnement a déjà montré ses limites. "En tant que principal actionnaire, Leonardo Del Vecchio pèsera de tout son poids dans le choix du futur CEO", note le même analyste.



Le titre EssilorLuxottica a perdu 18% depuis la réalisation de la fusion, début octobre, une baisse largement liée à la mésentente entre ses dirigeants. S'il veut retrouver son statut de valeur refuge et remplir les promesses d'une fusion jugée pertinente par l'ensemble des analystes, EssilorLuxottica doit mettre en place une gouvernance plus efficace.



Cela pourrait passer par la nomination d'un ou plusieurs administrateurs indépendants lors de l'assemblée générale qui se tiendra jeudi 16 mai, conformément aux propositions de plusieurs fonds d'investissement.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



May 13, 2019 11:09 ET (15:09 GMT)




Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA