La gouvernance équilibrée chez EssilorLuxottica est une illusion d'optique - DJ Plus
13 Mai 2019 - 5:29PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Opération déminage chez EssilorLuxottica.
A trois jours d'une assemblée générale qui s'annonçait houleuse,
les co-dirigeants français et italien du fabricant de lunettes et
de verres correcteurs ont enterré la hache de guerre via un nouvel
accord censé résoudre leurs conflits de gouvernance.
En déléguant une partie de leurs fonctions opérationnelles à leurs
bras droits respectifs, et en abandonnant les poursuites
judiciaires qui laissaient planer le doute sur la réussite de la
fusion, Leonardo Del Vecchio et Hubert Sagnières se sont montrés
raisonnables.
Mais les investisseurs peuvent légitimement se demander combien de
temps durera cette trêve, et si le tandem formé par Francesco
Milleri et Laurent Vacherot fonctionnera mieux que l'attelage situé
à l'étage supérieur de la fusée
Pour l'heure, chacun des deux camps y trouve son compte. Delfin, la
holding de Leonardo Del Vecchio principal actionnaire
d'EssilorLuxottica, souligne que la solution d'une délégation de
pouvoirs avait été envisagée par Leonardo Del Vecchio lui-même il y
a plusieurs mois. A 84 ans, le patron italien souhaite logiquement
confier une part de ses responsabilités opérationnelles à son
numéro deux, Francesco Milleri.
Mais pour Essilor, cette délégation de pouvoirs constituait en
réalité une tentative de Leonardo Del Vecchio d'asseoir son
contrôle sur le groupe fusionné, en installant son poulain dans le
siège de directeur général. L'accord annoncé ce lundi écarte cette
possibilité : ni Francesco Milleri, ni Laurent Vacherot, ne sont
candidats au poste.
"Compte tenu de leurs âges respectifs, s'ils ne sont pas candidats
aujourd'hui, ils ne le seront plus par la suite", commente un
analyste parisien.
La question de la transition à la tête du groupe reste donc posée.
En vertu de l'accord de fusion, le conseil d'administration
d'EssilorLuxottica a jusqu'à la fin 2020 pour trouver un dirigeant
afin de prendre le relais du tandem Sagnières-Del Vecchio, dont le
fonctionnement a déjà montré ses limites. "En tant que principal
actionnaire, Leonardo Del Vecchio pèsera de tout son poids dans le
choix du futur CEO", note le même analyste.
Le titre EssilorLuxottica a perdu 18% depuis la réalisation de la
fusion, début octobre, une baisse largement liée à la mésentente
entre ses dirigeants. S'il veut retrouver son statut de valeur
refuge et remplir les promesses d'une fusion jugée pertinente par
l'ensemble des analystes, EssilorLuxottica doit mettre en place une
gouvernance plus efficace.
Cela pourrait passer par la nomination d'un ou plusieurs
administrateurs indépendants lors de l'assemblée générale qui se
tiendra jeudi 16 mai, conformément aux propositions de plusieurs
fonds d'investissement.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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