La hausse des dividendes pourrait aider le SBF 120 à conjurer le coronavirus - DJ Plus
25 Février 2020 - 5:03PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs inquiets des
répercussions du coronavirus sur les marchés d'actions peuvent être
rassurés sur un point : les entreprises européennes, et notamment
françaises, devraient rester généreuses en matière de dividendes
cette année.
Selon l'édition 2020 de l'étude sur les dividendes réalisée par
AllianzGI, les entreprises de l'indice MSCI Europe devraient verser
à leurs actionnaires environ 359 milliards d'euros en 2020, soit 12
milliards d'euros de plus qu'en 2019, année qui avait marqué un
record.
"Le coronavirus n'aura pas d'impact sur les dividendes versés aux
actionnaires en 2020. Pour 2021, tout dépendra de la durée de
l'épidémie et de ses conséquences sur les résultats des
entreprises. A ce stade, les analystes prévoient une hausse des
bénéfices par action d'environ 6% en Europe cette année, ce qui
devrait se traduire par une progression plus modérée des
dividendes", commente Florian Allain, gérant d'un fonds centré sur
les valeurs européennes de rendement chez Mandarine Gestion.
La plupart des sociétés françaises qui ont déjà publié leurs
résultats 2019 ont confirmé leurs bonnes dispositions vis-à-vis de
leurs actionnaires. Parmi les plus attendues, Total, Sanofi et BNP
Paribas ont tous trois relevé leur coupon.
D'autres sociétés ont annoncé des distributions exceptionnelles à
la suite de cessions d'actifs. Natixis rendra à ses actionnaires
l'essentiel du produit de la vente de sa participation de 29,5%
dans l'assureur-crédit Coface, annoncée ce mardi. La banque avait
déjà versé en 2019 un dividende exceptionnel à la suite de la
cession de ses activités de banque de détail à BPCE. Le groupe
"continuera de distribuer tout l'excès de capital au-dessus de [sa]
cible de ratio CET de 11,2%", a précisé François Riahi, le
directeur général de Natixis. De quoi soigner le rendement -- le
rapport entre le montant des dividendes versés et le cours du titre
-- déjà élevé de la banque, à 7,6% contre une moyenne de 3,1 fois
pour les sociétés du SBF 120, selon FactSet.
Accor a annoncé qu'il redistribuerait 1 milliard d'euros d'ici à la
fin 2021 sous forme de rachat d'actions. Quant à Bouygues, il
proposera le versement cette année d'un dividende de 2,60 euros par
action, dont 0,90 euro à titre exceptionnel.
Des politiques de distribution multiformes
Il convient cependant de distinguer les retours ponctuels aux
actionnaires comme les rachats d'actions ou les dividendes
exceptionnels et les politiques plus structurées fondées sur des
objectifs. Un nombre croissant d'entreprises s'engage sur un taux
de distribution des bénéfices, qui varie en fonction de leurs
besoins d'investissement, de leurs perspectives de croissance et de
leur taux d'endettement, notamment. En moyenne, le taux de
distribution, ou 'payout ratio', des sociétés du MSCI Europe se
situe aux alentours de 60% des bénéfices publiés, selon Morgan
Stanley.
Certaines entreprises se fixent également des objectifs en valeur,
plus contraignants. Total s'est engagé à faire progresser son
dividende de 5% à 6% par an tandis que LVMH l'a augmenté de plus de
10% par an depuis cinq ans.
"Les sociétés françaises ne déméritent pas mais elles ont une
approche plus flexible que les sociétés britanniques. Au
Royaume-Uni, une majorité d'entreprises s'est engagée à maintenir
le dividende ou à le faire croître en valeur, ce qui constitue un
engagement plus fort qu'un objectif de taux de distribution des
bénéfices", souligne Florian Allain.
Ce genre de promesses peut toutefois s'avérer difficile à tenir en
cas de retournement de la conjoncture. Royal Dutch Shell a par
exemple indiqué le mois dernier qu'il pourrait décaler la mise en
œuvre de son programme de rachat d'actions de 25 milliards de
dollars en fonction de l'avancée de son désendettement, alors que
le bénéfice du groupe a plongé au quatrième trimestre en raison de
la baisse des prix du pétrole.
Les dividendes sont une composante essentielle de l'investissement
en actions. Selon AllianzGI, ils ont contribué pour environ 38% au
rendement total des actions européennes depuis 1974. Ils
constituent aujourd'hui une corde de rappel face aux turbulences
sur les marchés financiers.
Toutefois, si le montant total des dividendes devrait encore
progresser en 2020, certains secteurs pourraient se retrouver sous
pression. C'est notamment le cas des valeurs pétrolières et
financières qui font face à des vents contraires et devront
batailler pour maintenir des niveaux de dividende élevés.
L'automobile sera également sous surveillance après les alertes de
Renault et de Daimler. Les deux constructeurs ont taillé dans leurs
dividendes après avoir publié des résultats en forte baisse en
2019.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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