Paul J. Davies et Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Avant de miser gros avec l'argent des autres, mieux vaut accepter d'être soi-même logé à la même enseigne.



Chez Barclays, Sherborne Investors milite pour obtenir un siège au conseil d'administration ainsi qu'une réorganisation de l'activité de la banque britannique. Or il est apparu la semaine dernière que le fonds new-yorkais a placé près des deux tiers de sa participation de 5,5% au capital de la banque sous la protection de dérivés censés limiter ses pertes en cas de chute du titre Barclays.



Certains actionnaires de long terme jugent la pratique assez cavalière dans la mesure où Sherborne pousse Barclays à restructurer en profondeur son activité mondiale de banque d'investissement. Menées entre autres par Deutsche Bank et Credit Suisse, ces réformes se sont révélées difficiles et coûteuses à mettre en place. Le fait que l'action Barclays ait perdu environ un cinquième de sa valeur depuis l'entrée de Sherborne au capital ne devrait pas non plus apaiser les esprits.



Les investisseurs activistes desservent sans doute leur cause en assurant leurs participations. Certains activistes bien en vue, comme le fonds Trian Partners de Nelson Peltz et Cevian Capital, premier fonds activiste européen, s'abstiennent précisément de couvrir leurs positions pour ne pas discréditer l'argumentation selon laquelle ils agissent dans l'intérêt de tous les actionnaires. D'autres, comme le fonds Elliott Management de Paul Singer, ont quasi systématiquement recours à des instruments de couverture.



Elliott utilise, comme Sherborne, une stratégie de couverture dite de tunnel (ou collar), portant sur près de la moitié de sa participation dans Telecom Italia. Vivendi, premier actionnaire de l'opérateur historique italien, juge que les intérêts d'Elliott divergent de ceux des autres actionnaires et assure même que le fonds a réalisé un profit de 300 millions d'euros sur son investissement, malgré un plongeon de l'action Telecom Italia depuis qu'Elliott a dévoilé sa participation et commencé l'an dernier à faire pression pour la mise en place d'une nouvelle stratégie.



Elliott ayant une position nette acheteuse sur Telecom Italia, toute plus-value réalisée sur ses couvertures aura sans doute été contrebalancée par des pertes. Reste qu'avec sa stratégie de couverture, le fonds activiste bénéficie d'un droit de vote plus important que ne le justifie son exposition financière. Etant donné la bataille actionnariale qui l'opposera à Vivendi lors de la prochaine assemblée générale de Telecom Italia à la fin du mois, chaque droit de vote compte.



Concernant Barclays, il est possible que Sherborne ait été incité à utiliser une stratégie de tunnel pour protéger des actions acquises grâce à un emprunt de 1,4 milliard de livres (1,6 milliard d'euros). Les dérivés protègent aussi bien le prêteur, dans une certaine mesure, que Sherborne.



Cette stratégie ne plaît pas à tous les actionnaires : Sherborne a augmenté ses droits de vote avec un emprunt et limité les risques associés à une majeure partie de ces droits. Disposant d'une participation de 2,5 milliards de livres, le fonds new-yorkais reste exposé à hauteur de plus de 1 milliard de livres mais par rapport à sa mise, son influence paraît disproportionnée.



Cette façon de procéder est pour le moins équivoque. Les actionnaires des entreprises visées devraient bien réfléchir à la réelle exposition des fonds activistes avant de se prononcer sur leurs revendications.



-Paul J. Davies et Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



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March 05, 2019 03:39 ET (08:39 GMT)




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