La résistance des valeurs automobiles se soumet au crash test des semestriels - DJ Plus
17 Juillet 2019 - 04:17PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La route a rarement été aussi cahoteuse
pour les valeurs automobiles. "Presque tous les indicateurs sont
dans le rouge pour le secteur qui se dirige vers un désert de
profit", résume Laurent Petizon, managing director du cabinet de
conseil AlixPartners.
La semaine dernière, le groupe de chimie BASF a, en lançant un
retentissant avertissement sur résultats, pointé la baisse de la
production automobile mondiale d'environ 6% au premier semestre. Le
même jour, la banque Barclays prévenait qu'elle ne s'attendait pas
à une reprise à court terme en Chine, après des chutes de 12,4% des
ventes et de 13,7% de la production entre janvier et juin.
Les volumes de ventes semestrielles publiés en début de semaine par
Groupe PSA et Renault, avec des plongeons respectifs de 12,8% et
6,7%, ont confirmé la morosité de l'industrie. A cela s'ajoutent
les contraintes réglementaires. En Europe, les constructeurs
devront, en moyenne, afficher des émissions de dioxyde de carbone
inférieures à 95 grammes par kilomètre sur 95% de leurs ventes de
véhicules particuliers en 2020, puis 100% en 2021. "Tous les
constructeurs ne pourront parvenir à [ces objectifs, NDLR] sans
payer des amendes", souligne Deutsche Bank.
Des résultats mauvais, mais dans quelle mesure ?
En dépit de ce sombre tableau, les constructeurs et équipementiers
automobiles du SBF 120 ont jusqu'à présent tracé leur voie sans
accident en 2019. Aucun groupe n'a lancé d'avertissement sur
résultats et, à l'exception de Renault, tous affichent une
performance boursière dans le vert depuis janvier.
Cette résistance doit maintenant passer l'épreuve redoutée des
résultats semestriels, alors que Morgan Stanley note que les
investisseurs "sont clairement préoccupés par le risque de
résultats faibles au deuxième trimestre chez les groupes
automobiles européens et/ou par des abaissements d'objectifs pour
2019".
"La question sera de connaître, pour chaque groupe, à quel degré
ces chiffres seront mauvais et de voir dans quelle mesure les
entreprises peuvent confirmer leurs perspectives", complète
Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.
PSA est particulièrement attendu au tournant et devra répondre à
des attentes élevées. Depuis le début de l'année, le titre a gagné
près de 20% et nombre d'analystes anticipent de solides résultats,
malgré la baisse des volumes. Oddo BHF table sur une marge
opérationnelle courante du groupe de 7,9% en hausse de 10 points de
base sur un an, soit le même niveau que Goldman Sachs qui a initié
mardi son suivi à l'achat sur la valeur.
Renault représente un cas à part, le marché se concentrant avant
tout sur les relations avec Nissan et les possibilités de
consolidation, avec en creux une reprise du dialogue avec Fiat
Chrysler Automobiles en vue d'une fusion. "Il n'y a pas de
discussions à l'heure actuelle" sur ce dernier point, a assuré un
porte-parole à l'agence Agefi-Dow Jones. Les résultats de
l'industriel ne devront toutefois pas être négligés: "il sera
intéressant de voir si le groupe a brûlé du cash au premier
semestre", pointe Philippe Houchois, de Jefferies.
Du carburant boursier en cas de bonne surprise
Chez les équipementiers, Faurecia a jusqu'à présent tiré son
épingle du jeu, avec une hausse de 17% de son action depuis
janvier. Son directeur général, Patrick Koller, a laissé peu de
place au doute en déclarant la semaine dernière sur Mobility TV que
son groupe confirmerait ses perspectives pour 2019. Faurecia devra
néanmoins démontrer la résistance de sa marge opérationnelle,
attendue à 7% par JPMorgan et Barclays.
Du côté de Plastic Omnium, "il ne devrait pas y avoir de mauvaise
surprise sur la surperformance [par rapport à la production
automobile mondiale, NDLR]", considère Pierre Vaurice, analyste
chez Midcap Partners, qui estime que la surperformance de
l'équipementier en matière de croissance d'activité devrait se
situer entre 400 et 600 points de base. Le marché surveillera les
commentaires de la direction pour le deuxième semestre où, relève
JPMorgan, la génération de trésorerie devrait se concentrer.
Une forte pression devrait être excercée sur Valeo, titre sur
lequel moins de 20% des analystes interrogés par FactSet sont à
l'achat. "Le marché a cru la promesse d'une forte croissance qui
s'avère aujourd'hui en panne pour Valeo. Le premier trimestre a été
meilleur que prévu mais le marché voudra vérifier que les
conditions d'une reprise durable sont en place", développe Philippe
Houchois, de Jefferies. Barclays a récemment émis des doutes sur la
gestion de trésorerie du groupe tandis qu'Oddo BHF estime que
l'équipementier souffre d'une "faible visibilité sur sa capacité à
rebondir dans un scénario de volumes plus prudent". Le groupe devra
convaincre les analystes que son positionnement sur les grandes
tendances technologiques - électrification et voiture autonome -
lui permettra de retrouver durablement le chemin de la
croissance.
Les investisseurs devront donc accrocher leur ceinture. Morgan
Stanley considère toutefois qu'une stabilisation ou une baisse
moins forte que prévu des résultats semestriels pourrait apporter
du carburant boursier à l'ensemble du secteur. Ce qui diffuserait
un rayon de lumière bienvenu dans le long tunnel que traverse
l'automobile.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
July 17, 2019 09:57 ET (13:57 GMT)
Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024