Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--La route a rarement été aussi cahoteuse pour les valeurs automobiles. "Presque tous les indicateurs sont dans le rouge pour le secteur qui se dirige vers un désert de profit", résume Laurent Petizon, managing director du cabinet de conseil AlixPartners.



La semaine dernière, le groupe de chimie BASF a, en lançant un retentissant avertissement sur résultats, pointé la baisse de la production automobile mondiale d'environ 6% au premier semestre. Le même jour, la banque Barclays prévenait qu'elle ne s'attendait pas à une reprise à court terme en Chine, après des chutes de 12,4% des ventes et de 13,7% de la production entre janvier et juin.



Les volumes de ventes semestrielles publiés en début de semaine par Groupe PSA et Renault, avec des plongeons respectifs de 12,8% et 6,7%, ont confirmé la morosité de l'industrie. A cela s'ajoutent les contraintes réglementaires. En Europe, les constructeurs devront, en moyenne, afficher des émissions de dioxyde de carbone inférieures à 95 grammes par kilomètre sur 95% de leurs ventes de véhicules particuliers en 2020, puis 100% en 2021. "Tous les constructeurs ne pourront parvenir à [ces objectifs, NDLR] sans payer des amendes", souligne Deutsche Bank.



Des résultats mauvais, mais dans quelle mesure ?



En dépit de ce sombre tableau, les constructeurs et équipementiers automobiles du SBF 120 ont jusqu'à présent tracé leur voie sans accident en 2019. Aucun groupe n'a lancé d'avertissement sur résultats et, à l'exception de Renault, tous affichent une performance boursière dans le vert depuis janvier.



Cette résistance doit maintenant passer l'épreuve redoutée des résultats semestriels, alors que Morgan Stanley note que les investisseurs "sont clairement préoccupés par le risque de résultats faibles au deuxième trimestre chez les groupes automobiles européens et/ou par des abaissements d'objectifs pour 2019".



"La question sera de connaître, pour chaque groupe, à quel degré ces chiffres seront mauvais et de voir dans quelle mesure les entreprises peuvent confirmer leurs perspectives", complète Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.



PSA est particulièrement attendu au tournant et devra répondre à des attentes élevées. Depuis le début de l'année, le titre a gagné près de 20% et nombre d'analystes anticipent de solides résultats, malgré la baisse des volumes. Oddo BHF table sur une marge opérationnelle courante du groupe de 7,9% en hausse de 10 points de base sur un an, soit le même niveau que Goldman Sachs qui a initié mardi son suivi à l'achat sur la valeur.



Renault représente un cas à part, le marché se concentrant avant tout sur les relations avec Nissan et les possibilités de consolidation, avec en creux une reprise du dialogue avec Fiat Chrysler Automobiles en vue d'une fusion. "Il n'y a pas de discussions à l'heure actuelle" sur ce dernier point, a assuré un porte-parole à l'agence Agefi-Dow Jones. Les résultats de l'industriel ne devront toutefois pas être négligés: "il sera intéressant de voir si le groupe a brûlé du cash au premier semestre", pointe Philippe Houchois, de Jefferies.



Du carburant boursier en cas de bonne surprise



Chez les équipementiers, Faurecia a jusqu'à présent tiré son épingle du jeu, avec une hausse de 17% de son action depuis janvier. Son directeur général, Patrick Koller, a laissé peu de place au doute en déclarant la semaine dernière sur Mobility TV que son groupe confirmerait ses perspectives pour 2019. Faurecia devra néanmoins démontrer la résistance de sa marge opérationnelle, attendue à 7% par JPMorgan et Barclays.



Du côté de Plastic Omnium, "il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise sur la surperformance [par rapport à la production automobile mondiale, NDLR]", considère Pierre Vaurice, analyste chez Midcap Partners, qui estime que la surperformance de l'équipementier en matière de croissance d'activité devrait se situer entre 400 et 600 points de base. Le marché surveillera les commentaires de la direction pour le deuxième semestre où, relève JPMorgan, la génération de trésorerie devrait se concentrer.



Une forte pression devrait être excercée sur Valeo, titre sur lequel moins de 20% des analystes interrogés par FactSet sont à l'achat. "Le marché a cru la promesse d'une forte croissance qui s'avère aujourd'hui en panne pour Valeo. Le premier trimestre a été meilleur que prévu mais le marché voudra vérifier que les conditions d'une reprise durable sont en place", développe Philippe Houchois, de Jefferies. Barclays a récemment émis des doutes sur la gestion de trésorerie du groupe tandis qu'Oddo BHF estime que l'équipementier souffre d'une "faible visibilité sur sa capacité à rebondir dans un scénario de volumes plus prudent". Le groupe devra convaincre les analystes que son positionnement sur les grandes tendances technologiques - électrification et voiture autonome - lui permettra de retrouver durablement le chemin de la croissance.



Les investisseurs devront donc accrocher leur ceinture. Morgan Stanley considère toutefois qu'une stabilisation ou une baisse moins forte que prévu des résultats semestriels pourrait apporter du carburant boursier à l'ensemble du secteur. Ce qui diffuserait un rayon de lumière bienvenu dans le long tunnel que traverse l'automobile.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



July 17, 2019 09:57 ET (13:57 GMT)




Copyright (c) 2019 L'AGEFI SA
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Valeo
Valeo (EU:FR)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Valeo