Olivier Pinaud,



L'Agefi





PARIS (Agefi-Dow Jones)--A défaut de grand pardon - près de huit mois de lutte intense laisseront des traces entre les différents protagonistes - Veolia et Suez ont conclu le grand partage.



L'accord définitif d'armistice signé vendredi soir, dont les grands contours avaient été dévoilés le 12 avril, va couper en deux morceaux inégaux le groupe Suez : l'essentiel de ses actifs reviendra à Veolia une fois que ce dernier aura bouclé son offre publique d'achat (OPA), vers la fin de 2021, soit moins d'un an et demi après le lancement de son assaut sur son concurrent ; un bout, représentant 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, sera revendu à un consortium d'investisseurs financiers, emmené par le fonds français Meridiam et son homologue américain General Infrastructure Partners (GIP).



Au plus tard, fin juin



Selon le calendrier arrêté par les deux groupes, le conseil d'administration de Suez devra rendre sa recommandation sur l'OPA de Veolia au plus tard le 29 juin. Même date butoir pour le dépôt par Veolia, auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), de son OPA à 20,5 euros par action Suez ainsi que pour la remise de l'offre ferme du consortium financier. L'assemblée générale de Suez se tiendra le 30 juin, dernier jour autorisé pour faire valider les comptes 2020.



Quelques points d'interrogations demeurent toutefois, essentiellement autour du Nouveau Suez, le groupe constitué des actifs revendus par Veolia. La géographie de son actionnariat est arrêtée : Meridiam et GIP auront 40% du capital chacun ; la Caisse des dépôts et CNP Assurances se partageront 20%. Mais comment seront organisées les relations entre ces différents actionnaires, sachant qu'ils n'ont pas tous les mêmes horizons d'investissement ? Comment fonctionnera la gouvernance de ce nouveau groupe ? Qui le dirigera ? Meridiam, GIP et le tandem CDC-CNP ont prévu de répondre à ces questions d'ici à la fin mai. De cette gouvernance et du choix des personnes découlera la capacité du Nouveau Suez à faire de ce puzzle d'actifs un groupe intégré et capable de se déployer.



Quel prix pour les actifs ?



Autre question : quelle place les salariés auront-ils au capital ? Dans un premier temps, l'accord prévoit la rétrocession de 3% du capital du Nouveau Suez aux salariés, avec la volonté de porter cette part à 10% d'ici à sept ans. L'union syndicale de Suez, qui réunit la CFDT, la CFTC et la CGT du groupe, s'interroge sur la participation des salariés au capital et a rappelé sa revendication initiale de détenir 11%. Elle a demandé dès vendredi "à entamer, dans les plus brefs délais, avec Veolia et l'ensemble du nouveau consortium, des négociations, franches, sereines et constructives". L'accord conclu entre Veolia et Suez nécessite la mise en place d'une procédure d'information-consultation des salariés.



Enfin, dernière inconnue, de taille : le prix auquel Veolia revendra les actifs de Suez au consortium financier. Celui-ci n'a pas encore été arrêté, les futurs actionnaires du Nouveau Suez devant encore réaliser les "due diligences" nécessaires. Une attestation d'équité est également attendue pour s'assurer que ces actifs sont revendus à des conditions de marché.



De ce prix de vente dépendra le montant de l'augmentation de capital prévue par Veolia pour financer l'OPA. Le groupe a fixé une fourchette de 2 milliards à 2,5 milliards d'euros, ainsi qu'un possible financement complémentaire par de la dette hybride.





-Olivier Pinaud, L'Agefi ed: VLV



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May 17, 2021 04:07 ET (08:07 GMT)




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