AIR Airbus SE

Julien Marion,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Airbus envoie un signal de haut vol sur la reprise de son activité. Le groupe aéronautique a dévoilé jeudi son planning de production pour les prochaines années, surprenant des investisseurs qui ne tablaient pas sur des projections aussi ambitieuses. En conséquence, l'action de l'ex-EADS décolle, gagnant 6% à 103,64 euros en milieu de journée, proche de sa plus haute altitude depuis l'éclatement de la crise sanitaire.

Dans la famille A320, le best-seller du groupe, Airbus prévoit de passer d'une cadence mensuelle de 45 avions fin 2021 à 64 appareils d'ici le deuxième trimestre 2023. L'avionneur dépasserait alors son rythme de pré-crise puisqu'Airbus produisait autour de 60 appareils par mois à la fin 2019. L'industriel demande également à ses fournisseurs d'anticiper un scénario de 70 avions fabriqués chaque mois d'ici au début de 2024 et a indiqué étudier "des opportunités" pour arriver à une cadence de 75 unités à l'horizon 2025. Sur son autre famille de monocouloirs, l'A220, le rival de Boeing passera d'un rythme mensuel de cinq avions à six début 2022 et envisage une cadence de 14 appareils d'ici "le milieu de la décennie".

Morgan Stanley souligne que cette trajectoire de production dans les monocouloirs "dépasse largement les attentes du marché". La banque pense que ces annonces signifient "soit qu'Airbus a gagné plus de parts de marché à la suite des problèmes rencontrés par Boeing sur le 737 MAX", soit que la reprise du trafic aérien s'avère plus forte que prévu.

Au-delà des monocouloirs, le groupe compte également produire chaque mois six unités de son gros porteur A350 d'ici à l'automne 2022, contre cinq en moyenne à l'heure actuelle.

"Avec ces chiffres détaillés et concrets, Airbus rassure sur l'état de la reprise et permet au marché de se projeter", apprécie Romain Pierredon, analyste auprès du cabinet d'études indépendant AlphaValue. "La pente d'accélération des cadences est largement plus vigoureuse que nos anticipations les plus optimistes", constate de son côté Oddo BHF.

Réduire les risques sur les fournisseurs

Pour mener ses ambitions à bien, Airbus devra poursuivre les efforts entrepris pour optimiser son appareil productif. Le groupe a dans cette optique lancé en avril un projet de réorganisation de ses activités européennes d'assemblage d'aérostructures, c'est-à-dire les grandes pièces de l'avion, telles que sa pointe avant ou ses ailes.

Surtout, l'industriel devra s'assurer que sa chaîne d'approvisionnement puisse l'accompagner dans cette montée en rythme. Le groupe a volontairement communiqué très tôt ce planning de production pour donner de la visibilité à ses nombreux fournisseurs et les inciter à préparer dès maintenant les importants investissements nécessaires pour assurer cette reprise.

"On peut légitimement s'interroger sur l'état de préparation de la chaîne d'approvisionnement à des cadences plus élevées, compte tenu des difficultés rencontrées pendant la période du Covid-19", prévient Morgan Stanley.

Norbert Kretlow, de Commerzbank, juge qu'Airbus et ses fournisseurs devraient parvenir "sans trop de difficultés" à atteindre une production mensuelle de 64 avions de la famille A320 en 2023. L'analyste estime en revanche que des incertitudes entourent les rythmes de 70 avions et 75 avions envisagés d'ici à 2024 et 2025.

Ces cadences "impliquent beaucoup d'efforts de la part de la chaîne d'approvisionnement pour augmenter ses capacités", prévient l'intermédiaire financier. "Airbus entretiendra probablement une communication constante et étroite avec ses fournisseurs afin d'évaluer si ces rythmes peuvent être atteints", ajoute-t-il.

"Les risques existent, mais Airbus a communiqué suffisamment tôt pour les réduire", tranche de son côté Yan Derocles, d'Oddo BHF.

Pour l'heure, les ambitions livrées par le groupe devraient ajouter du carburant à l'action Airbus. Selon FactSet, l'objectif moyen des analystes sur la valeur s'inscrit à 114,30 euros, soit un potentiel de hausse de 10% par rapport à son cours actuel. Mais les annonces de ce jeudi devraient pousser les bureaux d'études à réviser leurs calculs et relever leurs estimations.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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May 27, 2021 07:05 ET (11:05 GMT)

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