L'avenir boursier d'Edenred dépendra surtout de la reprise au Brésil - DJ Plus
20 Février 2018 - 4:48PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Edenred (EDEN.FR) voit vert foncé ce
mardi. L'action de l'émetteur de services prépayés s'envolait de
6,6% dans l'après-midi à 27,43 euros, permettant au groupe
tricolore de franchir de nouveaux plus hauts boursiers, le marché
saluant les résultats de 2017.
Les investisseurs ont raison d'applaudir. Tant en termes de
croissance organique que de marges, Edenred a dépassé ses objectifs
et les attentes du marché. L'inventeur des Tickets Restaurants a
aussi annoncé un dividende supérieur aux prévisions des analystes,
relèvent Bryan Garnier et Invest Securities.
La stratégie du groupe porte ses fruits. Sa diversification vers
les solutions de mobilités professionnels (carte carburants, cartes
de frais professionnels) lui permet d'arriver à "un séduisant
mélange de croissance conjoncturelle et structurelle", observe
Barclays. Edenred a aussi mis l'accent sur le digital pour séduire
les PME. L'an dernier, le groupe a progressé de 40% sur ce marché
porteur dans son activité dite "d'avantages aux salariés", comptant
les tickets cadeaux et les tickets restaurants.
Un titre dépassant le consensus des analystes
Le titre aura besoin de nouveaux catalyseurs pour poursuivre son
essor. Edenred atteint ce mardi un sommet que beaucoup ne le
voyaient pas franchir si tôt. A 27,4 euros le cours de l'émetteur
de services prépayés évolue à près de 10% au dessus du consensus
des analystes.
A l'instar de Barclays, qui au début février dernier jugeait que le
marché sous-estimait Edenred, davantage d'investisseurs prennent la
mesure de son potentiel. "Le marché commence à intégrer le fait que
le groupe délivre une croissance plus forte qu'auparavant", affirme
un analyste parisien.
Pour doper son titre, Edenred peut certes recourir à la croissance
externe. En 2017, "la plus grande partie de l'amélioration du
résultat opérationnel (EBIT) provenait des acquisitions, qui ont
ajouté 16 millions d'euros, soit un quart de la croissance de
l'EBIT", souligne Najet El Kassir, analyste chez Berenberg.
Le PDG Bertrand Dumazy a indiqué que son entreprise poursuivrait
cette année sa politique "d'acquisitions sélectives" en ciblant des
"actifs fortement synergétiques avec nos activités actuelles". Mais
ses marges de manoeuvre ne sont pas extensibles à l'infini. "Le
niveau de dette du groupe a de quoi laisser perplexe. Une fois
retraité l'argent des clients qu'Edenred place mais doit
rembourser, il s'élève à 2,9 fois l'EBITDA", relève Najet El
Kassir.
Le Brésil, crucial mais miné par le chômage
Les investisseurs devront surtout scruter le Brésil. "Le Brésil
reste de loin, le plus gros contributeur au résultat opérationnel
du groupe, avec une part d'environ 40% au résultat opérationnel.
Une amélioration de la conjoncture dans ce pays apporterait un
élément de soutien au cours", explique Najet El Kassir.
Edenred connaît une situation délicate dans le pays. Son activité
dédiée aux solutions de mobilités professionnelles y connaît une
croissance à deux chiffres. En revanche, les avantages aux salariés
sont en décroissance. Ce métier historique d'Edenred est tributaire
de l'évolution de l'emploi salarié. Or le Brésil a connu deux
années de sévères récessions en 2015 et 2016 (-3,7 et -3,8%) qui
ont fait bondir son chômage. En décembre dernier, il s'inscrivait à
près de 12% contre 4,3% à la fin 2014.
Alors que la première économie latino-américaine a redressé la tête
en 2017, la direction fait preuve d'un optimisme très mesuré.
Bertrand Dumazy a évoqué "une lente et progressive amélioration" de
son activité avantages aux salariés au Brésil. "Le contexte
économique s'améliore avec, une hausse du PIB prévue entre 2 et 3%,
selon le consensus des économistes. Mais malheureusement le niveau
de chômage devrait rester élevé, avec au mieux un léger un déclin,
ce qui signifie que la croissance brésilienne crée moins
d'emplois", a-t-il détaillé.
Edenred bien armé pour profiter d'un rebond
"Les analystes n'ont pas encore intégré la reprise du Brésil dans
le cours d'Edenred, la volatilité étant forte dans ce pays qui fait
également face à un environnement politique compliqué. Mais dès que
le Brésil repartira, Edenred en bénéficiera d'autant plus. Le
groupe a complètement rationalisé sa structure de coût. De plus, en
période de reprise économique, Edenred parvient traditionnellement
à renégocier ses contrats", note un analyste.
L'activité brésilienne sera donc un paramètre particulièrement
suivi lors des prochaines publications du groupe. Son accélération
pourrait apporter du carburant à une valeur qui surperforme
largement le marché parisien, avec une hausse de 13,4% depuis le
début de l'année alors que le SBF 120 perd 0,4%. Mais en cas de
rechute, les investisseurs ne manqueront de sanctionner une valeur
devenue dépendante d'un pays à l'avenir aussi incertain.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
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February 20, 2018 10:28 ET (15:28 GMT)
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