Le duo Ford-Volkswagen retient la leçon d'une alliance Renault-Nissan tendue -Plus USA
15 Juillet 2019 - 12:31PM
Dow Jones News
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Derrière le terme grandiloquent
"d'alliance mondiale", la collaboration entre le constructeur
automobile américain Ford et l'allemand Volkswagen représente tout
ce que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi n'est pas: ciblée,
équitable et motivée avant tout par des enjeux stratégiques plutôt
que par des participations croisées. Ce qui ne peut être qu'une
bonne chose.
Vendredi, Ford et Volkswagen ont confirmé l'extension attendue de
leur partenariat aux technologies pour les véhicules autonomes et
les voitures électriques. Les deux constructeurs avaient
précédemment décidé de produire ensemble des pick-up de taille
moyenne et des grands véhicules utilitaires à destination de
plusieurs marchés en dehors des Etats-Unis, dont l'Europe.
Si cette première étape, annoncée mi-janvier, ressemblait à des
prémices, la seconde dévoilée vendredi est très sérieuse. En dehors
des Etats-Unis, les fourgons et les pickups ne représente une
source de bénéfice significative pour aucun des deux groupes. En
revanche, les véhicules électriques et l'intelligence artificielle,
qui prendra à terme la place du chauffeur, sont largement
considérés comme les technologies clés de l'avenir du secteur
automobile.
Volkswagen a dépensé un total de 7 milliards de dollars, soit
environ 6,2 milliards d'euros, pour se doter d'une plateforme
dédiée à la production de véhicules électriques, appelée MEB. Le
groupe allemand espère que cette plateforme lui permettra de
fabriquer 15 millions de véhicules sur dix ans, à commencer l'année
prochaine par sa ID.3 à hayon dont le prix sera inférieur à 30.000
euros.
Ford accèdera désormais à cette plateforme MEB. Le groupe américain
compte y produire 600.000 véhicules en Europe sur six années à
partir de 2023. Sans la plateforme de Volkswagen, le constructeur
américain aurait eu besoin de dépenser des milliards dans ses
propres technologies afin de se conformer à des règles européennes
plus strictes en matières d'émissions de dioxydes de carbones, bien
que le groupe soit un poids plume sur le marché européen. Opter
pour la technologie de Volkswagen, le leader européen avec environ
un quart du marché, constitue dans ce contexte un choix
évident.
Des bénéfices mutuels finement calibrés
En échange, Volkswagen prend pied dans Argo AI, une startup
spécialisée dans les technologies pour les véhicules autonomes et
dans laquelle Ford a pris une participation majoritaire en 2017. Le
groupe allemand, qui a mis plus de temps que ses concurrents à
investir dans la voiture autonome, apportera à Argo ses équipes
travaillant sur les technologies autonomes et injectera 1 milliard
de dollars, une opération qui valorise la start-up à plus de 7
milliards de dollars. Volkswagen et Ford détiendront chacun une
participation minoritaire d'importance égale dans Argo AI,
spécialisée dans les robotaxis pour la logistique et les services
de VTC dans les grandes villes.
Les deux sociétés ont souligné tout au long des négociations
qu'elles n'échangeraient pas d'actions, excluant toute fusion.
Herbert Diess, le président du directoire de Volkswagen, a déclaré
vendredi que des participations croisées n'étaient pas nécessaires,
car l'alliance sera fondée sur des bénéfices mutuels.
Au vu des récents ratés de l'alliance Renault-Nissan, cette
approche s'avère sensée. Bien loin de rapprocher les deux groupes
automobiles, le système de participations croisées déséquilibrées
entre Nissan et Renault est devenue une source de tensions
apparemment sans issue.
Les avantages mutuels de la collaboration entre Ford et Volkswagen
ont été minutieusement calibrés. Leur alliance recouvre seulement
des domaines où au moins un des deux partenaires nécessite un coup
de pouce. Volkswagen a besoin de l'envergure et du savoir-faire de
Ford dans les fourgons, les pickups et les technologies liées à la
voiture autonome, et réciproquement pour les véhicules électriques
en Europe.
Rien de tout cela ne garantit le succès aux deux groupes à une
époque où tout change rapidement. Mais si cette alliance venait à
échouer, ce ne serait pas pour les raisons qui empêchent celle
entre Renault et Nissan de tourner rond.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Julien Marion) ed: ECH
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July 15, 2019 06:11 ET (10:11 GMT)
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