LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Derrière le terme grandiloquent "d'alliance mondiale", la collaboration entre le constructeur automobile américain Ford et l'allemand Volkswagen représente tout ce que l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi n'est pas: ciblée, équitable et motivée avant tout par des enjeux stratégiques plutôt que par des participations croisées. Ce qui ne peut être qu'une bonne chose.



Vendredi, Ford et Volkswagen ont confirmé l'extension attendue de leur partenariat aux technologies pour les véhicules autonomes et les voitures électriques. Les deux constructeurs avaient précédemment décidé de produire ensemble des pick-up de taille moyenne et des grands véhicules utilitaires à destination de plusieurs marchés en dehors des Etats-Unis, dont l'Europe.



Si cette première étape, annoncée mi-janvier, ressemblait à des prémices, la seconde dévoilée vendredi est très sérieuse. En dehors des Etats-Unis, les fourgons et les pickups ne représente une source de bénéfice significative pour aucun des deux groupes. En revanche, les véhicules électriques et l'intelligence artificielle, qui prendra à terme la place du chauffeur, sont largement considérés comme les technologies clés de l'avenir du secteur automobile.



Volkswagen a dépensé un total de 7 milliards de dollars, soit environ 6,2 milliards d'euros, pour se doter d'une plateforme dédiée à la production de véhicules électriques, appelée MEB. Le groupe allemand espère que cette plateforme lui permettra de fabriquer 15 millions de véhicules sur dix ans, à commencer l'année prochaine par sa ID.3 à hayon dont le prix sera inférieur à 30.000 euros.



Ford accèdera désormais à cette plateforme MEB. Le groupe américain compte y produire 600.000 véhicules en Europe sur six années à partir de 2023. Sans la plateforme de Volkswagen, le constructeur américain aurait eu besoin de dépenser des milliards dans ses propres technologies afin de se conformer à des règles européennes plus strictes en matières d'émissions de dioxydes de carbones, bien que le groupe soit un poids plume sur le marché européen. Opter pour la technologie de Volkswagen, le leader européen avec environ un quart du marché, constitue dans ce contexte un choix évident.



Des bénéfices mutuels finement calibrés



En échange, Volkswagen prend pied dans Argo AI, une startup spécialisée dans les technologies pour les véhicules autonomes et dans laquelle Ford a pris une participation majoritaire en 2017. Le groupe allemand, qui a mis plus de temps que ses concurrents à investir dans la voiture autonome, apportera à Argo ses équipes travaillant sur les technologies autonomes et injectera 1 milliard de dollars, une opération qui valorise la start-up à plus de 7 milliards de dollars. Volkswagen et Ford détiendront chacun une participation minoritaire d'importance égale dans Argo AI, spécialisée dans les robotaxis pour la logistique et les services de VTC dans les grandes villes.



Les deux sociétés ont souligné tout au long des négociations qu'elles n'échangeraient pas d'actions, excluant toute fusion. Herbert Diess, le président du directoire de Volkswagen, a déclaré vendredi que des participations croisées n'étaient pas nécessaires, car l'alliance sera fondée sur des bénéfices mutuels.



Au vu des récents ratés de l'alliance Renault-Nissan, cette approche s'avère sensée. Bien loin de rapprocher les deux groupes automobiles, le système de participations croisées déséquilibrées entre Nissan et Renault est devenue une source de tensions apparemment sans issue.



Les avantages mutuels de la collaboration entre Ford et Volkswagen ont été minutieusement calibrés. Leur alliance recouvre seulement des domaines où au moins un des deux partenaires nécessite un coup de pouce. Volkswagen a besoin de l'envergure et du savoir-faire de Ford dans les fourgons, les pickups et les technologies liées à la voiture autonome, et réciproquement pour les véhicules électriques en Europe.



Rien de tout cela ne garantit le succès aux deux groupes à une époque où tout change rapidement. Mais si cette alliance venait à échouer, ce ne serait pas pour les raisons qui empêchent celle entre Renault et Nissan de tourner rond.



-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Julien Marion) ed: ECH



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July 15, 2019 06:11 ET (10:11 GMT)




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