Par Ivan Best





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Comment faire face à la chute des prix d'occasion de certaines voitures, en raison d'un changement de goût des consommateurs ou de ruptures technologiques ? C'est ce que se demandent nombre de banques "captives" des constructeurs automobiles, finançant des opérations de leasing, en Amérique du Nord et en Europe. Dans certains pays, le problème se pose avec acuité, estime Moody's, dans une étude récente.



Outre-Atlantique, plus d'un tiers des achats de véhicules sont financés via le leasing, qui débouche rarement sur l'achat de la voiture par le consommateur. La banque revend donc le véhicule après trois ans d'utilisation. S'agissant des SUV (Sport Utility Vehicle), le taux d'achat par leasing est encore plus élevé. Or ces SUV (et mini-camions assimilés) représentent 64% des ventes aujourd'hui aux Etats-Unis, et même 68% au Canada. La demande pour ce type de véhicules sera-t-elle toujours aussi forte dans trois ans, quand les captives les déverseront sur le marché de l'occasion ?



C'est la question posée par Moody's, qui émet l'hypothèse de consommateurs un peu moins dispendieux, notamment si le prix de l'essence remonte. Alors le marché serait déséquilibré par une offre surabondante, les prix baisseraient fortement, et les banques captives devraient accuser des pertes. L'agence estime que les grandes marques automobiles qui en sont propriétaires les assumeraient sûrement.



En Europe, ce n'est pas le problème des SUV qui se pose, mais celui du diesel, qui représentait jusqu'à maintenant 60% des ventes en leasing, et dont le marché a déjà commencé à chuter (un tiers seulement de part de marché en Allemagne en décembre).



En Grande-Bretagne, où 80% des achats de voitures par des particuliers ont lieu en leasing, les banques captives ont accumulé 25 milliards de livres (28 milliards d'euros) de crédits en risque, liés à une éventuelle chute des prix de l'occasion. Au total, tous marchés confondus, les deux compagnies financières de Volkswagen sont exposées à ce risque à hauteur de 15 à 20 milliards d'euros, dont 8 milliards pour le seul marché britannique, estime Moody's.



Dans l'hypothèse d'une perte de 20%, ce seraient donc 3 à 4 milliards d'euros qui s'ajouteraient à l'endettement du groupe, le ratio dette/Ebitda montant alors de 12 à 15 points de base, sauf augmentation de capital.





-Ivan Best, L'Agefi ed: VLV





"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence Agefi-Dow Jones, dont L'Agefi est propriétaire.





(END) Dow Jones Newswires



February 14, 2018 05:43 ET (10:43 GMT)




Copyright (c) 2018 Dow Jones & Company, Inc.