Le nouveau patron d'Elior aura besoin de temps pour redéfinir ses objectifs - DJ Plus
20 Novembre 2017 - 4:05PM
Dow Jones News
Ambroise Ecorcheville,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La lourde chute du titre Elior Group
(ELIOR.FR) n'en a pas (encore) fait une opportunité d'achat. Après
avoir dégringolé de 18,2% vendredi, en réaction à la révision en
baisse de ses prévisions de bénéfices, la valeur faisait à nouveau
office de lanterne rouge du SBF 120 lundi, avec un recul de plus de
5% en seconde partie de séance.
Malheureusement, il faudra sans doute au moins quelques mois à son
nouveau capitaine pour pouvoir redonner aux investisseurs une
certaine visibilité sur les perspectives à moyen terme du groupe de
restauration collective et de concessions.
Une performance 2016-2017 à détailler
Certes, les grandes lignes de l'année 2016-2017 ont d'ores et déjà
été recadrées. Pour l'exercice clos fin septembre, Elior a relevé
ses projections de croissance mais abaissé ses objectifs de
rentabilité.
Le groupe vise désormais une hausse organique d'environ 3,6% de son
chiffre d'affaires, contre une progression d'au moins 3%
initialement. Mais en parallèle, il n'anticipe plus qu'une marge
brute d'exploitation (marge Ebitda) retraitée en baisse à 8,3%, là
où une augmentation de 20 à 30 points de base avait auparavant été
anticipée par rapport à celle de 8,5% réalisée en 2015-2016.
Au-delà de ces prévisions, un certain degré d'incertitude continue
de peser sur la performance financière du groupe sur l'exercice
2016-2017.
En bas de lignes de comptes, l'objectif d'une augmentation
"significative" du bénéfice net par action a été purement et
simplement abandonné. Le risque de charges exceptionnelles, liées
par exemple à l'impact du passage de l'ouragan Irma en septembre,
ne peut être totalement écarté.
Rien de concret sur 2017-2018 avant décembre
Pour de premières indications sur l'exercice 2017-2018, entamé en
octobre dernier, il faudra également patienter jusqu'à la
publication des résultats 2016-2017 d'Elior. Cette dernière aura
lieu le 6 décembre, au lendemain de la validation par son conseil
d'administration de la nomination de Philippe Guillemot à sa
direction générale.
Dans le principe, le groupe bénéficie d'une bonne visibilité sur
ses perspectives grâce à une activité basée sur des contrats de
long terme. Cependant, certains des facteurs qui ont grevé sa
performance fin 2016-2017 pourraient continuer de peser sur ses
comptes au moins au début de l'exercice 2017-2018.
Cela pourrait être le cas des coûts de démarrage de nouveaux
contrats et des moindres économies que prévu générées par les plans
d'action mis en place par l'ancien patron du groupe, Philippe
Salle.
A cet égard, il paraît difficile de croire que le départ de
l'auteur du plan stratégique Tsubaki n'ait pas entraîné un certain
flottement dans la gestion du groupe. Philippe Salle a quitté Elior
à la fin du mois d'octobre, après avoir annoncé son départ fin
juillet.
Des objectifs stratégiques en suspens
Surtout, les objectifs de long terme d'Elior demandent à être remis
à plat, comme l'a lui-même reconnu le groupe vendredi.
Après le recul désormais anticipé des marges en 2016-2017, la
perspective d'une marge brute d'exploitation (marge Ebitda)
retraitée comprise entre 9% et 10% en 2019-2020 paraît trop
optimiste. Nombreux sont les analystes à estimer désormais que la
borne basse de cette fourchette ne sera pas atteinte.
Pour en avoir le coeur net, il faudra attendre au moins quelques
mois, le temps pour Philippe Guillemot de faire le tour de
l'entreprise pour les redéfinir en toute connaissance de cause. En
l'absence de son futur patron, Elior n'était pas en mesure de dire
à quel moment pourrait avoir lieu ce point stratégique. Il est au
moins espéré avant la fin du premier semestre 2018.
Une inflexion de la stratégie ne peut être totalement écartée. Si
le nouveau dirigeant a été chargé d'établir sa nouvelle feuille de
route "dans le cadre de la stratégie définie par le conseil
d'administration", son rôle ne peut être réduit à celui d'un simple
exécutant.
Une réputation plutôt flatteuse, à confirmer
Ancien numéro deux d'Alcatel-Lucent et dirigeant d'Europcar,
Philippe Guillemot "a démontré ses qualités de redresseur et de
développeur d'activités", selon Natixis. Il n'empêche que le
dirigeant devra faire ses preuves à la tête d'Elior.
Pour assoir sa crédibilité à la tête du groupe, il lui faudra
atteindre pendant plusieurs trimestres de suite ses objectifs
financiers. Qu'il lui reste encore à définir.
- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90;
aecorcheville@agefi.fr ed: ECH
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