Le pari de Total sur Direct Energie est onéreux mais pertinent - DJ Plus
18 Avril 2018 - 6:42PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--En proposant de racheter le fournisseur
alternatif d'électricité Direct Energie (DIREN.FR) pour 1,4
milliard d'euros, Total (FP.FR) paie le prix fort pour assouvir ses
ambitions sur le marché français de la distribution de gaz et
d'électricité et diversifier son modèle économique.
Le prix de 42 euros par action offert par le géant pétrolier fait
ressortir une prime de 30% par rapport au dernier cours coté de
Direct Energie, et de 13% sur la moyenne des six derniers mois
pondérée par les volumes. Le fournisseur alternatif se retrouve
valorisé à environ 12,5 fois son résultat brut d'exploitation
(Ebitda) prévisionnel 2018. "C'est un peu cher si l'on considère
que les valorisations dans le secteur européen des utilities se
situent entre 5 et 10 fois", souligne Biraj Borkhataria, analyste
de RBC Capital Markets. "L'intérêt du deal réside dans la base de
clientèle de Direct Energie et dans sa forte croissance",
ajoute-t-il.
Avec une base de clientèle de 2,6 millions de foyers, en croissance
de 24% en 2017, Direct Energie est le seul acteur indépendant à
avoir la taille critique sur un marché encore largement dominé par
les opérateurs historiques EDF et Engie. Le groupe a bénéficié du
cadre réglementaire mis en place en 2011 et du rachat de son
principal concurrent Poweo l'année suivante pour accélérer sa
croissance et devenir enfin rentable. Mais l'arrivée de nouveaux
acteurs sur ce marché depuis un an - et pas des moindres, à
l'exemple d'ENI, Total, ou encore C-discount, filiale de Casino - a
suscité quelques interrogations de la part des investisseurs, et
poussé Direct Energie à faire évoluer son modèle. De simple
fournisseur d'électricité, le groupe est également devenu
producteur, en rachetant deux centrales à gaz ainsi que le
producteur d'énergies renouvelables Quadran.
En s'alliant à Total, le groupe se donne les moyens de poursuivre
cette stratégie et de mener à bien ses nombreux projets dans les
énergies renouvelables. Par ailleurs l'offre apparaît comme une
très bonne opportunité pour les actionnaires de Direct Energie,
après un très beau parcours boursier au cours des dernières années.
Les principaux actionnaires de la société - Jacques Veyrat,
Stéphane Courbit, Jean-Paul Bize, ainsi que son fondateur Xavier
Caïtucoli - ont d'ores et déjà conclu un accord avec Total afin de
céder leurs parts, représentant 74% du capital. Le pétrolier
lancera ensuite une offre publique obligatoire sur les titres
restant en circulation. L'opération ne devrait pas rencontrer
d'obstacle du côté des autorités de la concurrence, étant donné la
faible part de marché du futur ensemble autour de 12%, et devrait
être bouclée comme prévu au troisième trimestre 2018.
Même s'il paie un peu cher sa cible, Total ne réalise pas un achat
inconsidéré. Après s'être renforcé dans les activités pétrolières
avec le rachat de Maersk Oil pour 7,5 milliards de dollars, le
pétrolier entend se diversifier "sur l'ensemble de la chaîne de
valeur du gaz - électricité", et développer les énergies
renouvelables. L'acquisition de Direct Energie répond à ces deux
objectifs. "Ce rapprochement permettra à Total d'accélérer sa
pénétration du marché de l'électricité et du gaz en acquérant un
parc clients déjà établi et en bénéficiant directement du
savoir-faire historique de Direct Energie en matière de gestion de
la clientèle", souligne Pierre Vaurice, chez Midcap Partners. Les
objectifs commerciaux fixés par le groupe, à savoir atteindre 6
millions de clients en gaz/électricité en France d'ici 2022, contre
4 millions aujourd'hui (avec Direct Energie) semblent réalisables,
sur un marché certes plus concurrentiel, mais où il dispose d'une
force de frappe commerciale et d'une marque reconnue.
"Le groupe se met également au diapason de la société et de la
pression croissante des investisseurs en faveur de la transition
énergétique", souligne Biraj Bokhataria.
Alors qu'il a réduit ses coûts de production dans son coeur de
métier grâce à un programme d'économies de 5 milliards de dollars
sur la période 2014-2020, Total doit réinvestir une partie de ces
ressources dans de nouvelles activités. Ce rachat lui en donne
l'opportunité, sans dégrader sa rentabilité.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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April 18, 2018 12:22 ET (16:22 GMT)
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