Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Un nuage est apparu mardi dans le ciel d'Air France-KLM. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a dévoilé un projet d'éco-contribution sur les billets d'avions, de 1,5 à 18 euros et affectant les vols au départ de la France. L'annonce de cette taxe, qui s'appliquerait à partir de 2020, a plombé l'ensemble des compagnies aériennes en Bourse mardi. Air France-KLM a terminé en baisse de 3%, regagnant 1% ce mercredi en séance. Lufthansa a connu une trajectoire similaire, chutant de 2% avant de reprendre 1% mercredi.



Si la mesure s'applique à toutes les compagnies, Air France-KLM devrait être le groupe aérien le plus affecté, devant easyJet et Ryanair, selon Bernstein. Mardi, la compagnie Air France s'est vivement opposée à ce projet, rappelant que 50% de son activité était réalisée au départ de la France. La compagnie tricolore a évalué à plus de 60 millions d'euros le surcoût annuel qu'impliquerait cette éco-contribution. Ce qui alourdirait un peu plus le poids des taxes pesant sur la société. D'après Air France, les taxes et redevances représentent à l'heure actuelle 53% du prix médian d'un billet Paris-Nice, de 90,3 euros.



Cette annonce dégrade surtout un environnement déjà maussade pour l'ensemble des compagnies européennes. La taxe "pèserait sur la demande européenne à un moment où cette demande s'affaiblit de toute façon", pointe Bernstein. Les avertissements sur résultats se sont multipliés depuis le début de l'année, lancés par Ryanair, easyJet et Lufthansa. Le mois dernier, la compagnie allemande affirmait s'attendre "à ce que le marché européen reste difficile au moins jusqu'à la fin de l'année 2019". Dans une note publiée quelques jours plus tard, HSBC a exprimé de vives inquiétudes sur la demande pour les compagnies européennes, pointant le fait que les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques.



Un dialogue plus aisé avec le SNPL



Face à cet environnement adverse, Air France-KLM a une carte à jouer pour convaincre les investisseurs de préférer le groupe franco-néerlandais à ses concurrents. Son directeur général, Ben Smith, s'attèle au redressement de la rentabilité du groupe, en particulier à celle d'Air France, qu'il souhaite rapprocher au plus près de celle de KLM. En 2018, la compagnie tricolore a affiché une marge d'exploitation de 1,7% - et d'environ 4% hors impact des grèves - contre 9,8% pour sa collègue néerlandaise.



Ces ambitions séduisent HSBC, qui juge qu'Air France-KLM dispose d'une "opportunité unique pour améliorer son activité". Berenberg estime pour sa part qu'Air France-KLM est le groupe aérien possédant le levier opérationnel le plus important pour faire progresser ses performances.



L'apaisement du dialogue social et l'arrivée de Guillaume Gestas, un commandant de bord détaché d'Air France chez la low-cost Transavia, à la tête du syndicat de pilotes SNPL Air France en décembre, facilite la tâche de Ben Smith. Pour preuve, le bureau exécutif du SNPL Air France et la direction sont parvenus la semaine dernière à un accord sur le développement de Transavia France, qui prévoit notamment la suppression de la limite de sa flotte à 40 avions. Cet accord sera prochainement soumis aux votes des adhérents du SNPL Air France, le résultat devant survenir à la "fin juillet", a indiqué une porte-parole du syndicat à l'agence Agefi-Dow Jones.



Un grand oral très attendu à l'automne



L'expansion de Transavia pourrait donner des ailes au groupe. "Un développement de Transavia France permettrait d'attaquer sérieusement les deux sources majeures de pertes d'Air France, à savoir le réseau domestique et le moyen-courrier", écrivait en mai Oddo BHF. Berenberg qualifie Transavia "d'important outil d'amélioration des marges" d'Air France-KLM.



Les investisseurs guetteront l'officialisation de cet accord, avant un rendez-vous très attendu à l'automne. En novembre, Ben Smith exposera sa stratégie lors d'une journée consacrée aux investisseurs. Le pilote d'Air France-KLM devrait donner davantage d'indications sur les moyens d'améliorer la rentabilité d'Air France. Ben Smith a déjà actionné plusieurs leviers, dont la ponctualité. Air France a fait un bond dans le classement établi chaque mois par la société FlightStats. La compagnie s'est classée au 16e rang en juin dernier alors qu'elle figurait à la 31e place en juillet 2018.



Ces progrès ne sont pas à prendre à la légère dans la mesure où les dédommagements liés aux retards et aux annulations ont coûté 400 millions d'euros en 2018. Air France entend également réduire ses pertes sur son réseau domestique, en y diminuant de 15% ses capacités d'ici à fin 2021, et compte dynamiser sa recette unitaire via sa montée en gamme.



Le marché attend toutefois davantage de précisions et Ben Smith devra réussir son grand oral de novembre pour qu'Air France-KLM parvienne à décoller en Bourse. Depuis janvier, la valeur perd 8% quand le SBF 120 s'adjuge 17%. Au vu des avancées réalisées par le pilote en moins d'un an, l'optimisme pourrait finir par prévaloir.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



July 10, 2019 10:53 ET (14:53 GMT)




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