Le plan de vol d'Air France-KLM devrait résister au vent contraire de l'écotaxe --DJ Plus
10 Juillet 2019 - 05:13PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Un nuage est apparu mardi dans le ciel
d'Air France-KLM. La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a
dévoilé un projet d'éco-contribution sur les billets d'avions, de
1,5 à 18 euros et affectant les vols au départ de la France.
L'annonce de cette taxe, qui s'appliquerait à partir de 2020, a
plombé l'ensemble des compagnies aériennes en Bourse mardi. Air
France-KLM a terminé en baisse de 3%, regagnant 1% ce mercredi en
séance. Lufthansa a connu une trajectoire similaire, chutant de 2%
avant de reprendre 1% mercredi.
Si la mesure s'applique à toutes les compagnies, Air France-KLM
devrait être le groupe aérien le plus affecté, devant easyJet et
Ryanair, selon Bernstein. Mardi, la compagnie Air France s'est
vivement opposée à ce projet, rappelant que 50% de son activité
était réalisée au départ de la France. La compagnie tricolore a
évalué à plus de 60 millions d'euros le surcoût annuel
qu'impliquerait cette éco-contribution. Ce qui alourdirait un peu
plus le poids des taxes pesant sur la société. D'après Air France,
les taxes et redevances représentent à l'heure actuelle 53% du prix
médian d'un billet Paris-Nice, de 90,3 euros.
Cette annonce dégrade surtout un environnement déjà maussade pour
l'ensemble des compagnies européennes. La taxe "pèserait sur la
demande européenne à un moment où cette demande s'affaiblit de
toute façon", pointe Bernstein. Les avertissements sur résultats se
sont multipliés depuis le début de l'année, lancés par Ryanair,
easyJet et Lufthansa. Le mois dernier, la compagnie allemande
affirmait s'attendre "à ce que le marché européen reste difficile
au moins jusqu'à la fin de l'année 2019". Dans une note publiée
quelques jours plus tard, HSBC a exprimé de vives inquiétudes sur
la demande pour les compagnies européennes, pointant le fait que
les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux
écologiques.
Un dialogue plus aisé avec le SNPL
Face à cet environnement adverse, Air France-KLM a une carte à
jouer pour convaincre les investisseurs de préférer le groupe
franco-néerlandais à ses concurrents. Son directeur général, Ben
Smith, s'attèle au redressement de la rentabilité du groupe, en
particulier à celle d'Air France, qu'il souhaite rapprocher au plus
près de celle de KLM. En 2018, la compagnie tricolore a affiché une
marge d'exploitation de 1,7% - et d'environ 4% hors impact des
grèves - contre 9,8% pour sa collègue néerlandaise.
Ces ambitions séduisent HSBC, qui juge qu'Air France-KLM dispose
d'une "opportunité unique pour améliorer son activité". Berenberg
estime pour sa part qu'Air France-KLM est le groupe aérien
possédant le levier opérationnel le plus important pour faire
progresser ses performances.
L'apaisement du dialogue social et l'arrivée de Guillaume Gestas,
un commandant de bord détaché d'Air France chez la low-cost
Transavia, à la tête du syndicat de pilotes SNPL Air France en
décembre, facilite la tâche de Ben Smith. Pour preuve, le bureau
exécutif du SNPL Air France et la direction sont parvenus la
semaine dernière à un accord sur le développement de Transavia
France, qui prévoit notamment la suppression de la limite de sa
flotte à 40 avions. Cet accord sera prochainement soumis aux votes
des adhérents du SNPL Air France, le résultat devant survenir à la
"fin juillet", a indiqué une porte-parole du syndicat à l'agence
Agefi-Dow Jones.
Un grand oral très attendu à l'automne
L'expansion de Transavia pourrait donner des ailes au groupe. "Un
développement de Transavia France permettrait d'attaquer
sérieusement les deux sources majeures de pertes d'Air France, à
savoir le réseau domestique et le moyen-courrier", écrivait en mai
Oddo BHF. Berenberg qualifie Transavia "d'important outil
d'amélioration des marges" d'Air France-KLM.
Les investisseurs guetteront l'officialisation de cet accord, avant
un rendez-vous très attendu à l'automne. En novembre, Ben Smith
exposera sa stratégie lors d'une journée consacrée aux
investisseurs. Le pilote d'Air France-KLM devrait donner davantage
d'indications sur les moyens d'améliorer la rentabilité d'Air
France. Ben Smith a déjà actionné plusieurs leviers, dont la
ponctualité. Air France a fait un bond dans le classement établi
chaque mois par la société FlightStats. La compagnie s'est classée
au 16e rang en juin dernier alors qu'elle figurait à la 31e place
en juillet 2018.
Ces progrès ne sont pas à prendre à la légère dans la mesure où les
dédommagements liés aux retards et aux annulations ont coûté 400
millions d'euros en 2018. Air France entend également réduire ses
pertes sur son réseau domestique, en y diminuant de 15% ses
capacités d'ici à fin 2021, et compte dynamiser sa recette unitaire
via sa montée en gamme.
Le marché attend toutefois davantage de précisions et Ben Smith
devra réussir son grand oral de novembre pour qu'Air France-KLM
parvienne à décoller en Bourse. Depuis janvier, la valeur perd 8%
quand le SBF 120 s'adjuge 17%. Au vu des avancées réalisées par le
pilote en moins d'un an, l'optimisme pourrait finir par
prévaloir.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
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