Par Olivier Pinaud



PARIS (Agefi-Dow Jones)--C'est devenu le cauchemar des fabricants de produits d'électroniques, téléphones, ordinateurs ou autres décodeurs. En un an, le prix des mémoires de stockage DRAM et NAND a connu une vertigineuse ascension, avec un quasi-doublement pour les premières. Conséquence : selon les analystes d'UBS, les DRAM représentaient 11% du coût des matériaux d'un smartphone contre moins de 5% début 2015. La part pourrait monter à 14% mi-2018, estime UBS.



Ce phénomène, d'une ampleur rarement vue dans un secteur hautement cyclique, résulte d'un violent effet de ciseaux. D'un côté, une demande exacerbée par le développement de smartphones toujours plus musclés et par la construction de puissants centres de données à travers le monde. De l'autre côté, des capacités de production de mémoires contraintes par des délais incompressibles. La construction et la mise en service d'une usine de mémoires demande plusieurs trimestres entre la décision d'investissement et la fonte des premières pièces. Entre 2015 et 2017, la capacité cumulée des producteurs de DRAM n'a augmenté que de 5% quand dans le même temps la demande a bondi de 65%. L'interminable processus de cession de l'activité mémoires de Toshiba a également pénalisé l'activité du fabricant japonais et accentué les tensions sur le marché.



Les grands producteurs mondiaux, Samsung, Micron ou Hynix (96% du marché à eux trois) ont engagé de grands plans d'investissement pour répondre à la demande, ce qui devrait commencer à assouplir les tensions dans le courant de 2018. Mais selon JPMorgan, ces fabricants resteront disciplinés pour continuer à profiter de la situation actuelle du marché. Les analystes de la banque américaine s'attendent à une augmentation de l'offre de 20% en 2018, toujours inférieure à la croissance de la demande.



Mais pour UBS, le marché des mémoires est proche de son point d'inflexion, même si la pénurie devrait perdurer au premier semestre 2018. "Le prix est intenable à long terme", jugent les analystes de la banque suisse, car il pénalise à la fois "les clients et la demande finale". Les fabricants de téléphones pourraient ainsi commencer à revoir les spécifications de leurs appareils pour contenir les coûts et les prix de vente au public, comme les producteurs d'ordinateurs ont pu le faire dans le passé. Un phénomène insuffisamment anticipé par les investisseurs, selon UBS.



-Olivier Pinaud, L'Agefi. ed: ECH



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December 05, 2017 06:16 ET (11:16 GMT)




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