François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les années se suivent et ne se ressemblent pas pour Rémy Cointreau. Après un cru "record" en 2018-2019, l'exercice 2019-2020 s'annonce beaucoup moins festif.



Au cours du premier semestre, clos fin septembre, les ventes se sont repliées de 3,6% à taux de change et périmètre constants, alors qu'elles avaient progressé de 7,8% sur l'ensemble de l'exercice écoulé. Le résultat opérationnel s'est quant à lui contracté de 4,7% contre une croissance organique de 14,2% au cours des douze mois précédents.



Plusieurs facteurs expliquent ce coup de frein. L'arrêt par le groupe des contrats de distribution de marques partenaires pèsera à hauteur de 56 millions d'euros sur le chiffre d'affaires annuel.



Rémy Cointreau a surtout souffert au premier semestre de la prudence des distributeurs américains face aux tensions commerciales et de la crise politique à Hong Kong, qui ont pesé sur ses ventes de cognac.



La situation à Hong Kong reste "très mauvaise", même si l'activité de l'aéroport - liée aux passagers en transit - compense en partie la chute du tourisme dans le territoire semi-autonome chinois, a indiqué Valérie Chapoulaud-Floquet, la directrice générale de Rémy Cointreau, jeudi lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.



Rémy Cointreau peut aussi compter sur une forte demande en Chine continentale où il anticipe une croissance à deux chiffres de ses ventes en 2019-2020. La directrice générale s'est également dite "très confiante" quant à une accélération de l'activité au second semestre aux Etats-Unis.



Ces commentaires n'ont pas suffi à rassurer les investisseurs, et le titre perdait 2,8% jeudi après-midi.



Les analystes affichent leur scepticisme



Les résultats du premier semestre sont inférieurs aux attentes, qui avaient pourtant été abaissées, et les perspectives pour l'ensemble de l'exercice sont faibles, tranchent les analystes de Citi.



Rémy Cointreau table sur un résultat opérationnel courant stable en 2019-2020, alors que d'autres groupes de spiritueux plus diversifiés affichent des perspectives plus flatteuses à court terme. Pernod Ricard, propriétaire du whisky Jameson, de la vodka Absolut et du cognac Martell vise une croissance interne de son résultat opérationnel courant comprise entre 5% et 7% pour l'exercice en cours, tout comme le britannique Diageo, numéro un mondial du secteur.



Pour les analystes d'Oddo BHF, la mauvaise surprise provient essentiellement des frais de holding bien supérieurs aux attentes au premier semestre, à 9 millions d'euros contre 5 millions attendus par le consensus. Rémy Cointreau doit en outre consentir d'importants investissements en marketing afin de soutenir sa stratégie de montée en gamme. Ces frais ont absorbé l'essentiel de la progression de la marge brute au premier semestre (+4%), note pour sa part Invest Securities.



La déception doit être relativisée. Au cours des dernières années, Rémy Cointreau a parfaitement su capter l'engouement des consommateurs chinois et américains pour les eaux-de-vie haut de gamme, grâce à ses marques Rémi Martin et Louis XIII, aujourd'hui très appréciées parmi les clients les plus fortunés. Les investissements qu'il réalise aujourd'hui devraient encore renforcer ses positions sur ce segment, qui croît deux fois plus vite que le reste du marché des spiritueux.



Un potentiel restreint malgré une récente baisse



A court terme, le potentiel boursier semble toutefois limité. Malgré une chute d'environ 18% depuis son sommet historique atteint au début septembre, le titre s'échange encore à 30 fois les bénéfices attendus pour 2020, ce qui représente une prime de 36% sur le secteur européen des biens de consommation courante, note UBS.



Pour la banque, cette prime se justifie par les perspectives de croissance supérieures du groupe à moyen terme et par son positionnement "unique" sur les marchés américain et chinois.



Mais cette exposition rend également le groupe plus vulnérable au moindre coup de frein sur ces marchés. Alors qu'il a été largement épargné par les surtaxes douanières américaines sur les produits européens -- seule sa marque de whisky écossais Bruichladdich est concernée -- Rémy Cointreau n'est pas à l'abri d'un revirement sur le front commercial. "Les Etats-Unis ont adopté un système de 'carrousel' avec une revue des taxes à l'importation tous les six mois, nous restons donc vigilants", souligne une porte-parole du groupe.



La hausse des positions "short" sur le titre Rémy Cointreau depuis le début de l'année illustre ces incertitudes. Au 26 novembre, 8,17% du capital du groupe était prêté pour des ventes à découvert, selon les données du cabinet IHS Markit, contre environ 4% le 1er janvier.



Les résultats publiés ce jeudi risquent de renforcer les sceptiques.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



November 28, 2019 10:39 ET (15:39 GMT)




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