Jon Sindreu,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Nonobstant les craintes d'un ralentissement économique mondial, le transport aérien de passagers reste une activité rentable. Pour les marchandises, c'est nettement moins sûr.



La demande mondiale de fret aérien -- mesuré en tonnes-kilomètres de marchandises -- a reculé de 3,9% en août sur un an, selon les données publiées la semaine dernière par l'Association internationale du transport aérien (Iata). Il s'agit du dixième mois consécutif de baisse en glissement annuel pour les volumes mondiaux de fret aérien, soit la plus longue période de repli depuis la crise financière de 2008. Le ralentissement économique de la Chine et son bras de fer commercial avec les Etats-Unis en sont sans doute responsables.



Les dernières données sur l'activité du secteur manufacturier n'ayant laissé que peu d'espoir d'amélioration, la faiblesse du fret aérien est une difficulté avec laquelle les compagnies aériennes et constructeurs aéronautiques, Boeing en particulier, devront composer pendant encore un bon moment.



Comme pour le transport maritime, le recul de la demande n'a pas pour autant mis un frein à l'expansion de la capacité de fret, qui a augmenté de 1,9% sur la période de janvier à août. Cette situation renvoie à un problème fondamental du secteur : les compagnies exploitent davantage d'appareils pour répondre à la demande des passagers, ce qui augmente automatiquement leur capacité de fret et sape leur pouvoir de fixation des prix. A travers le monde, les rendements du fret général ont diminué de 7,1% sur la même période, selon le fournisseur de données spécialisées WorldACD.



Numéro un européen du fret aérien, Lufthansa a indiqué vendredi que le chiffre d'affaires de sa division cargo avait reculé de 3,6% en septembre sur un an. Jeudi, l'américain Delta Air Lines avait annoncé de son côté une chute de 17% de son chiffre d'affaires dans le fret au troisième trimestre.



Jusqu'à présent, les transporteurs américains ont même été plus affectés que leurs homologues asiatiques, en dépit des récents blocages de l'aéroport international de Hong Kong. Sur le trimestre terminé en août, les recettes en dollars des compagnies aériennes nord-américaines sur les flux de fret aérien entre la Chine et les Etats-Unis ont reculé de 26% par rapport à la période correspondante de 2018, contre une baisse de 17% pour les compagnies chinoises, selon les données de WorldACD.



L'impact est particulièrement visible sur la compagnie cargo américaine Atlas Air. L'action a décroché en août et s'inscrit maintenant en baisse de 60% par rapport à l'an dernier, contre un repli d'environ 10% pour Cathay Pacific Airways, premier transporteur cargo d'Asie.



A terme, la surcapacité actuelle de fret pourrait également frapper les entreprises du secteur manufacturier spécialisées dans la construction d'avions conçus pour le transport de marchandises.



Le Boeing 777, qui dépend depuis longtemps des acheteurs de fret, constitue un exemple clé : l'appareil a représenté 33% des commandes en 2018, et 65% depuis le début 2019. Le constructeur américain a souligné qu'il comptait maintenant sur les livraisons d'avions cargo pour combler ses écarts de production en 2020, le calendrier de production de son nouveau modèle 777X étant retardé par des problèmes avec les moteurs fournis par General Electric.



Le marché des gros-porteurs commerciaux semble saturé de manière générale. Le 777X se vend difficilement et la compagnie russe Aeroflot a annulé la semaine dernière une commande de 22 appareils 787 Dreamliner.



Une future réduction des rythmes de production des gros porteurs serait une mauvaise nouvelle aussi bien pour Boeing que pour son concurrent européen Airbus. Les deux constructeurs ayant consacré des sommes colossales à la conception de ces avions, ils n'en tireront bénéfice qu'en en produisant beaucoup. Boeing, qui domine le marché des gros porteurs et a déjà réduit la cadence de production de son monocouloir 737 MAX, toujours immobilisé, serait toutefois particulièrement pénalisé. La demande d'avions cargo de la part d'entreprises comme FedEx et UPS maintient par ailleurs la production de son vieillissant 767.



Si le fret n'est généralement pas décisif pour le secteur aérien, il se révèle être, pour l'heure, une charge particulièrement encombrante.



-Jon Sindreu, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



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October 15, 2019 06:17 ET (10:17 GMT)




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