Le ralentissement économique accroît l'attrait de Nestlé et de ses pairs - Plus Inter
18 Octobre 2019 - 11:48AM
Dow Jones News
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les fabricants de plats cuisinés
préemballés sont à nouveau ennuyeux et les investisseurs s'en
félicitent.
Nestlé, le numéro un mondial de l'agroalimentaire, a publié jeudi
une croissance de 3,7% de son chiffre d'affaires sur neuf mois,
hors effets de change et de périmètre. A ce niveau, le groupe
suisse est en passe de réaliser sa meilleure performance annuelle
depuis 2015.
Voilà deux ans, les fabricants de biens de grande consommation,
tels que Procter & Gamble aux Etats-Unis et Nestlé et Unilever
en Europe, étaient en état de siège. De nouveaux rivaux, plus
agiles, leur ravissaient des parts de marché grâce à des marques
commercialisées en ligne et attirant les jeunes générations.
Parallèlelement, des investisseurs activistes exhortaient les
grands du secteur à suivre un régime. La tentative de rachat
d'Unilever par le groupe américain Kraft Heinz au début de 2017
incarnait ainsi l'idée qu'en l'absence de croissance, il était
essentiel de réduire les coûts.
Ces préoccupations se sont estompées à mesure que les
multinationales ont appris les tactiques des perturbateurs et
depuis que Kraft Heinz a été contraint de réduire la valeur
comptable de certaines de ses marques. Les activistes sont toujours
présents - Dan Loeb détient une participation importante au capital
de Nestlé et Nelson Peltz siège au conseil d'administration de
Procter & Gamble - mais ils ne font plus beaucoup de bruit.
Nestlé tiré par ses nouveaux produits, Unilever à la peine aux
USA
Chez Nestlé, la croissance est tirée, entre autres, par les
nouveaux produits de la gamme d'aliments pour animaux Purina et par
l'accord conclu avec Starbucks pour la distribution des cafés de la
marque américain en supermarché. Le groupe suisse utilise désormais
son vaste réseau mondial pour déployer la marque Starbucks dans le
monde entier.
Le maillon faible du portefeuille de Nestlé est l'eau en bouteille,
où ses principales marques comme Nestlé Pure Life, affrontent une
intense concurrence des marques de distributeurs. Le groupe a
annoncé une réorganisation de cette division qui sera désormais
mieux intégrée aux activités du groupe au niveau local.
Pour Unilever, qui a également publié son rapport d'activité jeudi,
le troisième trimestre a été faible, avec une croissance
sous-jacente du chiffre d'affaires de 2,9%, qui peut même être
ramenée à 2,6% si l'on exclut l'effet d'une réforme comptable
flatteuse en Argentine.
Le groupe anglo-néerlandais, qui produit aussi bien les glaces Ben
& Jerry's que le savon Dove, enregistre toujours une forte
croissance dans les marchés émergents, mais il est confronté à des
problèmes de compétitivité aux Etats-Unis dans d'importantes
catégories de produits comme les glaces, la mayonnaise et, depuis
peu, le shampooing. Procter & Gamble, dont les résultats
trimestriels sont attendus la semaine prochaine, se montre à
nouveau offensif dans le segment des soins capillaires après avoir
cédé du terrain à son concurrent européen.
Des valorisations historiquement élévées
Les valeurs de la grande consommation ont fortement progressé cette
année en Bourse. D'une part, le profil de croissance des
entreprises s'est globalement amélioré et, d'autre part, la
croissance mondiale a ralenti, incitant les investisseurs à
privilégier les secteurs considérés comme défensifs. A 22 fois les
bénéfices à venir, l'action Nestlé paraît bon marché face à Procter
& Gamble, qui se négocie à 24 fois les résultats attendus.
Unilever constitue la bonne affaire relative du secteur, avec un
multiple de 20, qui s'explique par l'atonie de ses ventes sur les
marchés développés.
De telles valorisations sont en décalage avec les multiples
historiques des entreprises du secteur, mais les investisseurs
seraient mal avisés de miser sur une baisse de ces valeurs dans un
avenir proche. La menace des nouvelles marques perturbatrices a
permis aux Nestlé et Procter & Gamble de ce monde de cesser de
se reposer sur leurs lauriers et donc de s'améliorer en tant
qu'entreprises. Dans le même temps, les signes de ralentissement de
la croissance mondiale s'accumulent et le scepticisme des
investisseurs envers certaines valeurs technologiques fantaisistes,
comme WeWork, croît.
Dans un tel contexte, le caractère ennuyeux des mastodontes de la
grande consommation pourrait bien continuer d'enthousiasmer les
investisseurs.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck) ed: ECH
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October 18, 2019 05:28 ET (09:28 GMT)
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