LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les fabricants de plats cuisinés préemballés sont à nouveau ennuyeux et les investisseurs s'en félicitent.



Nestlé, le numéro un mondial de l'agroalimentaire, a publié jeudi une croissance de 3,7% de son chiffre d'affaires sur neuf mois, hors effets de change et de périmètre. A ce niveau, le groupe suisse est en passe de réaliser sa meilleure performance annuelle depuis 2015.



Voilà deux ans, les fabricants de biens de grande consommation, tels que Procter & Gamble aux Etats-Unis et Nestlé et Unilever en Europe, étaient en état de siège. De nouveaux rivaux, plus agiles, leur ravissaient des parts de marché grâce à des marques commercialisées en ligne et attirant les jeunes générations. Parallèlelement, des investisseurs activistes exhortaient les grands du secteur à suivre un régime. La tentative de rachat d'Unilever par le groupe américain Kraft Heinz au début de 2017 incarnait ainsi l'idée qu'en l'absence de croissance, il était essentiel de réduire les coûts.



Ces préoccupations se sont estompées à mesure que les multinationales ont appris les tactiques des perturbateurs et depuis que Kraft Heinz a été contraint de réduire la valeur comptable de certaines de ses marques. Les activistes sont toujours présents - Dan Loeb détient une participation importante au capital de Nestlé et Nelson Peltz siège au conseil d'administration de Procter & Gamble - mais ils ne font plus beaucoup de bruit.



Nestlé tiré par ses nouveaux produits, Unilever à la peine aux USA



Chez Nestlé, la croissance est tirée, entre autres, par les nouveaux produits de la gamme d'aliments pour animaux Purina et par l'accord conclu avec Starbucks pour la distribution des cafés de la marque américain en supermarché. Le groupe suisse utilise désormais son vaste réseau mondial pour déployer la marque Starbucks dans le monde entier.



Le maillon faible du portefeuille de Nestlé est l'eau en bouteille, où ses principales marques comme Nestlé Pure Life, affrontent une intense concurrence des marques de distributeurs. Le groupe a annoncé une réorganisation de cette division qui sera désormais mieux intégrée aux activités du groupe au niveau local.



Pour Unilever, qui a également publié son rapport d'activité jeudi, le troisième trimestre a été faible, avec une croissance sous-jacente du chiffre d'affaires de 2,9%, qui peut même être ramenée à 2,6% si l'on exclut l'effet d'une réforme comptable flatteuse en Argentine.



Le groupe anglo-néerlandais, qui produit aussi bien les glaces Ben & Jerry's que le savon Dove, enregistre toujours une forte croissance dans les marchés émergents, mais il est confronté à des problèmes de compétitivité aux Etats-Unis dans d'importantes catégories de produits comme les glaces, la mayonnaise et, depuis peu, le shampooing. Procter & Gamble, dont les résultats trimestriels sont attendus la semaine prochaine, se montre à nouveau offensif dans le segment des soins capillaires après avoir cédé du terrain à son concurrent européen.



Des valorisations historiquement élévées



Les valeurs de la grande consommation ont fortement progressé cette année en Bourse. D'une part, le profil de croissance des entreprises s'est globalement amélioré et, d'autre part, la croissance mondiale a ralenti, incitant les investisseurs à privilégier les secteurs considérés comme défensifs. A 22 fois les bénéfices à venir, l'action Nestlé paraît bon marché face à Procter & Gamble, qui se négocie à 24 fois les résultats attendus. Unilever constitue la bonne affaire relative du secteur, avec un multiple de 20, qui s'explique par l'atonie de ses ventes sur les marchés développés.



De telles valorisations sont en décalage avec les multiples historiques des entreprises du secteur, mais les investisseurs seraient mal avisés de miser sur une baisse de ces valeurs dans un avenir proche. La menace des nouvelles marques perturbatrices a permis aux Nestlé et Procter & Gamble de ce monde de cesser de se reposer sur leurs lauriers et donc de s'améliorer en tant qu'entreprises. Dans le même temps, les signes de ralentissement de la croissance mondiale s'accumulent et le scepticisme des investisseurs envers certaines valeurs technologiques fantaisistes, comme WeWork, croît.



Dans un tel contexte, le caractère ennuyeux des mastodontes de la grande consommation pourrait bien continuer d'enthousiasmer les investisseurs.



-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck) ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



October 18, 2019 05:28 ET (09:28 GMT)




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