Le rebond de la volatilité, une arme à double tranchant pour les banques - DJ Plus
19 Février 2018 - 11:07AM
Dow Jones News
Christine Lejoux,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le rebond de la volatilité sur les marchés
d'actions n'est pas une si bonne nouvelle qu'il y paraît pour les
banques, suivant que l'on considère leurs activités de trading ou
celles de gestion d'actifs.
Après avoir été exceptionnellement faible en 2017, parallèlement au
rally de la Bourse de New York, l'indice CBOE de la volatilité aux
Etats-Unis s'envole de l'ordre de 60% depuis le début de l'année.
Un rebond alimenté par la crainte d'une hausse plus rapide que
prévu de l'inflation, susceptible d'amener la Réserve fédérale à
resserrer sa politique monétaire plus fortement qu'anticipé. Dans
le sillage du VIX, l'indice de la volatilité sur l'Euro Stoxx 50
grimpe de 42% depuis le 1er janvier.
Ce regain de volatilité est bienvenu pour les activités de banque
de financement et d'investissement (BFI), en particulier le
courtage. "Plus il y a de volatilité, plus nos clients ont besoin
des banques pour couvrir leurs opérations", a expliqué Alain
Papiasse, directeur général adjoint de BNP Paribas (BNP.FR), lors
de la présentation des résultats annuels du groupe bancaire
français, le 6 février. La faiblesse de la volatilité l'an dernier
a provoqué une chute de 27,4% des revenus des métiers de "fixed
income" (taux, changes, matières premières) de BNP Paribas, sur le
seul quatrième trimestre.
De son côté, Natixis (KN.FR), la filiale de banque de financement
et d'investissement de BPCE (Banques Populaires Caisses d'Epargne),
a vu le résultat avant impôts de son pôle Banque de grande
clientèle (BFI) plonger de 21%, d'octobre à décembre. En cause,
notamment, la division "Global Markets", qui a souffert d'une
volatilité moindre, laquelle a entraîné un ralentissement de
l'activité des clients dans les segments taux et dérivés
actions.
La volatilité risque de nuire aux performances de la gestion
d'actifs
Egalement très présente dans la gestion d'actifs, Natixis illustre
bien les deux facettes du rebond de la volatilité. "Une volatilité
de marché plus extrême représente une arme à double tranchant pour
les sociétés de gestion d'actifs", soulignent les analystes de
Morgan Stanley, dans une note. Le regain de volatilité risque de
peser sur la collecte de capitaux, voire de se traduire par une
décollecte : non seulement une forte volatilité incitera les
investisseurs à la prudence dans leurs allocations d'actifs, mais
la collecte souffrira également d'un moindre effet de marché
positif. Amundi, la filiale de gestion d'actifs du Crédit Agricole
(ACA.FR), s'est d'ailleurs fixé un objectif prudent d'une collecte
cumulée de 150 milliards d'euros entre 2018 et 2020, avec pour
hypothèse une absence d'effet marché positif.
Le retour de la volatilité représente en outre une menace pour les
commissions de surperformance des gérants d'actifs. Celles-ci sont
appliquées lorsqu'un fonds surperforme un indice déterminé et
s'ajoutent aux frais de gestion annuels.
Or, avec un PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre
d'affaires) de 857 millions d'euros, la gestion d'actifs a
représenté plus du tiers (34,2%) des revenus de Natixis au cours
des trois derniers mois de l'exercice 2017. Des quatre banques
françaises cotées, Natixis est la plus exposée à la gestion
d'actifs, avec Crédit Agricole SA, soulignait récemment Credit
Suisse. Ce qui représentait un avantage par temps de collecte
vigoureuse et de progression des marchés pourrait jouer en défaveur
de ces deux établissements dans un contexte de forte
volatilité.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ;
clejoux@agefi.fr ed : ECH
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