Olivier Pinaud,



L'Agefi





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Jamais une société du DAX 30, l'équivalent du CAC 40 pour la Bourse de Francfort, n'avait connu pareille déchéance. L'annonce jeudi du dépôt de bilan de Wirecard a provoqué un choc terrible. Financier évidemment, mais pas seulement.



Il écorne sérieusement la réputation de la Place financière allemande et de son régulateur, la BaFin, déjà malmenée par le Dieselgate de Volkswagen ou la fraude comptable de Steinhoff, groupe sud-africain mais coté à Francfort.



Incapable d'expliquer le trou de 1,9 milliard d'euros dans son bilan, lâché par son auditeur historique EY, sans direction depuis la démission et le mandat d'arrêt lancé contre son président du directoire, Markus Braun, cerné par la justice, Wirecard n'a aujourd'hui plus aucun soutien. Même ses clients prennent leurs distances.



Le Crédit Agricole, partenaire vitrine du groupe allemand en France, qui promettait début 2018 de "construire l'avenir du commerce numérique" avec Wirecard, a depuis déchanté. "Le développement et le lancement des offres prévues par l'accord commercial ont été suspendus fin 2019, à l'initiative de Crédit Agricole Payment Services, dans l'attente d'une clarification de la situation" du groupe allemand, indique la banque verte.



Même distance du côté d'Orange. La banque mobile de l'opérateur pourrait mettre fin à son partenariat avec Wirecard en août prochain. Ce partenariat permet aux clients d'Orange Bank d'accéder à des services de paiement mobile via Google Pay et Apple Pay. "On avait enclenché une réflexion il y a plusieurs mois pour revoir globalement notre politique. Le sujet Wirecard était embarqué, on avait prévu d'en parler à nos clients en août et on ne change rien à ce calendrier", a déclaré jeudi Paul de Leusse, le directeur général d'Orange Bank.



Les banques, ou les distributeurs, comme Le Printemps, qui utilisaient la technologie de Wirecard, trouveront de nouveaux partenaires. Les concurrents comme Adyen ou Ingenico doivent d'ailleurs être déjà sur les rangs pour remplacer Wirecard. En revanche, les actionnaires et les prêteurs du groupe allemand ne retrouveront probablement pas leurs investissements.



Entre les actionnaires, qui ont vu le cours des actions s'effondrer de 96% en une semaine, soit 11,5 milliards de capitalisation brûlé en six séances, et les prêteurs, qui peuvent probablement faire une croix sur leurs créances, la facture Wirecard s'éleve à 15 milliards d'euros pour les investisseurs et les banques.



Petite exposition pour le Crédit Agricole



Au moment de son dépôt de bilan, et sans préjuger de ce que les enquêtes pourraient encore découvrir, Wirecard portait environ 3,5 milliards d'euros de dette. Ce montant comprend 1,75 milliard d'euros de dette bancaire, répartie entre les mains de 15 banques, dont une petite partie au Crédit Agricole. "L'exposition est très marginale", assure la banque à L'Agefi. En revanche, Commerzbank, ING, ABN Amro et LBBW, le quatuor qui avait arrangé le crédit syndiqué en juin 2018, sont nettement plus exposées.



SoftBank fait également partie des grands perdants. Le conglomérat japonais, décidément peu inspiré ces derniers mois si on ajoute le dossier WeWork, avait intégralement acheté les 900 millions d'euros d'obligations convertibles émises par Wirecard en septembre 2019.



Enfin, également en septembre 2019, Wirecard avait levé 500 millions d'euros sur le marché obligataire, avec une notation "investment grade" accordée par Moody's, et avec l'appui d'un syndicat de sept banques, dont le Crédit Agricole parmi les trois coordinateurs, aux côtés d'ING et de Deutsche Bank. La banque allemande n'a pas eu la main heureuse dans ce dossier : comme le rappelle Alphaville, elle avait pris en gage des actions Wirecard en 2017 en garantie d'un prêt de 150 millions d'euros souscrit par Markus Braun...



Chez les gérants actions, des sociétés très réputées, comme DWS ou Alken Asset Management, comptent également leurs pertes et sont sommées de s'expliquer.



Gros gains sur les CDS



Mais ce scandale n'a pas fait que des perdants. Les vendeurs à découvert qui les premiers avaient alerté sur la comptabilité douteuse de Wirecard ont empoché d'importants gains avec la chute des actions. Le hedge fund new-yorkais Safkhet Capital Management fait partie de ceux-ci.



Mais les plus grands gagnants seront certainement les porteurs de CDS (credit default swaps). Ces assurances contre un défaut sur la dette seront très probablement déclenchés par la procédure de dépôt de bilan. Jeudi soir, le comité de l'Isda, l'association des produits dérivés, ne s'était pas encore prononcé sur le dossier.



-Olivier Pinaud, L'Agefi. ECH



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June 26, 2020 04:53 ET (08:53 GMT)




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